L’investissement étranger dans le secteur des banques obéira, après l’adoption de la LF 2017, à une nouvelle règle: les 66/34%.
La loi de finances 2017 contient, semble-t-il, des mesures peu orthodoxes compte tenu du climat de congélation dans lequel baigne la sphère économique et financière nationale. En effet, selon des indiscrétions, la règle des 51/49%, qui a fait couler beaucoup d’encre et qui, tout le temps, a été présentée comme un outil juridique de protection de l’économie nationale, sera révisée dans le cadre de la LF 2017 pour être désormais plus flexible et permettre d’attirer davantage d’investisseurs, notamment dans le secteur bancaire. Cette loi de finances prévoit dans ce sens de revoir à la hausse la part de participation des investisseurs étranges pour atteindre les 66%.
Il est de ce fait possible, pour les banques étrangères désireuses de s’installer en Algérie dans le cadre d’un partenariat avec un investisseur algérien de prendre jusqu’à 66% du capital d’investissement. Cette mesure vise, selon ses promoteurs, à attirer des capitaux étrangers en Algérie, à moderniser le secteur bancaire national et à bénéficier des expériences des partenaires étrangers dans le secteur. Elle constitue aussi un mécanisme permettant aux banques déjà opérationnelles d’ouvrir leur capital aux partenaires étrangers. Cette même mesure concernera aussi, précise la même source, l’investissement lié à «la technologie de la connaissance». Néanmoins, les projets entrant dans ce cadre seront tous soumis à la validation du Conseil national d’investissements.
Cette nouvelle mesure, perçue sans nul doute comme étant révolutionnaire par ses promoteurs, intervient dans un contexte marqué par le rétrécissement continu des recettes de l’Etat et la nécessité pour ce dernier de multiplier ses ressources pour faire face à la crise majeure qui s’annonce. Le gouvernement cherche à travers sa mise en oeuvre à attirer les capitaux étrangers. Néanmoins, la démarche peut s’avérer non concluante puisque, simultanément, deux banques étrangères de premier plan dans le système financier occidental et qui représentent une référence en matière d’études de marchés, à savoir Hsbc et Citibank, ont annoncé leur départ d’Algérie. De plus, la vétusté du système bancaire algérien et son inadaptabilité aux exigences de réactivité du système financier font que les banques algériennes sont organiquement inéligibles à des partenariats viables avec des gourous de la finance mondiale.
La conjoncture est donc défavorable pour l’Algérie car, en plus de l’instabilité chronique de son système financier adossé à une banque Centrale capricieuse et versatile, la vétusté dans son système bancaire, elle verra son image davantage altérée par le départ de Hsbc et Citibank aux yeux des banques étrangères susceptibles de s’installer en Algérie.. Jusque-là, bien des banques ont exprimé leur souhait de s’installer en Afrique mais aucune n’a émis le voeu d’élire domicile en Algérie. C’est le cas par exemple des banques japonaises Sumitomo Mitsui Banking Corp, Mizuho Bank et Bank of Tokyo-Mitsubishi qui ont annoncé leur volonté de s’installer en Afrique et qui ont déjà signé des accords avec certains pays pour accompagner les investissements nippons dans le continent.
Depuis sa généralisation à tous les secteurs dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2009, la règle des 51/49% n’a jamais cessé de susciter des débats, notamment dans le cadre des échanges internationaux. En effet, même si pour des considérations politiques, les partenaires étrangers refusent de dénoncer cette mesure, ils ne ratent aucune occasion d’en démontrer les effets néfastes dans les rencontres en aparté avec les responsables algériens, leurs partenaires économiques et les journalistes. Aujourd’hui, la crise aidant, l’Algérie est en position de faiblesse par rapport aux années précédentes et la décision du gouvernement de réviser partiellement la règle des 51/49% est de permettre aux étrangers d’acquérir 66% du capital des banques ne promet pas grand-chose en matière d’attractivité. Ce que l’Algérie conçoit comme étant une concession n’est pas forcément pris comme tel par ses partenaires, encore moins dans le domaine fort sensible de la finance.