Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a appelé, mercredi 28 décembre, Israéliens et Palestiniens à vivre dans deux Etats séparés sur la base du tracé de 1967 – avant la guerre des Six-Jours –, réaffirmant que la solution à deux Etats était « la seule voie possible pour obtenir une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens », mais qu’elle est « en grave danger ».
Selon lui, Jérusalem devrait devenir la capitale des deux Etats. M. Kerry a prôné, pour revenir au tracé de 1967, « des échanges de territoires équivalents » issus d’un consentement mutuel. Israël serait alors reconnu comme un « Etat juif », a-t-il ajouté.
Le secrétaire d’Etat a accusé Israël d’avoir engagé « un projet exhaustif » pour s’approprier des terres en Cisjordanie. Selon lui, le statu quo au Proche-Orient mène à « une occupation perpétuelle », et la politique des colons « est en train de décider de l’avenir d’Israël ». « Quiconque réfléchissant sérieusement à la paix ne peut ignorer la réalité de la menace des colonies sur la paix », a-t-il ajouté.
Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a immédiatement dénoncé le discours « biaisé » du secrétaire d’Etat. De son côté, le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a salué un « discours clair, courageux et engagé (…) en faveur de la paix au Proche-Orient ».
Des relations plus tendues que jamais
John Kerry a exposé la vision sur le Proche-Orient de l’administration Obama, qui doit quitter ses fonctions le 20 janvier, alors que les relations entre le gouvernement israélien et le président sortant américain sont particulièrement tendues (ce qui n’a toutefois pas empêché Israël de se voir octroyer il y a quelques semaines une aide militaire de 38 milliards de dollars sur dix ans).
Le 23 décembre et pour la première fois depuis 1979, les Etats-Unis n’ont pas mis leur veto à une résolution de l’ONU condamnant les colonies israéliennes. Leur abstention a permis l’adoption de la résolution, approuvée par les 14 autres membres du Conseil de sécurité et qui, selon les mots de M. Kerry, « visait à préserver la solution à deux Etats ». Avant le discours de M. Kerry, le futur président Donald Trump avait quant à lui de nouveau apporté son soutien à Israël.
« Nous ne pouvons pas continuer à laisser Israël être traité avec un total mépris et un tel manque de respect », a écrit le milliardaire, qui a nommé récemment un ambassadeur en Israël favorable au déménagement de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, un geste qui pourrait sonner le glas des efforts de l’Amérique pour la paix au Proche-Orient.
Les Israéliens « étaient habitués à avoir un grand ami aux Etats-Unis, mais ce n’est plus le cas. Le début de la fin a été cet horrible accord avec l’Iran [sur la politique nucléaire], et maintenant [l’ONU] ! Reste fort Israël, le 20 janvier est très proche ! », a ajouté le président élu.