Honorée par la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, Ismahane Boudjaâdar a été l’heureuse championne de la catégorie des personnes aux «réalisations» spécifiques lors des Jeux paralympiques de septembre passé à Rio de Janeiro (Brésil).
Rencontrée chez elle, Ismahane Boudjaâdar confie n’avoir pas débuté tôt dans le sport, même si sa passion a toujours fait battre son cœur.
Sa scolarité, elle a dû l’interrompre à la fin du cycle primaire, faute d’une personne pour l’accompagner quotidiennement au collège d’enseignement moyen (CEM), très éloigné de sa maison familiale. Elle ne renonça pas pour autant à ses études qu’elle a poursuivies à distance.
N’ayant pu réussir les examens de première année secondaire à plusieurs reprises, elle se résigne à rester à domicile. Cela a duré 10 ans jusqu’à ce que son frère fasse la rencontre du champion paralympique Karim Betina qui lui proposa d’inscrire Ismahane au Club de handisport de la wilaya. «Ma joie fut énorme. C’était une opportunité de m’affirmer et briser mon autarcie», lâche avec un grand ouf la médaillée d’or à Rio.
En 2012, l’athlète âgée aujourd’hui de 36 ans débute sa carrière sportive sous l’égide de son ancien coach Rachid Latrach dans les spécialités des lancers de poids, de disque et de javelot adaptées à son handicap de trouble d’équilibre. Boudjaâdar poursuivait ses entraînements jusque dans la maison avec ses neveux en utilisant des boîtes et les ballons des petits.
Au début, elle éprouvait des difficultés à saisir fermement le disque, mais avec la persévérance et les entraînements répétés au stade chahid Hamlaoui, elle est parvenue à développer considérablement ses performances, indique Rachid Latrach qui note qu’après plusieurs participations aux championnats nationaux, elle a été sélectionnée en équipe nationale. Défiant son handicap, Ismahane a réussi en 4 ans à s’offrir un palmarès bien garni en titres avec 50 médailles dont 18 en or obtenues à Dubaï, Sharjah, Paris, Tunisie et Maroc.
Elle détient aussi le record du lancer de javelot F33 avec 11,99 mètres réalisé lors du tournoi international handisport de Fizaâ, aux Emirats arabes unis en 2016.
Inscrivant son nom en lettres d’or dans les annales de l’athlétisme handisport national, elle est devenue la fierté de sa famille mais aussi de sa ville et de tout un pays.
Les jeux paralympiques ont été bien préparés par Boudjaâdar assistée de Bilal Sadik sous la direction de son actuel entraîneur Abdelmadjid Kahlouch dans sa wilaya, à Biskra, Alger puis en Pologne. Rio était pour Boudjaâdar l’occasion d’offrir l’or à l’Algérie et de prendre sa revanche sur le retrait-pour faute technique- de la médaille d’argent décrochée en 2015 aux Mondiaux de Doha.
«J’ai juré après ce retrait de faire de mon mieux pour recouvrer cette médaille et je suis parvenue à faire un lancer de 5,72 mètres qui m’a même permis de remplacer ainsi l’argent par l’or», affirme la championne paralympique.
R. R.