Un nouveau rebondissement vient secouer le procès du gang de Sidi Salem à Annaba, une affaire qui a marqué les esprits par son audace et sa violence.
Le juge de la cour criminelle du tribunal de première instance de Annaba a décidé de reporter le verdict, après des heures de débats houleux avec les accusés, leurs avocats et la cour.
Cette décision intervient alors que la bande, dirigée par les frères « Daadaouaa » et «El Cheiba», est accusée d’une série d’actes de violence, notamment l’attaque à main armée du commissariat de police de Sidi Salem en mai 2022.
Cette attaque a été menée à l’aide de diverses armes, telles que des épées, des fusils de chasse et des pistolets, dans le but précis d’aider le chef de la bande à s’échapper de l’intérieur du siège de la sécurité (ce dernier, rappelons-le, avait été placé en garde à vue suite à une plainte déposée par son épouse, qui l’accusait de violences conjugales).
Près d’une centaine de membres de ce groupe ont été arrêtés dans le cadre de cette affaire.
Le point de discorde lors de cette audience ? Le refus catégorique des accusés de participer à la procédure par visioconférence, via la plateforme Skype. Ils ont exigé une audience physique, arguant que leurs droits de la défense seraient bafoués autrement.
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« Daadaouaa », le cerveau présumé de la bande, incarcéré à la prison de Bouira, a notamment insisté sur son droit à confronter directement les témoins et les victimes. Il a été soutenu en cela par ses co-accusés et leurs avocats.
Lancée il y a cinq ans par le ministère de la Justice, la médiation judiciaire s’est imposée comme une pratique courante dans l’ensemble des tribunaux du pays. Loin de susciter la moindre réserve, elle est perçue comme un véritable atout pour le bon fonctionnement de la justice, tout en garantissant les droits de tous.
Notons que cette bande est une organisation criminelle structurée et hautement organisée, inspirée des codes de la série turque “El Hofra”. Ses membres se sont livrés à de nombreuses activités illégales : trafic de drogue, d’armes, extorsions, agressions… Leur influence s’étendait sur tout le quartier de Sidi Salem, où ils imposaient leur loi.
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L’attaque du commissariat de Sidi Salem a marqué un tournant. Elle a mis en lumière la dangerosité de cette bande et a déclenché une vaste opération de police qui a permis d’interpeller une grande partie de ses membres.
Le mystère du gang El Hofra de Sidi Salem : Entre fiction et réalité
Les motivations derrière le refus collectif des accusés d’assister à leur procès à distance, malgré toutes les garanties légales, demeurent une énigme. Ce choix délibéré soulève de nombreuses interrogations sur la psychologie de ces individus et sur les liens étroits qui les unissent.
Ses membres sont très influencé par la célèbre série turque « El Hofra ». Les rôles au sein du gang, les stratégies élaborées et les opérations menées portent la marque de cette influence. De la protection du territoire aux activités illégales, les membres de cette bande ont reproduit à leur échelle le scénario de la série, transformant leur quartier en véritable fief.
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Après des années de règne sans partage, le gang de Sidi Salem a commencé à décliner. Les arrestations successives de ses membres les plus influents, notamment « Daadaouaa » et « Foufou», impliqués dans l’attaque du commissariat de Sidi Salem, ont porté un coup dur à l’organisation.
Les nombreuses affaires de trafic de drogue, d’agressions et de tentatives de meurtre ont également contribué à sa chute.
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L’affaire du gang de Sidi Salem soulève des questions fondamentales sur l’impact de la culture populaire sur le comportement des individus. Comment une série télévisée peut-elle inspirer la création d’une organisation criminelle aussi structurée ? Quels sont les mécanismes psychologiques qui poussent des jeunes à s’identifier à des personnages de fiction et à commettre des actes de violence ? Autant de questions qui méritent d’être approfondies.
L’affaire du gang de Sidi Salem a suscité de vives réactions au sein de la société. Certains voient dans ces jeunes des victimes d’un système défaillant, tandis que d’autres les considèrent comme de simples criminels. Une chose est sûre, cette affaire marquera durablement les esprits et interrogera longtemps sur les limites entre fiction et réalité.