Le journaliste et chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie est au cœur d’une vive polémique en France après avoir reconnu publiquement les crimes de guerre commis par la France en Algérie. Sa déclaration choc, faite mardi matin sur RTL, a déclenché une vague de critiques de la part de plusieurs personnalités politiques et a été signalée à l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique française.
« La France a fait des centaines d’Oradour-sur-Glane en Algérie »
Lors d’un débat avec Florence Portelli, vice-présidente Les Républicains de la région Île-de-France, Jean-Michel Aphatie a abordé la responsabilité historique de la France en Algérie. Il a affirmé avec force : « On les a massacrés et on ne l’a jamais reconnu. » Puis, il a ajouté : « Vous savez, chaque année en France, on commémore ce qu’il s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. On en a fait des centaines nous en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ? »
Cette comparaison avec le massacre d’Oradour-sur-Glane perpétré par les nazis en 1944 a provoqué une réaction immédiate du coanimateur Thomas Sotto, qui a tenté de nuancer les propos d’Aphatie. Mais le chroniqueur a maintenu sa position, précisant que les exactions françaises en Algérie avaient précédé celles du régime nazi : « Les nazis n’existaient pas. On ne s’est pas comporté comme des nazis. Les nazis se sont comportés comme nous l’avons fait en Algérie. Combien de femmes, combien d’enfants, combien de villages ont été massacrés ? »
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Face à ces déclarations, Florence Portelli s’est indignée, qualifiant les propos d’« horribles » et accusant Aphatie d’ignorer l’histoire coloniale française. Mais le journaliste a insisté, évoquant notamment les enfumages pratiqués par le général Bugeaud en 1845, une tactique consistant à asphyxier des populations entières cachées dans des grottes.
🃏Nombreux sont ceux qui s’offusquent des propos de Jean-Michel Aphatie sur RTL.
À plusieurs reprises, il a détaillé les faits sur différents plateaux télé.
De la colonisation aux massacres de Thomas-Robert Bugeaud, Gouverneur général de l’Algérie pendant la période coloniale pic.twitter.com/jTYCG3dQ9c— DANS LA SÉQUENCE (@D_La_Sequence) February 25, 2025
Une réaction virulente de la droite et de l’extrême droite
Les propos de Jean-Michel Aphatie ont rapidement déclenché un tollé sur les réseaux sociaux et dans la classe politique française. Éric Ciotti, président des Républicains, est allé jusqu’à comparer le journaliste à un « influenceur algérien », reprenant une rhétorique hostile souvent utilisée contre l’Algérie. De son côté, Jordan Bardella, président du Rassemblement National, a dénoncé une « odieuse falsification de l’Histoire » et une « insulte aux rapatriés d’Algérie ».
Dans une tentative de clarification, Aphatie a répliqué sur X (ex-Twitter), raillant les critiques d’Éric Ciotti et appelant à une meilleure connaissance de l’histoire : « Il faut se plonger dans les livres pour comprendre le malheur qu’a parfois répandu le peuple français. Refuser de le faire, c’est s’interdire de connaître l’histoire de son propre pays. » Il a également invité les internautes à écouter l’émission dans son intégralité afin de mieux comprendre le contexte de ses propos.
Ah ah… l’humour de @eciotti Je ne savais pas que ça existait.
Il faut se plonger dans les livres pour comprendre le malheur qu’a parfois répandu le peuple français. Refuser de le faire, c’est s’interdire de connaître l’histoire de son propre pays.
Etonnant, non ? https://t.co/T236GvVgV7— jean-michel aphatie (@jmaphatie) February 25, 2025
Le déni de l’histoire coloniale française
Cette controverse révèle une fois de plus la difficulté pour la France d’affronter son passé colonial. Plutôt que d’engager une réflexion sur les crimes commis durant les 132 années d’occupation de l’Algérie, certains responsables politiques préfèrent attaquer ceux qui osent rappeler ces faits historiques. Loin d’être une falsification, les massacres coloniaux sont pourtant largement documentés par des historiens.
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Jean-Michel Aphatie, bien qu’étant un journaliste et non un chercheur spécialisé, s’est appuyé sur des faits avérés. Mais en France, évoquer ces vérités reste tabou et suscite systématiquement des réactions indignées, souvent déconnectées de la réalité historique. Cette crispation démontre à quel point l’histoire coloniale continue de hanter le débat public et divise profondément la société française.
Si la polémique actuelle reflète l’hostilité de certains cercles politiques à toute remise en question du récit national, elle met aussi en lumière le courage de ceux qui, comme Jean-Michel Aphatie, osent affronter les faits. La reconnaissance des crimes coloniaux reste une étape essentielle pour une réconciliation historique entre la France et l’Algérie.