Irak : le trésorier du groupe EI tué lors de frappes de la coalition

Irak : le trésorier du groupe EI tué lors de frappes de la coalition

Les Etats-Unis ont annoncé, jeudi, avoir éliminé l’un des principaux responsables financier du groupe Etat islamique, frappant une nouvelle fois au portefeuille l’organisation extrémiste après les bombardements de ses ressources pétrolières.

La coalition a annoncé jeudi avoir tué fin novembre dans un bombardement aérien en Irak Abou Salah, «l’un des responsables financiers les plus importants et les plus expérimentés» du groupe jihadiste, selon le colonel Steve Warren, un porte-parole militaire de la coalition à Bagdad. «C’est le troisième membre du réseau financier de l’EI que nous avons tué» récemment, a précisé le porte-parole, présentant l’homme comme étant l’équivalent d’un «ministre des Finances» pour l’organisation ultra-radicale. Abou Salah, de son vrai nom Muwaffaq Moustafa Mohammed al-Karmush, était sur une liste du Trésor américain permettant la saisie de tous ses avoirs aux Etats-Unis. Cet Irakien de 42 ans faisait partie de ces responsables du groupe Etat islamique passés par Al-Qaïda, dont il avait également été l’un des responsables financiers, selon les responsables américains. D’autres frappes en Irak à la même époque ont permis de tuer deux autres hauts responsables du groupe Etat islamique actifs dans les finances et l’administration, a indiqué le colonel Warren. La coalition a ainsi éliminé Abou Maryam, qui travaillait avec Abou Salah et était en charge de «l’extorsion de fonds» du groupe sur la population civile de ses territoires. Et tué Abou Rahman al-Tunisi, un cadre de l’EI chargé de «coordonner des transferts d’information, de personnes et d’armements», toujours selon le colonel Warren. La coalition menée par les Etats-Unis tente de désorganiser le groupe Etat islamique par l’élimination de ses hauts responsables, et le tarissement de ses ressources financières. Un haut responsable américain a souligné toutefois, jeudi, la difficulté de perturber ce financement, l’EI bénéficiant des ressources que lui apportent les territoires qu’elle contrôle en Irak et en Syrie. Selon Adam Szubin, sous-secrétaire au Trésor en charge du terrorisme, ces jihadistes ont engrangé «plus de 500 millions de dollars» de revenus tirés de la vente de pétrole sur le marché noir. L’EI a également dérobé entre «500 millions et un milliard de dollars» dans les coffres des banques en Syrie et en Irak et a extorqué «plusieurs millions de plus» des populations, a assuré le responsable américain. Mais l’EI a «constamment» besoin de fonds pour payer ses troupes et son armement, maintenir ses infrastructures et fournir aux populations des services de base, a souligné M. Szubin.

L’EI a également besoin d’accéder au système financier pour transférer des fonds et importer des marchandises, a-t-il indiqué.

Camions-citernes bombardés

Des intermédiaires financiers ont également été sanctionnés par Washington. «Réduire la force de frappe financière de l’EI est crucial pour affaiblir (…) sa revendication d’être un Etat», a-t-il poursuivi. Ces dernières semaines, la coalition a intensifié ses frappes contre les installations pétrolières contrôlées par les jihadistes, détruisant notamment des centaines de camions-citernes en Syrie. Les Etats-Unis ont également annoncé le prochain déploiement en Irak d’une unité de forces spéciales qui sera capable notamment d’aller capturer ou tuer des responsables du groupe Etat islamique.

Il s’agit de développer les opérations comme le raid en mai en Syrie, qui avait conduit à l’élimination du chef jihadiste Abou Sayyaf, accusé d’avoir joué un «rôle capital» dans la supervision des ventes de pétrole et de gaz du groupe. Le raid des forces spéciales avait aussi permis de recueillir un «trésor» de renseignement selon les Américains, permettant de mieux connaître l’organisation de l’EI et de définir de nouvelles cibles. La question du financement de l’EI sera au menu d’une réunion inédite des ministres des Finances des pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, le 17 décembre à New York.