Iran: L’UE «regrette» les sanctions américaines et veut défendre ses intérêts

Iran: L’UE «regrette» les sanctions américaines et veut défendre ses intérêts

L’UE «regrette profondément» la décision des Etats-Unis de réimposer mardi des sanctions contre l’Iran, et a annoncé hier l’entrée en vigueur ce mardi 7 août d’une législation pour protéger les entreprises européennes présentes dans ce pays.

«Nous regrettons profondément la réimposition de sanctions par les États-Unis, en raison du retrait de ce dernier du Plan d’action global conjoint (JCPOA, le nom officiel de l’accord nucléaire iranien)», ont déclaré les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, les trois pays de l’UE impliqués dans la conclusion de l’accord conclu en 2015, dans un communiqué conjoint avec la cheffe de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini.

«Nous sommes déterminés à protéger les opérateurs économiques européens engagés dans des affaires légitimes avec l’Iran (…) C’est pourquoi le statut de blocage mis à jour par l’Union européenne entre en vigueur le 7 août», ont précisé les signataires de la déclaration de l’UE.

La loi dite «de blocage» a été adoptée par l’Union en 1996 pour contourner les sanctions américaines contre Cuba, la Libye et l’Iran, mais n’avait jamais été utilisée. Son actualisation a été approuvée par les ministres des Affaires étrangères de l’UE le 16 juillet.

Elle interdit aux entreprises européennes de se conformer aux effets extraterritoriaux des sanctions américaines, sous peine de pénalités fixées par chaque Etat membre.

«Je ne suis pas en mesure de dire si nos efforts vont suffire, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter que l’accord sur le nucléaire avec l’Iran ne meurt, car les conséquences seraient catastrophiques pour tous», avait averti Federica Mogherini le 16 juillet. «L’exercice est difficile, car le poids des Etats-Unis dans l’économie mondiale n’est pas négligeable», avait-elle reconnu.

La Banque européenne d’investissements (BEI) a de fait renoncé à soutenir les investissements européens en Iran car, comme toutes les banques de l’UE,elle doit lever des capitaux sur les marchés, selon son président Werner Hoyer.

De même, la plupart des grands groupes européens vont se retirer d’Iran car «leurs financements et leur actionnariat sont en partie américains», ont expliqué les responsables européens.

Les échanges entre l’UE et l’Iran sont faibles. L’UE a acheté pour 10 milliards d’euros de produits iraniens en 2017, dont 9 milliards de produits pétroliers, et a vendu à l’Iran pour 10 milliards d’euros de biens, essentiellement des produits de chimie et de pharmacie et des biens d’équipements, selon la Commission européenne.

L’UE et «les autres parties au JCPOA (NDLR: la Chine et la Russie) se sont engagées à travailler, entre autres, à la préservation et au maintien de canaux financiers efficaces avec l’Iran et à la poursuite des exportations iraniennes de pétrole et de gaz.

Sur ces questions, comme sur d’autres sujets, notre travail se poursuit, y compris avec les pays tiers intéressés à soutenir le JCPOA et à maintenir des relations économiques avec l’Iran», ont précisé les Européens.

Le secteur de l’énergie sera touché par la seconde vague des sanctions américaines en novembre et la Commission européenne fera des propositions «fin septembre» pour permettre à l’UE de poursuivre ses achats de pétrole iranien, a indiqué à l’AFP une source européenne proche du dossier.

L’Iran exporte 3,8 millions de barils de pétrole par jour. 20% sont achetés par l’UE et 70% par la Chine et d’autres pays d’Asie, d’après les chiffres de l’UE.