La décision du gouvernement de dépoussiérer une vieille disposition réglementant l’importation des véhicules de moins de 3 ans s’apparente plus à un geste populiste de nature à occuper la scène nationale, qu’une décision mesurée et étudiée visant à répondre efficacement aux attentes des citoyens.
Elle annonce néanmoins des mesures drastiques sur l’activité d’assemblage et de ce fait, une pénurie attendue et irréversible des véhicules sur le marché national. Une réduction des montants alloués en devise aux importations des kits est d’ores et déjà prévue pour tenter de contenir le déficit de la balance commerciale de l’Algérie. Si d’aucuns ne trouveraient à redire sur cette décision salutaire pour les finances publiques et éviter à brève échéance la faillite de l’économie nationale, il reste, en revanche, inexpliqué de recourir à une solution de facilité qui aggraverait encore davantage le déséquilibre du pouvoir d’achat de l’Algérien.
Après avoir longtemps et généreusement contribué à l’enrichissement de certains hommes d’affaires triés sur le volet à travers des crédits mirobolants avec assiette foncière, avantages fiscaux et parafiscaux et exonérations douanières et en retour, des prix de véhicules vertigineux et zéro rentrée pour le Trésor public, le gouvernement de Bedoui se retourne vers le citoyen pour lui faire endosser le crash de le pseudo-industrie automobile tant vantée par son principal concepteur, l’ancien ministre Bouchouareb.
Le taux de change parallèle s’enflamme
Si la levée de l’interdiction des importations des véhicules de moins de 3 ans est suggérée par le ministre du Commerce comme alternative à la crise qui s’annonce dans le secteur et aussi comme moyen de pression sur les assembleurs locaux pour baisser les prix de leurs produits, elle est, cependant, loin d’être bénéfique pour le citoyen. Primo, les prix des véhicules de 3 ans d’âge demeurent relativement élevés en Europe, pas moins de 7 à 8 000 euros pour un véhicule de petite cylindrée avec un kilométrage moyen. Deusio, le taux de change de la devise sur le marché parallèle commence déjà à flamber et pourrait, sans aucun doute, avoisiner ou dépasser les 250%. Tertio, les dispositions annoncées et obligeant les citoyens à passer par une banque locale pour le versement du montant de la transaction ajoutent plus de confusion et de complications bureaucratiques, sachant les difficultés déjà enregistrées au niveau de ces établissements pour une simple opération de retrait de l’allocation touristique annuelle. De même qu’on ne manquera pas de relever les restrictions de plus en plus sévères dans la délivrance des visas pour les Algériens.
Au final et en incluant les frais de voyage, d’assurance, de fret et de dédouanement, le prix du véhicule serait équivalent, voire supérieur au même modèle neuf assemblé localement, soit autour de 2 350 000 DA.
L’option des moins de 5 ans mieux appropriée
A l’évidence, l’option des véhicules de moins de 3 ans ne saurait être une alternative raisonnable pour le citoyen. L’étendre à ceux de moins de 5 ans pourrait s’avérer nettement plus bénéfique, avec des prix d’achat pouvant chuter à moins de 50% de la valeur initiale du véhicule. A charge pour les responsables des douanes et des autres départements concernés de prévoir des mécanismes de contrôle pour éviter les situations regrettables vécues précédemment, où le marché algérien s’est transformé en un débouché inespéré pour les voitures anciennes indésirables dans leurs pays d’origine.
D’autres options peuvent être prospectée par le gouvernement, telles que l’imposition à ces assembleurs en herbe une limitation de la gamme montée localement aux seuls modèles à large audience avec un contrôle des prix de vente, dès lors que ces investisseurs bénéficient de toutes les exonérations pendant cinq années.
D’autant que les promotions dépassant parfois les 300 000 DA consenties par ces concessionnaires sur certains modèles et à longueur d’année renseignent aisément sur l’importance des marges bénéficiaires réalisées par les tenants du monopole de l’automobile.
En tout état de cause, la levée de l’interdiction des importations des véhicules de moins de 3 ans ne saurait profiter en définitive au citoyen algérien mais plutôt au marché de l’occasion européen, notamment français qui aura ainsi l’opportunité de se débarrasser de voitures encombrantes.
B. Bellil