La justice russe a prononcé, mercredi 2 octobre, de premières inculpations pour « piraterie », à l’encontre des trente militants de Greenpeace arrêtés après une action de ces derniers contre une plateforme pétrolière située dans l’Arctique.
L’association écologiste a annoncé vers la mi-journée que cinq militants – le vidéaste britannique Kieron Bryan, la Brésilienne Ana Paula Alminhana Maciel, le Suédo-Américain d’origine russe Dmitri Litvinov, la Finlandaise Sini Saarela et le Russe Roman Dolgov – avaient été inculpés de « piraterie en bande organisée », un crime passible de quinze ans de prison.
« Les inculpations de piraterie ne sont pas fondées et ne s’appuient sur aucune preuve », a déclaré Irina Issakova, avocate de Greenpeace, citée dans un communiqué de l’ONG. Elle a indiqué que l’ONG avait l’intention de porter plainte contre les « actions illégales des enquêteurs et des organes judiciaires », affirmant notamment que plusieurs irrégularités, notamment lors de l’arrestation des militants, avaient eu lieu dans cette affaire.
UNE DÉCISION POUR « INTIMIDER » GREENPEACE
Kumi Naidoo, directeur exécutif de Greenpeace International, a dénoncé une décision « irrationnelle, destinée à intimider et à réduire au silence » l’organisation. Il a aussi estimé qu’il s’agissait de la « menace la plus sérieuse » contre l’activité« pacifique » de l’association depuis l’épisode du Rainbow-Warrior, coulé en 1985 dans le port d’Auckland par les services secrets français alors qu’il faisait campagne contre les essais nucléaires menés en Polynésie. « Trois décennies plus tard, les militants de l’Artic-Sunrise se sont élevés contre l’industrie pétrolière, et ils risquent maintenant une longue peine dans une prison russe », a-t-il ajouté, lançant un appel à l’opinion publique mondiale pour qu’elle réclame la libération des militants.
Ces derniers, parmi lesquels figurent quatre Russes et 26 ressortissants originaires de 17 autres pays – dont six Britanniques, deux Canadiens, un Américain et un Français – ont été placés en détention à Mourmansk et dans sa région, à la suite de l’arraisonnement le 19 septembre en mer de Barents de leur navire, l’Arctic-Sunrise, par un commando héliporté des gardes-côtes russes. Auparavant, plusieurs d’entre eux avaient tenté d’escalader une plateforme pétrolière du géant russe Gazprom pour en dénoncer le risque écologique.
Le comité d’enquête russe avait alors indiqué avoir ouvert une enquête pour piraterie. Les militants ont nié ces accusations, et accusé la Russie d’avoir pris illégalement d’assaut leur bateau dans les eaux internationales.
Le président russe Vladimir Poutine a, de son côté, reconnu que les militants« n’étaient pas des pirates », mais il a souligné qu’ils avaient « enfreint le droit international ». Après ces déclarations, le comité d’enquête avait indiqué que les accusations pourraient être réduites pendant l’enquête.
Parmi les personnes emprisonnées figure notamment le capitaine de l’Arctic-Sunrise, l’Américain Peter Willcox, qui commandait en 1985 le Rainbow-Warrior.