Par Walid AÏT SAÏD
Les spécialistes craignent un retour en arrière avec les fameux épisodes ZH, stocks américains et trafics y afférents.
Tentatives d’achat de la paix sociale ou véritable réouverture de l’Algérie au commerce extérieur? C’est la question que se posent les Algériens depuis l’annonce par le ministère du Commerce du retour de l’importation des véhicules de moins de trois ans. En effet, samedi dernier, Saïd Djellab a confirmé ce qui était jusque-là une rumeur. Quelques heures plus tard, des informations ont circulé sur la relance de l’importation des téléphones portables. Ces annonces ont été suivies par l’appel de l’Association algérienne pour la protection et l’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) d’autoriser l’importation de la friperie. Saïd Djellab a-t-il ouvert la boîte de Pandore? Car, si pour les téléphones portables cela reste relativement contrôlé avec l’Autorité de régulation des télécoms algérienne (Arpt) et une importation qui se fera en grande partie par les maisons-mères, ce n’est pas le cas avec les deux autres produits. Les spécialistes craignent un retour en arrière avec les fameux épisodes ZH, stocks américains et trafics y afférents.
Surtout que le premier responsable du commerce a indiqué que l’importation des voitures se fera avec l’argent des citoyens, acheté au niveau du marché parallèle de la devise. Au-delà du fait qu’un commis de l’Etat fait la promotion du marché noir, le fait d’acheter des véhicules au prix du marché parallèle ne sera nullement rentable pour les citoyens. Surtout avec les taxes et les droits de douane qu’il devra payer. On va se retrouver avec des véhicules d’occasion plus chers que les véhicules neufs qui sont, eux, déjà hors de prix! Un petit tour sur Internet pour le constater. À l’exemple de cette C3 Picasso 2017 proposée dans les sites spécialisés à 10.000 euros, c’est plus de 215 millions de centimes, sans compter les droits de douane! Ce qui fait que ce véhicule n’est nullement compétitif. Pour assurer cette fameuse «équation», il faudra donc recourir au…trafic! Et on ne doute pas de l’ingéniosité de certains de nos concitoyens dans ce domaine! Du «talbasse» (transfert de caisse, Ndlr) en passant par le trafic des compteurs et de l’année jusqu’aux voitures volées ou destinées à la casse…C’est autant de risques que va prendre l’Algérie en réouvrant les «vannes».
Que dire alors des produits de la friperie communément appelés «chiffons» qui durant ses années fastes était à l’origine de diverses maladies dermiques, provoquant même des épidémies telles que la gale. Ces vêtements usés avaient aussi été le premier «agresseur» du textile «made in Algeria» avant que les produits chinois ne viennent l’achever. L’Algérie qui aspirait ces dernières années a redonner vie aux vêtements «made in Bladi» avec notamment le mégacomplexe de Relizane, risque de faire avorter cette ambition à l’état embryonnaire. Bonjour le bazar…