Par Mohamed TOUATI
Les mesures annoncées en grande pompe par le nouveau ministre de l’Agriculture pour éviter une flambée des prix ont incontestablement fait chou blanc.
Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche aurait sans doute mieux fait de se taire. Sa promesse, d’il y a à peine une semaine, qui devait contrer la traditionnelle flambée des prix, particulière au mois sacré, est partie en fumée. «Nous allons travailler avec les services du ministère du Commerce afin de garantir l’abondance des produits agricoles, notamment les viandes rouges et blanches sur le marché tout en empêchant la flambée des prix durant ce mois sacré», avait affirmé le 30 avril Chérif Omari en marge d’une rencontre avec les responsables des inspections vétérinaires des 48 wilayas et les représentants des laboratoires de contrôle sanitaire.
Un petit tour au marché suffit à se rendre compte que la mercuriale est en folie. Les prix référentiels des fruits et légumes de large consommation théoriquement appliqués depuis dimanche ont été largement transgressés. A titre d’exemple, la tomate dont le prix du kilogramme a été fixé entre 90 et 110 DA s’est vendu entre 140 et 160 DA. Celui de la pomme de terre annoncé à 50 DA a atteint 70 DA…Rien n’a changé. Le mois de Ramadhan demeurera le mois où le pouvoir d’achat des Algériens, déjà bien malmené, souffre le plus. Tous les ans à l’approche de cet événement, c’est la même rengaine. On attend toujours que cette armée fantomatique se manifeste pour réprimer les hors-la-loi. Le secteur de l’informel et son bras armé -les spéculateurs- ont mis en échec toute la stratégie et le dispositif concocté par les ministres de l’Agriculture et du Commerce pour les neutraliser. Un échec sur toute la ligne. Retentissant, mais attendu. Pourquoi? Pour la simple et bonne raison que plus aucun Algérien ne croit aux discours qu’ils tiennent depuis de nombreuses années alors que les moyens utilisés pour mener bataille contre ceux qui contrôlent ce créneau juteux ont montré leurs limites. Ils sont dérisoires et inappropriés.
Chaque année à l’approche du mois sacré ce sont les mêmes propos qui sont servis pour faire croire que les dispositions qui seront appliquées prises, auront raison d’une hausse des prix enracinée et que n’explique que l’appât du gain. Quels sont ces moyens mis en oeuvre pour faire échec à la spéculation? Les départements chargés de gérer cette flambée des prix sans précédent sont-ils dotés d’instruments de contrôle et de régulation efficaces? Théoriquement, oui. Sur le terrain, le citoyen n’en récolte pas les fruits. Les opérations de contrôle ne sont suivies d’aucun effet. Que se passe-t-il alors? Les citoyens se posent la question. Ils la ressassent même. Ils ne comprennent rien. On a l’impression que tout marche sur la tête. On se sent seul. Désarmé. Sans protection. La faute à qui? La spéculation, la corruption? Où sont passés les pouvoirs publics, les mécanismes de contrôle et de régulation des prix des produits de consommation? A qui s’adresser dans ces cas-là? A l’association de la protection des consommateurs? Elle n’existe que par le nom.
Le démantèlement des marchés informels, claironné par les pouvoirs publics pour contrer les spéculateurs et contenir la flambée des prix, a fait preuve d’une inefficacité flagrante. Flambée des prix-érosion du pouvoir d’achat. Un couple infernal qui a mis à mal le porte-monnaie de la ménagère. Une autre préoccupation dont se seraient volontiers passés nos concitoyens en cette période de grande incertitude politique que traverse le pays. Un flop pour un gouvernement fortement décrié par le Hirak qui réclame la tête du Premier ministre. Le mois sacré, synonyme de perte du pouvoir d’achat, qui n’en est qu’à ses débuts devrait attiser cette revendication…