Italie: Letta met en garde contre l’instabilité, un «risque fatal»

Italie: Letta met en garde contre l’instabilité, un «risque fatal»

Le chef du gouvernement italien Enrico Letta a mis en garde mercredi les parlementaires contre l’instabilité, «un risque fatal» pour l’Italie, les appelant à voter la confiance après la crise déclenchée par Silvio Berlusconi.

«L’Italie court un risque fatal, qui dépend d’un oui ou d’un non. Je vous invite à donner un exemple de cohésion», a affirmé d’entrée le premier ministre, en dressant un bilan très positif de l’action de son gouvernement de coalition gauche-droite qui a permis à la troisième économie de la zone euro de «sortir du cauchemar» de la récession.

«Mon gouvernement est né au Parlement et s’il doit mourir, il mourra ici, au Parlement», «Ayez le courage de m’accorder votre confiance», a-t-il lancé aux sénateurs.

Le suspense reste entier sur l’issue du vote qui doit intervenir à la mi-journée après un débat. M. Letta compte sur les voix des rebelles du parti de centre-droit, peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi.

Le premier d’entre eux, le vice-premier ministre Angelino Alfano, un avocat sicilien de 42 ans présenté jusqu’ici comme le dauphin de Silvio Berlusconi, s’est déclaré «fermement convaincu que notre parti tout entier doit voter la confiance à Letta». Aux antipodes de son mentor, qui a répété son intention de «mettre un terme au gouvernement Letta» de coalition gauche-droite.

Pour faciliter la tâche aux modérés du PDL, M. Letta a refusé les démissions des cinq ministres PDL. M. Alfano a d’ailleurs pris sa place, assis aux côtés du chef du gouvernement durant son discours, alors que dans les rangs du PDL, M. Berlusconi, arrivé en retard, écoutait, les mains jointes devant la bouche.

Dans son discours d’une heure, M. Letta a écarté très vite toute concession au magnat des médias de 77 ans, aux prises avec la justice. «Dans un pays démocratique, les décisions de justice doivent être appliquées» et «les affaires judiciaires doivent être dissociées de la politique», a-t-il dit avec fermeté.

Selon tous les experts, le «geste fou» de rupture du milliardaire était motivé par sa crainte de perdre d’ici à la mi-octobre son siège de sénateur et donc son immunité parlementaire, après sa condamnation définitive le 1er août à une peine de prison pour fraude fiscale.

«Je ne meurs pas, mêmes s’ils me tuent», a déclaré M. Berlusconi dans une interview à l’hebdomadaire Panorama.

Le Sénat représente pour le chef du gouvernement, un chrétien démocrate appartenant au Parti démocrate (première force de gauche), le pari le plus risqué car son sort dépendra du nombre de sénateurs du PDL qui feront réellement défection et voteront la confiance.

Sur le papier, il dispose de 137 voix garanties alors que la majorité est de 161. Quatre ex-sénateurs du Mouvement cinq étoiles (M5S) de Beppe Grillo ont annoncé aussi qu’ils voteraient la confiance, de sorte qu’il lui manque encore 20 voix.

Les parlementaires PDL qui voteront la confiance sont une quarantaine, «il suffit de voir leurs déclarations publiques», a assuré mardi matin le sénateur Carlo Giovanardi, l’un des acteurs de la rébellion au sein du PDL.

«C’est le jour qui pourrait changer la politique», espère Stefano Folli du quotidien économique Sole 24 ore qui entrevoit «la fin de la saison de Berlusconi». «Le jour le plus long pour Berlusconi» pour la Repubblica.

Les marchés, notamment la bourse de Milan, qui était orientée à la hausse mercredi (+0,7 après le discours), semblaient parier sur un maintien du gouvernement Letta.

Le parcours à la Chambre des députés semble en revanche aisé, car le PD et ses alliés centristes du parti de l’ex-chef du gouvernement Mario Monti y disposent de la majorité absolue.