Japon : L’opposition remporte une victoire historique

Japon : L’opposition remporte une victoire historique

Les Japonais ont voté massivement, dimanche 30 août, en faveur de l’opposition centriste, mettant fin à cinquante-quatre ans de règne sans partage des conservateurs sur la deuxième économie du monde.

Selon les premières estimations publiées par les médias, le Parti démocrate du Japon (PDJ) obtiendrait entre 298 et 329 sièges sur les 480 de la Chambre des députés, infligeant une cuisante défaite au Parti libéral-démocrate (PLD-droite), le tout-puissant parti conservateur, qui ne récolterait qu’entre 84 et 131 sièges.

Déjà majoritaire au Sénat, grâce à l’apport de deux autres partis d’opposition, les démocrates vont désormais avoir un contrôle absolu sur le Parlement et la voie libre pour mener leur programme ambitieux de réformes sociales.

L’annonce de la victoire a été accueillie par une explosion de joie et un tonnerre d’applaudissements au quartier général électoral du PDJ, dans le quartier tokyoïte branché de Roppongi.

En votant pour le changement, les Japonais ont voulu également sanctionner les excès de la politique libérale menée par le PLD au cours des dernières années, responsable selon eux de l’aggravation des disparités sociales, du chômage et de la précarité.

Le rejet du PLD est sans appel : celui-ci avait temporairement perdu le pouvoir entre 1993-1994 en raison d’une défection dans ses rangs. Cette fois, ce sont les électeurs qui lui font mordre la poussière.

« AU SERVICE DE LA VIE DES GENS »

Le président du PDJ, Yukio Hatoyama, 62 ans, qui devrait être nommé premier ministre par le nouveau Parlement d’ici deux semaines, a promis de mener une politique « au service de la vie des gens », basée sur un programme d’allocations pour les retraités, les familles et les plus démunis.

Partisan de la relance économique par la consommation, il a promis également la gratuité partielle de l’éducation, une prime à la naissance et la suppression des péages sur les autoroutes.

Dimanche, M. Hatoyama a dit son intention de former une coalition avec les petits partis compagnons de route du PDJ.

Du côté du PLD, la secousse devrait être difficile à encaisser. Plusieurs caciques du parti ont été battus dans leur circonscription et le premier ministre sortant, Taro Aso, a annoncé son intention de démissionner de la présidence de la formation.

PLUS GRANDE INDÉPENDANCE VIS-À-VIS DES ÉTATS-UNIS

Le PDJ a chiffré à 16 800 milliards de yens (125 milliards d’euros) le coût annuel de son programme à partir de 2012, qu’il compte financer en faisant la chasse aux « gaspillages » budgétaires, comme les travaux publics superflus et les subventions clientélistes aux régions, et en réduisant les salaires des fonctionnaires.

Riche héritier d’une longue dynastie d’hommes politiques souvent comparée aux Kennedy, le futur premier ministre est partisan d’un Japon plus indépendant à l’égard des Etats-Unis et davantage tourné vers l’Asie, sans toutefois remettre en cause l’alliance stratégique avec son allié américain.

Le PDJ, qui n’a jamais gouverné, prend les rênes d’un pays qui sort à peine de la pire récession de l’après-guerre et certains doutent de sa capacité à mener de front toutes les réformes sans augmenter les impôts.

Conscient de cette faiblesse, le PDJ devrait nommer dès lundi une équipe restreinte qui sera chargée d’assurer une transition en douceur avec l’administration sortante, sur le modèle de ce qui se pratique aux Etats-Unis.