Intempéries : Furie des eaux à Constantine

Intempéries : Furie des eaux à Constantine

La journée d’hier mercredi a été consacrée par le wali de Constantine à la situation de la wilaya aux nombreux lendemains des intempéries. C’est que l’automne et ses pluies, même si on est toujours en été, précoces cette année, ont déjà causé beaucoup de dégâts. Des dizaines de commerces et de logements situés au bas des habitations ont déjà fait les frais de la furie des eaux.

Rien qu’à la cité Loucif, plusieurs magasins ont été sérieusement endommagés lors des premiers orages de saison. Sidi Mabrouk, Boussouf, et surtout la vieille ville ont aussi payé le tribut annuel à la vindicte naturelle. Malheureusement, le tribut a aussi concerné des vies humaines, une personne qui a été emportée par les eaux d’un oued, alors qu’elle le traversait, imprudemment, pour rejoindre son logis situé à la cité Benchergui. La première victime cette année, un homme de 54 ans qui rejoint la liste des décés enregistrés chaque année à l’occasion des orages déclarés et constatés dès le mois d’août. L’année passée, Constantine a aussi perdu deux de ses enfants quand l’oued de « Kantoli » avait englouti les malheureuses victimes qui se croyaient pourtant à l’abri dans leurs voitures. Il y a deux ans, ce sont quatre victimes qui ont été déplorées au niveau des alentours de la nouvelle ville Ali Mendjeli. Autant de victimes, d’avertissements et de leçons qui n’ont jamais été retenus. 128 personnes des différents secteurs concernés par les dégâts des intempéries ont été dépêchés par le wali en personne pour aller déboucher encore une fois les conduits d’égoûts et les collecteurs d’eaux usées qui restent bouchés à chaque averse. Les coupables sont tout de suite désignés : les sols charriés par la puissance des eaux et les détritus éparpillés ans la nature qui se concentrent dans les torrents occasionnés par les pluies torrentielles. La commune, quant à elle, de même que la très impopulaire Seaco, se posent en victimes à chaque orage, oubliant au passage que les collecteurs et égouts ont fait leurs temps, et que les ouvriers chargés de les entretenir sont affichés à chaque fois aux abonnés absents. Ils ne sont remarqués à l’ouvrage que lors du « day after». Mais selon un spécialiste de l’évacuation des eaux, exerçant à la direction de l’hydraulique à Constantine, il y a péril dans la demeure depuis des années. « Il y a eu la catastrophe de Bab El Oued à Alger en novembre 2001, et sa cohorte de décès et de destructions majeures de biens publiques et privés.

Bab El Oued, bis repetita ?
Une leçon pour nous, douloureuse, mais une leçon. Pourtant, on reproduit les mêmes causes pour avoir les mêmes effets. J’ai toujours posé une question aux différents ministres que j’ai rencontrés, et aux responsables du
secteur : est-ce-que les conduits des égouts de 45 cm sont-ils encore fonctionnels ? Est-ce-que les conduits d’évacuation d’une ville en bord de mer et une ville de l’intérieur doivent être de la même dimension ? Est-ce qu’une ville comme Illizi et une agglomération comme Alger ou Constantine doivent avoir la même politique d’évacuation des eaux pluviales ? Evidemment, la réponse est non à toutes les interrogations. Le diamètre des conduits doit être revu à la hausse, et adapté à la spécificité de chaque ville. La catastrophe de Bab El Oued va encore se reproduire avec les mêmes causes et effets. Elle portera tout simplement un autre nom. Notre spécialiste, « un paria » comme il se définit par rapport au ministère des Ressources en eaux, nous prédira encore des catastrophes qui ne sont autres que les filles de l’incompétence du laisser-faire et laisser-aller des différentes administrations
à travers le territoire national. «La wilaya de Ghardaïa est menacée ; celle de Tébessa
aussi ; Tiaret et Constantine sont aussi de la liste, sans oublier Annaba où la Protection civile s’est doté de hors-bords pour se déplacer dans les rues de la ville après chaque orage dramatique. Toutes ces wilayas ont des villes construites en pente ou plus grave comme c’est le cas de plusieurs cités du Sud ou de Tébessa, ont été édifiées sur des lits de rivières sèches ou asséchées. La question maintenant qu’on se pose n’est pas celle relative à la possible catastrophe naturelle des orages violents, mais quand cela va se produire et se reproduire ». Un constat livré sans ambages par un des spécialistes des catastrophes naturelles, qu’on connait, mais qu’aucune autorité ne reconnait. Et pendant ce temps-là, le wali de Constantine, et probablement ceux d’autres wilayas sont encore en réunion…