À moins de deux ans de la tenue des Jeux méditerranéens d’Oran, la première impression forte qui se dégage de la rue, c’est que rien n’a été fait pour mettre la ville au diapason de l’importance de l’événement autant sur les plans sportif, structurel qu’environnemental.
Si les autorités locales se démènent pour être au rendez-vous des infrastructures physiques, il semble que l’aspect ornemental, esthétique et cette touche verte devenue indispensable dans la logique des organisateurs ne soit pas une priorité pour les gestionnaires locaux.
Fayçal Anseur, formateur et entrepreneur en permaculture et fondateur d’AgroPerma, une entreprise de formation dans le domaine, estime que la solution réside dans la permaculture urbaine qui peut solutionner une grande partie des problèmes posés. Dans ses projets, un dossier pour la ville d’Oran qui repose sur les principales recommandations de la permaculture.
Pour lutter contre le déficit hydrique induit par le changement climatique, il préconise de créer ou de renforcer, si elle existe, la ceinture verte qui relie le littoral à l’intérieur des terres “pour permettre une pluviométrie conséquente”. Le deuxième point abordé est la plantation d’arbres feuillus “en évitant les résineux connus pour stériliser les sols et en étant hautement inflammables”, explique-t-il.
La plantation des arbres en ville est également la solution à envisager à court terme puisqu’ils permettent de séquestrer le carbone, de filtrer l’air et d’être des régulateurs thermiques. Fayçal Anseur conseille aussi d’impliquer les paysagistes et les botanistes dans les futurs plans d’urbanisation d’Oran et d’intégrer dans la conception d’habitats, des espaces verts avec des jardins d’ornement et des potagers partagés ainsi que des toits végétalisés dont l’avantage premier est de capter l’eau de pluie et de faire office d’isolation thermique et sonore.
“Cette solution permettra de réduire le coût de gestion des eaux pluviales si on associe cela à un système de captation et de stockage des eaux de pluie”, ajoute-t-il, par ailleurs. Si Oran possède près de 80 ha de bâti, précise-t-il, et avec quelque 300mm de pluie annuels en moyenne, ce système peut récupérer l’équivalent d’une centaine de piscines olympiques qui peut être utilisé dans l’irrigation des espaces verts.
Concernant les potagers urbains, il préconise de mettre à profit tout terrain qui est en friche ainsi que le jardin de l’Étang, Canastel et d’autres sites en encourageant le fleurissement des balcons et l’agriculture urbaine qui peut être créatrice d’une économie locale verte de proximité pour lutter contre le chômage.
Une agriculture qui repose sur l’apiculture, la culture des champignons dans les caves, la gestion et la valorisation des déchets organiques en compost. “Les collectivités locales peuvent installer des biocomposteurs au pied de chaque immeuble”, propose notre interlocuteur qui appelle à l’installation de jardins pédagogiques au niveau des écoles pour sensibiliser les enfants et, par ricochet, leur entourage à la solution verte.
Fayçal Anseur, qui a déjà organisé une formation portant sur le “design en permaculture” du 1er au 12 avril dernier à l’Institut de technologie moyen agricole spécialisé d’Aïn Témouchent (Itmas) et qui a programmé une autre formation à l’Itmas d’Alger en septembre prochain dans le cadre d’une tournée nationale de sensibilisation, sollicite les autorités locales et centrales en vue de lui octroyer un terrain pour lancer une ferme modèle dans la wilaya d’Oran. Un lieu qui servira à nouer des partenariats locaux et nationaux pour la formation des demandeurs d’emploi aux métiers de l’agro-écologie et proposer des solutions naturelles et économiquement viables à des professionnels de l’agriculture.
Saïd Oussad