Est-ce dangereux ?
Plusieurs études médicales se sont penchées sur les effets du jeûne du ramadan. Cependant, il n’existe pas de réponse claire à cette question.
Certaines études tendent à montrer que les bébés ne sont pas ou peu affectés par le jeûne de leur mère. D’autres suggèrent que les personnes dont les mères ont jeûné pendant la grossesse ont plus de problèmes de santé au cours de leur vie. Mais il est toujours difficile de comparer des études menées selon des méthodologies différentes. Une partie des résultats dépend peut-être de la santé de la mère avant sa grossesse.
Ce que nous savons :
- Plusieurs études ont été menées sur les poids de naissance des bébés. Il n’y a pas de différence entre les bébés nés de mères qui ont jeûné et ceux nés de mères qui n’ont pas jeûné pendant la grossesse.
- Pourtant, d’autres études montrent que les bébés nés de mères qui ont jeûné ont un poids de naissance inférieur à la moyenne. Mais ces études se sont concentrées sur une catégorie de femmes bien précise : celles plus susceptibles d’avoir un régime alimentaire pauvre, ou un apport calorique trop réduit.
- Certaines études se sont intéressées aux QI (quotient intellectuel) des bébés : aucune différence n’a été établie.
- D’autres études ont consisté à prélever des échantillons de sang chez des femmes enceintes qui jeûnent. Des changements ont été remarqués, mais ils ne semblent pas être de nature à affecter les bébés. Ces études ont également comparé les poids de naissance des bébés. Aucune différence n’a été constatée avec les bébés nés de mères qui n’ont pas jeûné.
Des experts ont émis l’hypothèse qu’une croissance fœtale inférieure à la moyenne et un travail prématuré pourrait être liés au jeûne. Certains spécialistes ont suggéré qu’un grand nombre de bébés naissait au début du ramadan, mais ces chiffres varient selon les pays. De plus amples recherches et des études plus poussées sont nécessaires afin de découvrir si le jeûne a réellement des effets négatifs sur la grossesse.
Sachez que les femmes dont le régime alimentaire et le mode de vie sont généralement sains semblent être plus à même de supporter un jeûne. Votre bébé a besoin de nutriments, et c’est vous qui les lui apportez. Si votre corps a stocké assez d’énergie, alors l’impact du jeûne peut être réduit.
Les effets sur votre grossesse dépendent également d’autres facteurs tels que :
- l’état d’avancement de votre grossesse ;
- la durée du jeûne ;
- si le Ramadan coïncide avec des périodes de chaleur et de longues journées ;
- votre état de santé général avant la grossesse.
Dans les pays où les jeûnes durent plus longtemps, et où les températures sont très hautes, la déshydratation devient une préoccupation centrale. Les pays plus proches de l’équateur ont tendance à connaître des périodes de jeûne plus courtes. Vérifiez les heures de jeûne en vigueur dans votre pays.
Que font les autres femmes ?
Beaucoup – et probablement la majorité – des femmes enceintes musulmanes choisissent d’observer le jeûne du Ramadan. Certains sondages indiquent que près de 70 % des futures mamans font le choix de jeûner. Bien sûr, chaque personne peut avoir une façon différente de faire le Ramadan. La plupart des chefs musulmans estiment que les femmes enceintes doivent observer le jeûne si elles sont en bonne santé. La grossesse ne constituerait pas une raison justifiant le non respect du jeûne. Néanmoins, ces mêmes chefs religieux déclarent aussi qu’une personne malade ou qui a un problème de santé tel que le diabète ne doit pas jeûner. Vous ne devez pas ignorer cette dérogation spéciale si vous sentez que le jeûne peut vous être néfaste, à vous ou à votre bébé. Vous êtes la seule, avec votre conjoint, à pouvoir juger de votre état de santé et pouvoir prendre la bonne décision pour vous et votre enfant. Parlez-en à votre famille, à votre gynécologue et à un Sheikh pour vous aider à y voir plus clair dans vos choix.
Y a-t-il des précautions à prendre avant de jeûner ?
Prévoyez la période de jeûne afin de faciliter le ramadan :
- Parlez-en à votre gynécologue : il peut faire le point sur votre état de santé et estimer les risques d’éventuelles complications, comme une anémie ou un diabète gestationnel. Un suivi médical plus poussé peut être proposé pendant le jeûne. Cela permettra de vérifier quelques points comme votre niveau de sucre dans le sang.
