Les moyens humains ne manquent pas, puisque l’Algérie a déjà formé une vingtaine de promotions d’ingénieurs de contrôle de la qualité spécialisés dans la filière agroalimentaire.
Après le botulisme qui a frappé plusieurs régions du pays l’année dernière, les intoxications alimentaires font des ravages dans la wilaya de Blida. La wilaya d’Oran n’est, à l’instar du reste du pays, pas épargnée par ce phénomène lié essentiellement à la consommation des produits alimentaires à risques. C’est du moins ce que révèlent les bilans portés sur les registres des personnes ayant été prises en charge par les spécialistes du CHU Benzerdjeb de Plateau. En tout, 90 personnes ont été victimes de leur gourmandise en consommant des aliments impropres leur ayant causé des problèmes gastriques pouvant provoquer le décès. En dépit des campagnes lancées par les différents départements ministériels mettant en garde contre la consommation douteuse, le phénomène prend de l’ampleur.
Pour preuve, les 700 cas enregistrés dans la wilaya de Blida. Des spécialistes chargés du contrôle de qualité s’inquiètent sérieusement en tirant la sonnette d’alarme tout en s’exclamant sur ces adjuvants alimentaires qui ont été frappés d’interdiction dans l’Union européenne, mais sont encore en vogue en Algérie qui les importe sans se soucier des dégâts qu’ils provoquent.
La majeure partie de ces produits est destinée aux restaurants et à la consommation rapide dans les fast-foods. Une telle persistance dans l’importation de tels produits interdits sous d’autres cieux, met en cause en cause l’inefficacité du contrôle de la restauration collective.
Dans cette équation, les moyens humains ne manquent pas. L’Algérien consomme des produits bas de gamme alors qu’ils sont censés être saisis en se référant à la réglementation. Pourtant, cette Algérie, dont les services locaux continuent à vanter leurs mérites, a déjà formé une vingtaine de promotions d’ingénieurs du contrôle de la qualité spécialisés dans la filière agroalimentaire.
La majeure partie de ces hommes et femmes assument les lourdes tâches de suivi des aliments, de la matière première dès leur importation jusqu’au contrôle du personnel chargé de les transformer avant l’obtention du produit prêt pour la consommation.
A tous ces maux faisant du consommateur la première victime, la chaîne du froid n’est jamais respectée. Idem pour les normes d’hygiène et de conditionnement des produits alimentaires devant épargner une clientèle nombreuse contre toute menace d’intoxication. Localement, on n’en revient pas dans des aveux destinés à la consommation locale, rien de plus.
«Chacune de nos sorties se termine par l´établissement de dizaines de procès-verbaux et mises en demeure contre les contrevenants, et la fermeture des établissements ne se conformant pas aux règles d´hygiène», continue-t-on à fanfaronner. Loin des bureaux, une tout autre réalité déconcertante saute aux yeux. Manger un sandwich de kalientica (farine de pois chiches) dans une gargote de Mdina Djedida est synonyme d´intoxication alimentaire; boire un jus au marché de la Bastille peut prolonger la durée de séjour à l´hôpital.
Ce n’est pas tout. Des dizaines de restaurants et de fast-foods répandent des vapeurs de leurs cuissons attirant les plus résistants. Dans le tas, les normes du commerce moderne, celles de la qualité, le service et les conditions d´hygiène sont totalement bafouées au vu et au su de tout le monde. C’est une situation de fait accompli, en toute impunité, qui est imposée. Les cuisines sont devenues de grands réceptacles où pullulent toutes sortes de bestioles et autres germes vecteurs de pathologies hautement dangereuses.
Idem pour les salles de restauration: les barbecues et les rôtissoires rouillés dressés aux entrées des restaurants, sont livrés aux poussières et aux gaz toxiques des véhicules. Le personnel, recruté selon la circonstance et les humeurs, est loin de répondre aux compétences de l´activité.
Dans plusieurs fast-foods et gargotes d´Oran, les serveurs portent des tenues repoussantes et essuient les tables en utilisant des chiffons crasseux. Même constat chez les cuisiniers qui portent des blouses délavées par l’huile utilisée plusieurs fois et les autres saletés.