Téhéran – Une petite phrase attribuée à l’ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani, admettant que le pouvoir syrien avait utilisé des armes chimiques contre sa population fait polémique en Iran malgré plusieurs démentis officiels.
Plusieurs responsables politiques cités jeudi dans la presse demandaient que M. Rafsandjani s’explique sur cette affaire, alors que Téhéran, principal allié régional de Bachar al-Assad, rejette sur les rebelles la responsabilité de l’attaque du 21 août près de Damas.
La question des armes chimiques est très sensible au sein de la population iranienne, qui en a été victime lors de la guerre Iran-Irak dans les années 80.
«Le peuple syrien qui a été la cible d’une attaque chimique de la part du pouvoir doit faire maintenant face à la menace d’une intervention étrangère», aurait affirmé dimanche l’ex-président modéré lors d’un déplacement en province, selon l’agence non officielle Ilna.
Mais l’agence a rapidement supprimé la mention «de la part du pouvoir» et le ministère des Affaires étrangères a démenti qu’il ait prononcé une telle phrase.
Plusieurs sites internet conservateurs ont saisi l’occasion pour s’en prendre à M. Rafsandjani.
L’un d’eux a posté une vidéo d’une réunion publique supposée être celle où M. Rafsandjani aurait prononcé ces mots. La vidéo, prise de loin à l’aide d’un téléphone portable, ne permet pas de confirmer que M. Rafsandjani est l’orateur. La voix semble être celle de l’ex-président.
«Nous attendons un démenti de M. Rafsandjani en personne et une prise de position claire», a réagi le député conservateur Alireza Zakani, demandant une enquête du ministère des Renseignements, selon le quotidien Arman.
«Le son attribué à M. Rafsandjani contient des propos inexacts et dangereux, nous espérons que c’est un faux», a-t-il ajouté.
Un autre député conservateur, Ali Motahari, a également demandé des explications, estimant que «la vidéo semble vraie». Il a ajouté que M. Rafsandjani «voulait peut-être ouvrir un autre chemin» pour la diplomatie iranienne.
«Ces propos ne signifient pas un soutien aux Etats-Unis, nous soutenons toujours le gouvernement syrien», a précisé au journal Etemaad le député, connu pour ses positions critiques.
Un dignitaire religieux, l’ayatollah Youssef Tabatabaie-nejad, a affirmé avoir eu l’assurance que la vidéo était un faux.
«J’ai posé la question directement à M. Rafsandjani et il m’a dit que le son était un faux et qu’il n’avait pas accusé le gouvernement syrien d’avoir utilisé des armes chimiques contre sa population», a-t-il déclaré dans Arman.
M. Rafsandjani aurait ainsi dit à l’ayatollah: «J’ai dit que les Etats-Unis utilisent le prétexte que le gouvernement syrien avait attaqué sa population avec des armes chimiques. J’ai dit que les Américains l’avaient dit et ce n’est pas ma position».