- Une infirmière ou un nutritionniste peut vous aider à définir vos besoins nutritionnels.
- Gardez un journal de vos repas, afin de toujours savoir ce que vous avez bu et mangé.
- Si en temps normal vous buvez beaucoup de boissons à base de caféine, comme du café, du thé ou du cola, essayez autant que possible de réduire ces boissons avant le jeûne. Vous éviterez ainsi les maux de tête « de sevrage ».
- Discutez de la situation avec votre employeur afin d’aménager vos horaires pendant le Ramadan. Dans certains pays, les heures de travail sont réduites pendant cette période.
- Préparez-vous à l’avance en faisant les courses avant le début du Ramadan.
Quelle est la meilleure façon de rompre le jeûne ?
- Assurez-vous que votre alimentation soit variée et saine. Buvez beaucoup pendant le repas de l’Iftar et du Suhûr.
- Choisissez des aliments qui libèrent lentement leur énergie dans votre corps : dattes, haricots secs, lentilles, etc.
- Évitez les aliments sucrés. Ils augmenteraient rapidement votre niveau de sucre dans le sang. En effet, ce taux de sucre va baisser très vite après coup, ce qui peut causer des évanouissements ou des vertiges.
- Assurez-vous d’ingérer beaucoup de protéines, sous forme de haricots secs, de noix, de viande et d’œufs bien cuits. Les protéines sont essentielles pour la croissance de bébé.
- Buvez beaucoup entre le coucher et le lever du soleil. Vous risquez en effet de souffrir rapidement de déshydratation, surtout si le Ramadan a lieu pendant les mois chauds de l’année.
À quels signes dois-je faire attention ?
Contactez rapidement votre médecin si :
- vous avez des vertiges, vous vous sentez faible ou fatiguée. Reposez-vous une demi-heure et voyez si vous vous sentez mieux. S’il n’y a pas d’amélioration, appelez votre médecin ;
- vous vous êtes évanouie ;
- vous êtes nauséeuse ou vomissez ;
- vous remarquez des changements dans les mouvements de bébé. Si vous trouvez que bébé ne bouge pas autant que d’habitude, et qu’il ne donne pas de coups de pied : il est très important d’en parler rapidement à votre obstétricien ;
- vous avez très soif ou que vos urines deviennent foncée et très odorantes : ce sont des signes de déshydratation ;
- vous avez des douleurs comme des contractions. Il pourrait s’agir de signes d’un travail prématuré et vous devez absolument être examinée rapidement ;
- vous ne prenez pas de poids, ou vous en perdez ;
- vous avez des maux de tête, d’autres douleurs, ou de la fièvre.
Comment puis-je rendre plus facile le jeûne pendant la grossesse ?
- Planifiez vos journées de telle sorte que vous pourrez faire des siestes régulières, ou du moins vous reposez souvent.
- Évitez de devoir marcher sur de longues distances ou de porter des objets lourds, comme les sacs de courses.
- Restez au frais : vous pourriez vous déshydrater facilement et c’est risqué pour vous et pour bébé.
- Réduisez les tâches ménagères, faites-en le moins possible.
- Demandez conseil aux autres femmes de la famille pour mieux surmonter cette période.
- Mangez avec discernement au moment de la rupture du jeûne.
En général, allez-y doucement et acceptez l’aide qu’on vous offre. Et même si le reste de votre famille et vos amis se couchent tard, vous pourriez avoir besoin de suivre ce Ramadan plus calmement, et en vous reposant beaucoup.
Je ne sais toujours pas si je dois jeûner ou non : que dois-je faire ?
- Discutez de vos craintes ou de vos interrogations avec votre famille et votre Sheikh.
- Parlez à votre médecin et faites un bilan de santé global avant le Ramadan. Un Sheikh pourrait lui-même demander un avis médical avant de vous conseiller d’observer ou non le jeûne cette année.
- Vous pouvez toujours essayer de jeûner un ou deux jours. Voyez comment vous vous sentez, et retournez voir le médecin à l’issue de ce test pour un nouveau bilan.
Approuvé par l’équipe médicale France
Dernière vérification : juillet 2013