Investissements chinois et création d’emplois en Algérie et en Egypte,La Chine pas forcément une menace

Investissements chinois et création d’emplois en Algérie et en Egypte,La Chine pas forcément une menace

La présence de la Chine dans les économies d’Afrique du Nord est en pleine expansion, à la fois en tant qu’important partenaire commercial et en tant qu’investisseur. L’engagement de la Chine est aisément perceptible dans des secteurs tels que l’énergie, le développement des infrastructures, le commerce et, de plus en plus, dans le secteur manufacturier de l’Afrique du Nord.

Cependant, l’industrie nord-africaine subit l’impact lié à la compétitivité du secteur manufacturier chinois, tant au sein du marché intérieur qu’au niveau des marchés des pays tiers. Cette compétition a directement contribué au problème structurel sous-jacent du chômage dans la région et alimenté la crainte de voir l’engagement chinois porter préjudice au développement de l’Afrique du Nord.

Un nouveau rapport Investissements chinois et création d’emploi en Algérie et en Egypte explore les caractéristiques spécifiques de l’engagement de la Chine dans la région dans le but de montrer si cet engagement est créateur d’emploi au niveau local. En examinant les investissements de la Chine dans les pays d’Afrique du Nord et leurs relations commerciales, l’article souligne l’impact de la compétitivité chinoise sur les défis du chômage en Afrique du Nord. L’article conclut en fournissant une liste de recommandations pour les pays d’Afrique du Nord, afin qu’ils puissent tirer de leurs relations avec la Chine les retombées économiques escomptées, en particulier en termes de création d’emplois.

Dans ce contexte, les initiateurs du rapports estiment qu’il convient de continuer à courager l’investissement chinois dans le secteur manufacturier et celui des services en Afrique du Nord, afin de promouvoir la diversification économique voulue par les pays de cette région. Des complémentarités potentielles existent déjà. Mais il convient de réduire encore les obstacles à l’investissement pour assurer de nouvelles réussites, comme celle de la Zone de coopération de Suez en Egypte.

Les gouvernements nord-africains doivent veiller à ce que la création d’emplois reste un critère pour les investissements chinois (et les autres sources extérieures de financement) dans la région. Il convient d’insister davantage sur l’intégration des compétences managériales locales dans les coentreprises entre entreprises chinoises et nord-africaines, en tenant compte en particulier des caractéristiques de la main-d’œuvre disponible dans le pays. Les petites et moyennes entreprises chinoises génératrices d’emplois jouent un rôle de plus en plus visible en tant qu’investisseurs en Égypte et dans une moindre mesure en Algérie, et cette tendance devrait être encouragée.

Il est recommandé d’explorer les moyens de réduire le déficit commercial avec la Chine et tirer parti des nouvelles possibilités que peut offrir le marché chinois (comme l’a fait par exemple la Tunisie en exportant des engrais vers la Chine et en lançant l’entreprise SACF LTD — qui est actuellement l’un des principaux fournisseurs d’engrais de la Chine).

Accorder une plus grande attention à la formation technique et professionnelle dans les systèmes éducatifs de l’Afrique du Nord. Une préparation plus ciblée permettrait de faire en sorte que les compétences demandées dans les domaines de la gestion et de l’ingénierie soient disponibles pour les entreprises chinoises (et autres) qui s’installent dans la région. La mise en relation des établissements d’enseignement de l’Afrique du Nord et des programmes éducatifs chinois pourrait être un moyen de prendre en compte, dès la phase initiale, la composante «culturelle» de l’intégration.

Il existe un besoin criant de données plus empiriques sur le sujet. Actuellement, aucune étude exhaustive n’a été menée sur les entreprises chinoises dans les économies nord-africaines, ni un décompte détaillé des emplois créés. Un sondage indépendant effectué auprès des entreprises chinoises en Algérie et en Égypte, par le biais de partenariats entre les offices nationaux des statistiques commerciales et les instituts économiques, pourrait aider à mieux comprendre le point de vue de ces entreprises en ce qui concerne les facteurs qui les incitent à investir et ceux qui les en dissuadent. Ce sondage devrait être complété par une enquête auprès des responsables politiques algériens et égyptiens et des hommes d’affaires locaux, afin d’évaluer leur expérience des coentreprises avec les entrepreneurs chinois.

Plus généralement, il convient de revoir l’attitude adoptée à l’égard de la Chine, qui, pour beaucoup de gouvernements de la région, est encore une attitude défensive. Les décideurs de l’Afrique du Nord ne devraient pas considérer que la Chine est forcément une menace, mais voir plutôt dans ce pays une possibilité de rehausser leur compétitivité sur les marchés tiers ; ils doivent trouver une solution intelligente pour tirer profit au maximum, par exemple, de l’ouverture d’usines en Afrique du Nord par des investisseurs chinois. De même, les pays nord-africains peuvent vanter auprès des Chinois leur statut d’économies en transition, qui constituent des maillons des chaînes mondiales de production et d’approvisionnement, situés au carrefour géographique et économique des divers marchés. Tout cela devrait susciter une réflexion sérieuse sur ce vieux marronnier qu’est l’intégration régionale. Les pays nord-africains ont potentiellement les moyens d’accroître leur compétitivité en tant que région de manière à mieux exploiter les flux d’investissements directs étrangers, y compris les investissements chinois. Ainsi, les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est sont en train de se servir des projets d’infrastructure financés par les Chinois pour améliorer l’ensemble des infrastructures régionales. Le raccordement des réseaux routiers nationaux pour former un réseau de transport régional plus vaste et interconnecté faciliterait les échanges commerciaux s’il était accompagné d’un véritable effort pour améliorer le cadre de la politique régionale dans le sens d’une intégration plus poussée. La réduction des obstacles intra-régionaux au commerce permettrait aux avantages que procurent à chaque pays les investissements chinois, y compris la multiplication des possibilités pour le marché de consommation régional, d’être étendus à l’ensemble de l’Afrique du Nord.

Par : T.L