Menés par la France, quelque 70 pays ont mis en garde contre toute action unilatériale, notamment sur la question des frontières et le statut de Jérusalem.
Quelque 70 pays ont solennellement réitéré, dimanche 15 janvier, leur engagement en faveur des deux Etats israélien et palestinien, avertissant qu’ils ne reconnaîtraient pas d’actions unilatérales qui menaceraient une solution négociée, particulièrement sur la question des frontières ou le statut de Jérusalem.
Dans un communiqué âprement négocié, les participants à la conférence de Paris ont exhorté Israéliens et Palestiniens à « démontrer leur engagement pour la solution à deux Etats et à s’abstenir d’actions unilatérales qui préjugeraient du résultat de la négociation, notamment sur les frontières, Jérusalem, les réfugiés ». Le texte précise que si de telles actions étaient prises, « ils ne les reconnaîtront pas ».
Les Israéliens et les Palestiniens, dont les négociations sont gelées depuis près de trois ans, n’étaient pas présents à Paris. Si les Palestiniens sont en faveur de l’internationalisation du conflit, les Israéliens sont eux violemment opposés à toute approche multilatérale du dossier.
Les Palestiniens se sont immédiatement félicités des conclusions de la conférence, le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, estimant qu’elle avait « souligné la nécessité de mettre fin à l’occupation israélienne ». A l’inverse, pour Israël, la conférence « éloigne » la paix.
Trump veut reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël
La réunion de Paris est intervenue à cinq jours de l’entrée en fonction d’une administration américaine qui a pris des positions très pro-israéliennes, le président élu américain ayant promis durant sa campagne de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Le communiqué s’abstient de faire référence au projet controversé du futur président américain Donald Trump de transférer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
Une telle mesure romprait avec la politique historique des États-Unis et irait à l’encontre de la position de l’ONU, pour laquelle le statut de Jérusalem, dont la partie Est palestinienne a été occupée en 1967 puis annexée par Israël en 1980, doit se régler par la négociation.
Les Palestiniens, qui veulent aussi faire de Jérusalem la capitale de leur futur Etat, ont vivement réagi, le président Mahmoud Abbas menaçant de revenir sur la reconnaissance d’Israël si une telle décision était appliquée.
Ce serait « une provocation », selon la France
Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a estimé dimanche que le déménagement de l’ambassade serait une « provocation », après avoir un peu plus tôt mis en garde contre un projet « extrêmement lourd de conséquences ». Il a également répété que « la base » de règlement du conflit était « les frontières de 1967 et les grandes résolutions des Nations unies », se référant ainsi aux textes appelant Israël à se retirer des territoires occupés après la guerre des Six jours en 1967.
De son côté, le secrétaire d’État américain John Kerry s’est félicité d’un texte « équilibré », qui dénonce les actes et les incitations à la violence côté palestinien. Il a également confirmé qu’il avait parlé dimanche au téléphone avec le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, pour le « rassurer ». M. Nétanyahou n’a de cesse de dénoncer l’initiative française, qualifiée d’« imposture » et de « futile ».
Mais le Royaume-Uni, favorable à des négociations bilatérales israélo-palestiniennes, a exprimé des « réserves » vis-à-vis de la Conférence de Paris et n’en a pas signé le communiqué final, un refus interprété comme reflétant la volonté de Londres de rester proche de la prochaine administration américaine.
Dans un tel contexte, près de soixante-dix ans après la création d’Israël et le début du conflit, la réunion de Paris valait surtout pour le symbole, à un moment où la perspective des deux Etats semble s’évaporer, avec, sur le terrain, la poursuite de la colonisation israélienne et les attaques et attentats palestiniens.
Elle était aussi le dernier acte d’une série de gestes remarqués sur la question israélo-palestinienne, dont le plus important s’est produit à l’ONU le 23 décembre. Un mois avant son départ de la Maison Blanche, l’administration du président sortant Barack Obama s’est en effet abstenue sur une résolution condamnant la colonisation israélienne, la première depuis 1979. Au grand dam du président élu Trump qui avait exhorté Washington à mettre son veto.
Une nouvelle conférence internationale « avec les participants qui le souhaitent » se réunira d’ici à la fin de l’année pour faire le point sur les avancées du processus, indique aussi le communiqué final.