L’usine d’assemblage de véhicules Renault en Algérie s’achemine vers la cessation de ses activités dès le début du mois d’octobre prochain. Selon des indiscrétions, cette fermeture devait en réalité intervenir au cours du mois d’août écoulé, mais elle a été décalée pour permettre aux travailleurs de partir en congé et de se préparer pour la rentrée sociale et scolaire dans des conditions sereines.
Aujourd’hui, cette fermeture est plus qu’inévitable. Et pour cause, le quota de kits SKD, attribué par le gouvernement à Renault Algérie Production pour l’exercice 2019, d’une valeur de 660 millions de dollars, sera entièrement consommé d’ici quelques jours. Une cadence de production ralentie à dessein pour reporter au plus loin cette échéance et maintenir autant que faire se peut en activité la pionnière des unités d’assemblage de véhicules en Algérie.
Le volume global de production de l’usine pour l’année en cours, serait de plus de 40 000 unités.
Un début d’intégration locale
L’usine RAP domiciliée à Oued Tlélat près d’Oran, créée dans le cadre d’une joint-venture entre le groupe Renault (49%), la SNVI (34%) et le Fonds national d’investissement (FNI, 17%), a été, rappelons-le, inaugurée en grande pompe par le Pdg du groupe français de l’époque, Carlos Ghosn, et l’ancien ministre de l’Industrie, Bouchouareb, principal promoteur de la fameuse politique de développement d’une filière mécanique dans notre pays.
Dès son lancement, l’usine s’était inscrite dans un processus technique d’assemblage devant mener au terme de la troisième d’année à un niveau d’intégration conforme aux exigences du cahier de charges de l’industrie automobile élaboré par ce même Bouchouareb. Une dizaine de pièces et de composants fabriqués localement dans la périphérie de l’usine (sièges, joints d’étanchéité et autres pièces en plastique), ont pu être intégrés au fur et à mesure de la montée en cadence, dans le montage des véhicules Renault et Dacia sous le label «made in bladi».
De nouvelles activités majeures en attente d’agrément
Trois années après son début d’activité, soit le 12 septembre 2017, l’usine réalisait une performance symbolique et importante, celle de fêter la 100 000e voiture produite sur le site.
A partir de la 4e année, RAP projetait, dans le cadre de la seconde phase de développement de l’usine, d’intégrer de nouvelles activités majeures dans l’usinage automobile, en l’occurrence, la soudure par robotisation et la peinture. Des étapes importantes dans le transfert technologique et l’évolution tant souhaitée vers le montage en CKD. Ce projet n’a hélas jamais obtenu l’aval des autorités concernées, au moment où des agréments et des crédits exceptionnels ont été accordés à des projets mirobolants, remis en cause aujourd’hui par la justice.
Autre particularité de cette usine, et pas des moindres, c’est sa gamme de produits proposés aux clients algériens et qui se limite, 5 années après, à seulement 3 modèles, Renault Symbol, Clio 4 et Dacia Sandero Stepway. Une limitation qui se justifie par le processus d’assemblage adopté par l’usine et le nombre de chaines de production installées qui ne permettent pas techniquement de diversifier l’offre produit. D’ailleurs, il faut rappeler que l’historique de production de l’usine laisse apparaître que le premier véhicule monté était la Renault Symbol en 2014, suivie de Dacia Sandero Stepway en 2016 et la Clio 4 en 2018.
Diversification de l’offre incompatible avec un processus d’intégration
Des écarts importants dans le calendrier de développement, qui renseignent sur la complexité d’une véritable activité d’assemblage automobile, nécessitant à chaque intégration d’un nouveau modèle de nouveaux investissements industriels spécialement dédiés et de formations spécifiques pour le de personnel affecté à cette nouvelle chaine.
Et quand on sait que chez les autres assembleurs, les gammes locales atteignaient jusqu’à 15 modèles différents y compris du haut de gamme, le doute ne peut que se renforcer sur les modes de production adoptés.
Ceci étant, la fermeture pour épuisement de kits de l’usine Renault revêt un caractère symbolique, dès lors qu’elle est la pionnière dans le domaine et surtout la seule à faire un effort qualitatif et apporter une contribution avérée à travers l’expertise et l’expérience du groupe dans la perspective de développement d’une industrie automobile en Algérie. D’autant que l’Etat reste l’actionnaire majoritaire.
B. Bellil