A la veille de la tenue du 28e sommet de l’Union Africaine prévue les 30 et 31 janvier à Addis-Abeba (Ethiopie), toute l’attention est retenue par un seul sujet : Le Maroc sera-t-il réintégré au sein de l’institution ? Un débat sans fin a été lancé à propos de cette question. Chacun allant de sa propre analyse. Mais tous se rejoignent sur un point : le rôle que va jouer l’Algérie dans cette adhésion.
En effet, le Maroc a claqué la porte de l’ancienne institution appelée autrefois (OUA) en 1984, et qui, en 2002, estdevenue l’Union Africaine (UA). Depuis peu, le Maroc a eu une soudaine envie pressante de regagner l’UA. Une campagne diplomatique a été lancée, où le roi Mohamed VI a entamé une tournée en Afrique. Seulement cette adhésion n’est pas chose facile, car au sein de l’UA les avis divergent sur la question, entre favorables et opposants. L’Algérie est quant à elle selon les observateurs rangée dans la catégorie des opposants. Pour lever toute ambiguïté, mais en adressant toutefois des messages clairs, nets et précis, le Ministre des Affaires Etrangères, Ramtane Lamamra a accordé une interview à « Jeune-Afrique » où il aborde le sujet. D’un ton sec et circonscrit, il répond aux questions sans trop s’étaler.
M.Lamamra considère que le Maroc va « adhérer » à l’UA et non pas la réintégrer. Car l’institution a changé d’appellation et est devenue une nouvelle institution. Il explique : « il y a une nouvelle organisation, et il y a un État qui n’a jamais appartenu à cette organisation » et ajoute : « il n’y a pas besoin de sortir de la Sorbonne ou d’avoir un doctorat en droit pour en conclure qu’il s’agit d’une adhésion ». Le reste est pour lui « de la rigolade ».
Concernant l’éventualité de l’installation d’un débat autour d’une possibilité d’éviction de la RASD de l’institution, le Ministre des AE affirme « il n’y aura pas de débat autour de la RASD » car pour lui « la RASD est un membre fondateur qui bénéficie des mêmes droits et obligations que tout le monde ». Par contre, il s’agirait bien d’une « demande d’adhésion du royaume du Maroc à l’union africaine. Point final ». Ainsi, cette déclaration voudrait dire que si le Maroc souhaite avoir un siège à l’UA, il devrait faire avec la présence de la RASD en tant que membre dans cette institution.
Pour ce qui est de l’élection du prochain président de la commission de l’UA programmée pour ce 28e sommet, cinq candidats sont en lice, dont les plus prometteurs sont la ministre des AE du Kenya, Amina Mohamed, l’ex Premier Ministre Tchadien Moussa Faki Mahamat ainsi que le diplomate Sénégalais Abdoulaye Bathily. Des observateurs indiquent que Abdoulaye Bathily est réputé proche de Rabat, alors que Moussa Faki Mahamat est proche d’Alger et est soutenu par ce dernier. A cet effet, M.Lamamra indique : « ils sont tous brillants ». Il parle dans ce sens de consultations et de relations de confiance. « Lors de consultations entre pays frères et amis, on peut mettre dans la confidence, par avance, certaines des intentions qu’on peut avoir » a-t-il déclaré, en citant un exemple : « globalement, nous avons des relations de confiance avec beaucoup des candidats. Amina Mohamed, nous a également consultés très tôt sur l’opportunité de sa candidature. D’autres également nous ont sollicités, y compris au sommet de la francophonie à Antananarivo ». Le motif de ces différentes sollicitations ? Le Ministre des AE avance : « l’Algérie est un pays qui compte dans cette organisation. Nous ne pouvons que nous en réjouir ! ».