Des enquêtes ont révélé récemment des cas d’intoxications dans l’est et au centre du pays suite à l’écoulement d’une quantité de viande ne présentant aucune norme d’hygiène. C’est la cote d’alerte pour les autorités de contrôle.
A Batna, Guelma et à Oran, des cas d’intoxications causées par la consommation de viande impropre a amené les autorités à réagir en procédant à un contrôle minutieux de ce produit. Mais selon les derniers éléments en notre possession, il y a eu 9 personnes qui ont été hospitalisées d’urgence à Batna suite à des cas de botulisme dues à la consommation d’un cachir avarié. Les services de contrôle ont saisi 1.613 kg de ce produit, ce qui est énorme pour une région comme celle-là.
Alors qu’à Guelma, des personnes au nombre de 44 ont été admises aux urgences tout au long de la semaine qui vient de s’écouler. Ces cas selon les premières analyses de laboratoires médicales fournies révèlent que ces citoyens ont consommé une viande soit impérissable ou qui ne présente aucune norme d’hygiène. A Oran, une importante quantité de viande bovine a été saisie selon la direction de contrôle de fraude révélant que des centaines de kilos de cette viande n’avait pas le cachet des vétérinaires et n’obéissent donc pas aux normes de consommation.
Cela a mis les autorités dans l’embarras durant ce mois de jeûne où même la viande rouge est l’aliment qui fait l’objet de trafic et d’arnaque à tout prix pour des citoyens crédules. Cela dit, ces épisodes renseignent sur le degré de nuisance à la santé publique où l’existence d’une filière de trafiquants et de vendeurs informels de viande rouge n’est pas à écarter. Dans certaines localités, des étals de viande sont disséminés pour vendre de la viande ovine surtout sur des comptoirs présentant tous les risques de contamination par des virus ou bactéries qui se développent en ces mois de grosses chaleurs.
Ces étals sont dépourvus de frigos nécessaires à la conservation d’un produit périssable comme les viandes rouges et de surcroît, les vendeurs achètent sans facture et les prix varient selon le degré de fréquentation des clients. Fort heureusement que les directions de contrôle des prix du ministère du Commerce et les services de douane ont établi un calendrier commun pour démanteler ces réseaux de trafiquants. Il faut signaler à ce propos que selon un inspecteur vétérinaire du ministère de l’Agriculture « les services vétérinaires ont contrôle 9.500 tonnes de viandes bovines et 1.600 tonnes ovines importées ».
Cela n’empêche pas de s’interroger sur la crédibilité de certaines viandes congelées importées de l’étranger. Ces viandes sont écoulées à des prix qui défient la concurrence (entre 750 et 900 DA) pour la viande bovine. D’autre part, les transactions informelles entre certains éleveurs et faux commerçants ajoutent de l’huile sur le feu. Ces réseaux clandestins stockent des quantités de viandes dont l’abattage se déroule dans des conditions douteuses alors que dans les abattoirs agréés il y a impérativement le contrôle routinier sanitaire qui est l’étape nécessaire à l’autorisation de vente.
Or, il reste beaucoup à faire dans les abattoirs de l’Etat qui sont près de 4.000 selon le ministère de l’Agriculture et qui, de l’aveu de certains professionnels de la santé animale, sont loin de répondre aux critères ou conditions requises par les normes standard. Par ailleurs, les services de contrôle qui se déploient un peu partout en tentant de limiter les dégâts ne peuvent pas surveiller tous les points de vente en dehors des boucheries agréées par les autorités. De ce fait, l’organisation de défense des consommateurs présidée par Mustapha Zebdi lance un appel aux autorités sur la provenance de certaines viandes importées.
« Il faudrait mettre des dispositifs de contrôle très sévères d’autant que la viande importée est moins chère que celle produite localement ». Là aussi, les défenseurs des consommateurs interpellent les citoyens à faire preuve de vigilance lors de l’acte d’achat de ces viandes. Une campagne de sensibilisation et d’explication sanitaire sur la consommation propre de la viande n’a pas été entamée à ce jour. Le ministère du Commerce et les associations de défense des consommateurs sont invités à plus d’effort dans ce sens, car il s’agit avant tout de la santé des consommateurs.
Fayçal Abdelghani