Indisponibilité de la main-d’œuvre qualifiée: Des enfants forçats sur les chantiers de Tébessa

Indisponibilité de la main-d’œuvre qualifiée: Des enfants forçats sur les chantiers de Tébessa

Les enfants en bas âge, des collégiens et même des lycéens issus des milieux défavorisés et qui ont fraîchement déserté l’école, sont devenus des cibles privilégiées des gros bonnets de la région, après leur utilisation dans la contrebande de carburant, aujourd’hui, profitant de l’indisponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée en travaux de construction de bâtiment et de villas d’excellence, et l’absence quasi totale de structures de contrôle censées protéger l’enfant ou qui affichent un désintéressement flagrant vis-à-vis de ce phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années dans la wilaya de Tébessa.

Les fortunés sans scrupules chercheurs de gain facile, en violation de toutes les lois interdisant l’exploitation et l’exposition des enfants aux activités dangereuses, continuent de les utiliser dans les travaux forcés du bâtiment. «Nous sommes sortis tôt le matin, nous avons une dalle à couler chez un propriétaire privé, nous devons être à l’heure, à 5 heures, sinon, nous serons directement remplacés, aussi nous parcourons jusqu’à deux kilomètres pour arriver au café du coin, appelé communément Café des manœuvres (Kahouet El Manofria), un véritable mercato de la main-d’œuvre juvénile, ce petit coin est très sollicité par les magnats pécuniaires qui viennent récupérer des enfants dans leurs voitures de luxe pour le compte de leurs chantiers dont le cahier des charges est très juteux.

Ces petits manœuvres sont contraints d’accepter n’importe quelle offre pour subvenir aux besoins surtout de la famille (la smala) confient Billel et ses deux petits cousins Ali et Ramzi, âgés respectivement de 14 et 16 ans qui ont quitté l’école en 2015». En réalité, ça ne chôme pas pour ces petits forçats du 21e siècle exploités dans les chantiers et les villas d’excellence. Nos sources ont fait révéler, qu’un tiers des manœuvres utilisés illégalement dans les chantiers de bâtiment et des constructions privées sont des enfants dont l’âge varie entre 13 et 17 ans, ils sont embauchés selon leur corpulence physique, les chétifs aux corps frêles sont out,ils sont payés au prorata des heures accomplies soit 1 200 DA la journée pour les manœuvres de chantier, tandis que les autres utilisés comme aide-coffreur et aide-maçon perçoivent jusqu’à 2000 DA la journée, soit le salaire plafonné d’un cadre moyen de la Fonction publique.

L’enfant au lieu d’être en vacances et pris en charge par ses parents qui sont les premiers coupables, et les structures ayant pour mission la lutte contre le travail des enfants, il est perpétuellement exploité et soumis à des travaux comportant des dangers susceptibles de nuire à son développement moral et surtout physique et aussi de compromettre son éducation qui est un droit constitutionnel.

Notons que devant cette situation alarmante, des associations locales bénévoles excédées par le silence coupable des institutions précitées lancent un appel de détresse aux autorités locales non conscientes des dangers auxquels sont exposés ces enfants forçats et les conséquences qui en découlent.

Hafid Maâllem