ITALIE. Le Jour J pour Berlusconi

ITALIE. Le Jour J pour Berlusconi

Le Cavaliere pourrait être déclaré inéligible après la confirmation en cassation d’une peine de prison pour fraude fiscale. A moins que…

C’est le « jour J » pour Silvio Berlusconi, pour son destin d’homme politique, d’industriel et de citoyen. En raison de la sentence de la Cassation du 1er août, ainsi que des dispositions de la « loi Severino », la Commission parlementaire pour les élections doit entériner la déchéance du Cavaliere de son poste de sénateur.Cet homme a en effet été condamné à quatre ans de réclusion et au moins un an d’interdiction d’exercer une fonction publique, tandis que la loi Severino, votée en décembre 2012, prévoit que tout condamné à plus de deux ans de réclusion soit déchu de son poste et perde même le droit d’être candidat aux élections. Ironie du sort : c’est une loi qui avait été votée à l’unanimité dans un élan vertueux bi-partisan. Mais ce qui devait être un simple acte administratif, qui aurait dû voir les 23 sénateurs membres de la Commission enregistrer par un simple acte administratif la décision de la justice, s’est compliqué en un peu plus d’un mois d’une charge émotive sans précédent.

Car Berlusconi n’accepte pas le verdict de la Cassation, et l’idée de se retrouver à partir du 16 octobre, soit en prison, soit aux arrêts à domicile, soit confié à des services sociaux, lui donne des boutons. Il fait tout pour que son affaire personnelle devienne une affaire d’Etat, et pour gagner du temps. Il a longtemps espéré une grâce unilatérale du président de la République. Mais ce dernier lui a fait savoir qu’une grâce il faut la demander. Et que pour la mériter, il faut faire amende honorable en présentant ses excuses pour la faute commise. Or Berlusconi ne veut pas. Comme il ne veut pas donner, lui-même, sa démission pour aplanir le terrain. Il préfère provoquer une crise de gouvernement en retirant, par pure rétorsion, ses ministres de la coalition d’union nationale qui les voit aux côtés des ministres du Parti démocrate. Ce parti démocrate qui s’obstine – c’est du moins ce qu’il dit publiquement – à vouloir voter la déchéance judiciaire de son vieil adversaire.

Gagner du temps

Silvio Berlusconi aura tenté la carte du recours auprès de la Cour européenne, ainsi que la carte de la révision de son procès en fonction d’éléments nouveaux, comme la confession d’un co-inculpé britannique. Reste à savoir si les 15 membres (de gauche et du centre) de la Commission se laisseront tenter par les sirènes berlusconiennes ou s’ils réussiront à écarter le Cavaliere dès le premier jour face aux 8 – seulement 8 – membres de la Commission inscrits au centre droit.

Berlusconi veut avant tout gagner du temps. Au nom du droit à la défense. Et en attendant, pour amadouer l’opinion publique, il s’est converti à un style de vie vertueux, il ne se fait plus photographier qu’avec sa compagne de 28 ans, Francesca Pascale et de leur chien appelé Doudou. Plus l’ombre d’un bounga bounga à l’horizon, plus de frasques, plus de problèmes sexuels : Berlusconi est devenu d’un coup un « Pépé ». C’est vrai que dans quelques jours il fêtera ses 77 ans.