Les opérations de réhabilitation des raffineries du groupe Sonatrach, plus longues que prévues, ont été ces dernières années la principale cause
d’un accroissement sensible des importations de carburants de l’Algérie.
En 2009 et en 2010, les achats de carburants à l’extérieur se situaient encore à des niveaux assez modestes. C’est ainsi qu’on avait enregistré en 2009 l’importation de 36 000 t d’essence et de 576 000 t de gasoil. En 2010, les achats de carburants à l’étranger étaient même en baisse, et l’Algérie avait importé seulement 376 000 t de gasoil. Changement de décor complet à partir de 2011. Cette année-là, les importations du pays passent brutalement à 2,3 millions de tonnes représentant une facture de 2 milliards de dollars. Une croissance sensible des importations confirmée en 2012, année au cours de laquelle Sonatrach importera de nouveau 2,5 millions de tonnes de carburants dont 2 millions de tonnes de gasoil, et 500 000 t d’essence. La facture pour 2012 gonfle alors sensiblement et grimpe à 2,8 milliards de dollars.
Une facture record en 2013
Un sommet sera atteint en 2013. L’Algérie a acheté cette année-là des quantités de gasoil d’une valeur de 2,24 milliards de dollars, tandis que les importations d’essence se sont chiffrées à 1,2 milliard de dollars pour un volume d’un million de tonnes. Soit au total une facture record de près de près de 3 milliards et demi de dollars. Les statistiques des Douanes renseignent sur le détail des fournisseurs de notre pays pour l’année 2013. La Russie vient largement en tête de la liste des fournisseurs en gasoil, avec des ventes estimées à 666 millions de dollars, suivie de la Libye pour 316 millions de dollars et des états-Unis qui, malgré l’éloignement, a vendu à l’Algérie pour 207 millions de dollars de gasoil. S’agissant des importations d’essence, l’Italie est le principal pourvoyeur de l’Algérie avec des livraisons de 515 000 t pour une enveloppe de 526 millions de dollars. En 2014, les importations de carburants et de lubrifiants ont atteint 2 milliards de dollars. En 2015, selon Sonatrach, l’Algérie n’importerait plus de carburants.
Une forte croissance de la demande
Si le recours massif aux importations entre 2011 et 2013 s’explique principalement par la nécessité de combler le déficit créé par les arrêts pour entretien et rénovation des raffineries d’Alger, Skikda et Arzew, il est également à noter que la consommation du gasoil, carburant fortement prisé en raison de son prix très bas et pour ses utilisations multiples dans l’industrie et l’agriculture, a été dopée également par une croissance spectaculaire du parc automobile qui est passé de 2,9 à 5,5 millions de véhicules durant la période 2005-2013.
Le déficit a été causé en outre, faut-il le rappeler, par un vaste trafic de carburant aux frontières de l’Algérie, un phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années.