L’Iran considère toujours les Etats-Unis comme son principal « ennemi » et le guide suprême du pays Ali Khamenei affirme qu’il ne faudrait en aucun cas leur faire « confiance », malgré le rapprochement des deux pays à la faveur de l’accord en 2015 sur le programme nucléaire iranien.
L’exécution de Shahram Amiri, 39 ans, a été annoncée dimanche par le porte-parole de la justice iranienne Gholamhossein Mohseni-Ejeie lors d’une conférence de presse.
« Cette personne avait accès aux informations secrètes et même top secret du régime et s’était mis en relation avec notre principal ennemi, le grand Satan, les Etats-Unis. Il livrait à l’ennemi des informations top secret et vitales du pays », a déclaré Mohseni-Ejeie.
« Il a été pendu », a-t-il dit, sans préciser ni où ni quand.
Amiri avait disparu en juin 2009 en Arabie saoudite où il se trouvait en pèlerinage. Il avait refait surface en juillet 2010 aux Etats-Unis en demandant à pouvoir rentrer en Iran. Il avait alors été accueilli à bras ouverts par les officiels iraniens.
Mais rien depuis jusqu’à l’annonce de son exécution.
– Les Etats-Unis « dupés » –
M. Mohseni-Ejeie a précisé qu’Amiri avait été « condamné à mort par le tribunal de première instance, conformément à la loi », ce qui pourrait signifier qu’il avait été arrêté après son retour en Iran.
Le scientifique « a fait appel du verdict. Le dossier a été envoyé devant la Cour suprême qui a confirmé la peine », a-t-il ajouté.
Selon le responsable iranien, « les Etats-Unis ont été dupés par notre système de renseignements. Les renseignements américains croyaient que l’Iran n’avait pas d’informations sur le transfert de cet individu en Arabie saoudite et sur ce qu’ils faisaient. Mais nos services de renseignements étaient au courant de tout ».
M. Mohseni-Ejeie a en outre accusé la famille du scientifique de « mensonge ». Après sa pendaison, « sa famille a affirmé qu’il avait été condamné à une peine de prison, ce qui est totalement faux ».
En juillet 2010, à son retour en Iran, Amiri avait déclaré avoir été détenu aux Etats-Unis pendant plus d’un an après avoir été « enlevé » en Arabie saoudite par deux agents de la CIA parlant le persan. Ce que les Etats-Unis avaient démenti.
Quelques semaines avant son retour, il était apparu dans plusieurs vidéos. Dans la première, il affirmait avoir été enlevé par les renseignements américains et saoudiens; dans la seconde, il disait s’être rendu de son plein gré aux Etats-Unis pour poursuivre ses études; dans la troisième, il affirmait que sa vie était en danger aux Etats-Unis et qu’il voulait retourner en Iran.
– Un informateur de la CIA?
Fin mars 2010, la chaîne américaine ABC avait affirmé que le scientifique iranien avait fait défection et collaborait avec la CIA. Au lendemain de son retour en Iran, le New York Times écrivait, en citant des responsables américains, qu’il avait été pendant des années un informateur de la CIA en Iran.
A cette époque, la crise était à son comble entre les Occidentaux et l’Iran accusé de chercher à fabriquer l’arme atomique.
Entre janvier 2010 et janvier 2012, cinq scientifiques iraniens ont été assassinés à Téhéran. Les autorités iraniennes avaient mis en cause les services de renseignements américains, israéliens et britanniques.
L’Iran et les Etats-Unis n’ont pas de relations diplomatiques depuis 1980. Mais ces dernières années, les chefs de la diplomatie des deux pays ont opéré un léger rapprochement en menant des discussions dans le cadre des négociations nucléaires entre l’Iran et les pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne).