Tandis que la date exacte de la rentrée scolaire en Algérie reste à déterminer, l’effervescence liée à l’achat des fournitures scolaires est déjà en cours. Chaque matin, la place des Martyrs à Alger se transforme en un marché animé où parents et enfants cherchent à compléter leur liste de fournitures. Cartables, trousses, cahiers, tout y est. Cependant, une inquiétude plane sur les visages des parents : l’escalade des prix. Ce phénomène, ainsi que les témoignages des parents concernés, ont été initialement mis en lumière par Le Monde.
Selon les informations rapportées par Le Monde, l’inflation en Algérie a atteint un niveau notable de 9,3 % dès janvier 2023. L’association Piété et bienfaisance, engagée dans la collecte de fournitures pour les enfants défavorisés, estime que le coût d’un cartable bien garni avoisine les 7 000 dinars algériens, soit un peu plus d’un quart du salaire minimum en vigueur, fixé à 20 000 dinars.
« Il est impossible de tout acheter à la fois. On se prépare sur les trois mois d’été, en étalant les dépenses. On prend un cahier par-ci, une trousse par-là et on les cache. Pour ce qui est des cartables, je ne les renouvelle pas chaque année », détaille Widad, mère de trois filles en âge scolaire.
L’impact économique sur les familles algériennes
La conjoncture économique actuelle pèse lourdement sur les budgets des familles algériennes. Pour illustrer, Widad a dû s’inscrire à l’allocation-chômage afin d’apporter un soutien financier à son mari, un entrepreneur du secteur du bâtiment frappé par la crise du Covid-19.
La prime d’indemnisation, lancée en 2021 a pour but d’assurer un revenu stable aux diplômés sans emploi. Néanmoins, les 15 000 dinars versés mensuellement sont loin de couvrir les frais de scolarité des trois enfants de la famille.
« Je ne leur achète même plus des nouveaux habits comme c’était le cas il y a quelques années pour la rentrée. Désormais, je recycle les vêtements achetés lors des fêtes de l’Aid ou d’autres occasions », regrette Widad.
Analyse économique et mesures gouvernementales
La hausse des prix s’inscrit dans un contexte économique plus large, marqué par une forte dépendance aux importations et une monnaie nationale en perte de valeur.
« Nous importons près de 40 milliards de dollars par an, ce qui se répercute sur les prix nationaux et donc sur le pouvoir d’achat. Et il faut ajouter à cela la dépréciation du dinar face aux devises étrangères », explique Brahim Guendouzi, économiste.
Pour atténuer l’impact de cette inflation sur les ménages, le gouvernement a organisé des foires commerciales spécialisées dans la vente de fournitures scolaires à des tarifs plus abordables. Le ministère de l’Éducation a également standardisé la liste des fournitures pour les différents cycles éducatifs, dans le but d’alléger la charge financière qui pèse sur les familles.