Industrie: Sonatrach va se lancer dans la sous-traitance automobile

Industrie: Sonatrach va se lancer dans la sous-traitance automobile

La compagnie table sur la déshydrogénation du propane qui permet de produire du propylène, plastique utilisé par de nombreuses industries, dont l’automobile, et de fabriquer des composants de l’habitacle des véhicules.

La compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, envisage de se lancer dans l’industrie de la sous-traitance automobile, apprend-on de sources sûres. Et, l’attelage peut être monté au complexe pétrochimique de déshydrogénation du propane et de production de polypropylène, en projet à Arzew. Le complexe est le fruit d’un partenariat entre la compagnie nationale et Total.

Début octobre dernier, les deux associés ont créé une société commune dénommée Sonatrach Total Entreprise Polymère (Step), détenue à 51% par Sonatrach et à 49% par Total. Elle est chargée de construire et de gérer le complexe en question. Le projet implique un investissement de l’ordre de 1,4 milliard de dollars. La capacité de production sera de 550 000 tonnes par an, que STEP va commercialiser. Sonatrach fournira annuellement, à partir des installations de gaz de pétrole liquéfié à Arzew, les 640 000 tonnes de propane nécessaires au projet. Techniquement parlant, c’est la déshydrogénation du propane qui permet de produire du propylène, plastique utilisé par de nombreuses industries dont l’automobile, et de fabriquer des composants de l’habitacle des véhicules, souligne notre source. Actuellement, l’Algérie importe 100% de ses besoins en polypropylène. La compagnie nationale des hydrocarbures a également noté dans ses tablettes la construction d’une usine de fabrication de pneumatiques.

C’est, ajoute-t-elle, tout à fait faisable et les retombées seront favorables, Sonatrach étant présente dans un réseau de distribution de produits pétroliers assez dense à travers sa filiale Naftal. Mais avec quel partenaire va-t-elle collaborer pour réaliser un tel projet ? Notre source s’est gardée d’en dire davantage. Sonatrach compte ainsi mettre en place un écosystème qui soit en mesure de tirer vers le haut la sous-traitance industrielle. Elle entend garder deux fers au feu : elle veut être activement impliquée dans le développement et la fabrication de produits en sous-traitance pour des clients opérant dans le secteur automobile, et assurer une meilleure maîtrise des frais généraux relatifs à l’industrie pétrolière et gazière grâce à la sous-traitance locale. Du reste, la compagnie nationale a établi une stratégie visant à promouvoir et à intégrer le contenu local dans ses plans de développement de manière à porter en 2030 le taux d’intégration industriel national à 55%.

Un objectif réalisable ? Pour l’atteindre, Sonatrach fait appel aux entreprises algériennes pour saisir les opportunités d’investissement qu’offre son plan de développement et s’impliquer fortement dans la réalisation des projets porteurs d’amélioration du niveau d’intégration industrielle nationale. Kamel Agsous, président de la coordination nationale des bourses de sous-traitance, présent à une rencontre sur le développement de la sous-traitance organisée hier par la Confédération des industriels et des producteurs algérien (Cipa) à Alger, a relevé que cet objectif sera particulièrement ambitieux. Et s’il est réalisé, cela, a-t-il poursuivi, va permettre à Sonatrach de faire des économies de l’ordre de 14 milliards de dollars. M. Agsous a cependant estimé qu’au rythme actuel de production automobile, il serait illusoire de prétendre porter le volume de fabrication à 500 000 unités à l’horizon 2021, comme projeté par les pouvoirs publics.

Youcef Salami