R. N.
La décision d’autoriser à nouveau les Algériens d’importer des véhicules de moins de 3 ans laisse perplexes de nombreux acteurs. C’est le cas de Youcef Nebbache, président de l’Association des concessionnaires automobiles multimarques (ACAM), qui voit que la mesure ne va pas aider les citoyens aux revenus modestes, et réclame de porter l’âge du véhicule à 5 ans. Yazid Benmouhoub, directeur général de la Bourse d’Alger, lui aussi, exprime des craintes que cette mesure n’ait des répercussions sur la valeur du dinar sur le marché parallèle.
Invité dimanche dernier à une émission de la radio nationale chaine 1, Youcef Nebbache a déclaré que la décision d’autoriser l’importation de voitures d’occasion de moins trois ans « ne tenait pas compte du pouvoir d’achat des citoyens qui ont recours, au prix fort, à des devises au marché noir », et qu’il serait « préférable » et dans « l’intérêt des citoyens et du marché » d’étendre l’âge des véhicules à « moins de 5 ans » pour « avoir des prix raisonnables ». Selon lui, cette mesure devrait être accompagnée également par des « tarifs douaniers raisonnables, étant donné que l’Etat ne permet pas l’accès aux devises des banques ». Invité lui aussi à commenter la décision d’autoriser l’importation de véhicules de moins de 3 ans, le DG de la Bourse a soulevé le problème de la valeur du dinar.
Yazid Benmouhoub, a déclaré lundi, lors d’une émission de la radio nationale chaine 3, que cette mesure qui «n’a pas encore été officialisée», va «tout naturellement amener les personnes intéressées à devoir s’adresser au marché parallèle pour pouvoir acquérir des devises», ce qui risque «de voir les monnaies étrangères flamber par rapport à un dinar déjà mal en point». D’ailleurs, selon lui, le marché parallèle de la devise ne reflétait pas la vraie valeur du dinar. Concernant les prix élevés des véhicules montés en Algérie, le DG de la Bourse d’Alger estime que cela est dû à « l’importante marge bénéficiaire » des entreprises concernées. Sur le même sujet, le président de l’ACAM avait relevé, lors de la même émission de dimanche, que les entreprises de montage de véhicules bénéficient de ressources financières pour l’importation de kits estimées 3,7 milliards de dollars par an, pour employer 10.000 travailleurs et produire seulement 180.000 voitures. Alors que sous le régime des importations de véhicules finis, et avec le même montant, les concessionnaires employaient 120.000 travailleurs et importaient 300.000 voitures par an.
Sans compter, a-t-il ajouté, les privilèges et les exemptions de taxes et de droits de douane dont bénéficient les entreprises de montage, des avantages qui n’étaient pas accordés aux concessionnaires automobiles.