ALGER – La moudjahida et ancienne condamnée à mort lors de la Guerre de libération nationale, Zina Harraïgue, décédée samedi à Alger, à l’âge de 82 ans, suite à une longue maladie, a été inhumée dimanche après-midi au cimetière d’El Alia.
L’enterrement s’est déroulé après la prière du Dohr, en présence notamment de personnalités politiques et historiques et de citoyens venus lui rendre un dernier hommage.
Pour l’ancien responsable de la fédération de France du Front de libération nationale (FLN), Ali Haroun, la moudjahida était une « très grande » militante, qui a fait partie de l’Organisation spéciale de la wilaya 7 historique (fédération de France), où elle était agent de liaison et chargée des actions militaires urbaines opérationnelles.
« Lorsqu’elle avait été arrêtée, on avait trouvé chez elle un véritable arsenal de guerre et la liste des policiers français qui étaient des tortionnaires », a-t-il dit.
Pour M. Haroun, l’ancienne condamnée à mort était parmi les femmes qui avaient fait quelque chose « d’unique » dans les annales de la Révolution algérienne, car elle s’était, avec cinq de ses camarades, évadée de la prison de la Roquette, relevant que cette évasion avait marqué l’histoire, parce qu’on « s’est rendu compte que la femme algérienne était active dans la Révolution ».
De son côté, l’historien Dahou Djerbal estime que 1957 est l’année qui voit la mise en place de l’Organisation spéciale de la fédération de France du FLN (dorénavant OS.FFFLN). Zina Harraïgue y est intégrée.
Elle subit les mêmes tests et les mêmes épreuves que les militants hommes qui ont été sélectionnés pour en faire partie.
Il a ajouté que la sphère de ses missions s’élargissait, le réseau des liaisons s’étendait à tout le territoire français et c’était à elle, entre autres, que revenait la lourde charge du transport de l’argent entre Lyon et Paris ainsi que celui des armes dans le sens inverse.
Elle devient le contact principal de la wilaya du Sud avec la direction de la fédération et rencontre toute la nomenclature de la FFFLN : Boudaoud, Bouaziz, Kebaïli, Manaa, Benadouda.
Pour lui, c’est durant la période 1959-1960, l’une des plus terribles de la bataille menée par le FLN en France, que Zina est arrêtée avec 3 valises bourrées d’armes et des photos de policiers.
Après un interrogatoire de 5 jours presque sans manger ni boire, elle est transférée à La Roquette d’où elle s’évade. Il s’agit de la première grande évasion et l’une des plus spectaculaires de l’histoire de la Révolution algérienne.
Pour sa part, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), a présenté ses condoléances à la famille de la défunte, priant le Tout Puissant pour qu’il l’accueille dans son vaste paradis.
Epouse de Dr Amar Benadouda, également moudjahid et militant de la cause nationale, Zina Harraïgue est née le 11 avril 1934 à Bejaia.
La défunte, qui a vu le jour dans une famille de révolutionnaires, a grandi à Sétif où elle a vécu les massacres du 8 mai 1945 perpétrés par l’occupation française.
Elle s’est rendue par la suite à Saint Etienne, en France, où elle devient déléguée syndicale des ouvriers algériens de l’usine où elle travaillait comme ouvrière à la chaîne.
En intégrant la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN), Zina Harraïgue devient une militante très active, avec son frère Omar.
Elle était d’abord un agent de liaison entre les villes de Saint-Etienne et Paris, transportant des bombes et de l’argent, notamment.
Zina Harraïgue a milité, ainsi, de 1957 et jusqu’en mai 1960 où elle a été arrêtée avec cinq autres militantes. Mais en février 1961, elle a réussi à s’évader de la prison de La Roquette à Paris pour rejoindre ensuite le Maroc. Elle y restera une année avant de revenir au pays en 1962.