En ce mois d’août, le front de mer Kotama, dans la ville de Jijel, connaît une ambiance animée dès la tombée de la nuit.
Une simple virée dans cette partie de la ville nous renseigne sur le grand flux d’estivants, essentiellement des familles qui se dirigent vers cet endroit pour profiter de la brise charriée par la mer. Une dizaine de chapiteaux sont dressés tout le long de ce front de mer par des jeunes vendant des produits artisanaux et autres objets décoratifs.
Ce coin longeant la plage de Casino est pris d’assaut quotidiennement par une nuée de visiteurs à la tombée de la nuit.
Jouxtant ces chapiteaux, des villas dont les propriétaires ont transformé le rez-de-chaussé en restaurants et pizzerias avec terrasse pour rentabiliser leurs biens en ces temps où l’argent. De nombreux habitants de ce quartier ont tiré profit de la cession des biens vacants au début des années 1980 au prix symbolique. On doit faire tout une gymnastique pour se frayer un chemin au milieu de la foule déambulant le long de ce front de mer composée essentiellement de familles estivantes à la recherche de fraîcheur et de détente.
La nouveauté de cette saison estivale est que les services de la commune ont réglementé les parkings dans cette partie de la ville. Cependant, certains estivants ont déploré le prix exorbitant de droit de stationnement qui est de 100 da.
Lors de notre passage dans ces lieux, nous avons été désagréablement surpris par l’insalubrité des lieux : des bouteilles de tous genres et des sachets d’ordures éventrées jonchant le sol à chaque coin de cette partie de la ville dégageant des odeurs nauséabondes. Un peu plus loin en allant vers l’hôtel Kotama, du nom de la tribu berbère dont est issue la population de la région de Jijel, on trouve des jeunes marchands ambulants qui vendent du thé, des beignets et des jouets pour enfants.
Un fait intrigant : prendre une douche coûte 100 DA. Imaginez une famille composée de cinq personnes. Il y a lieu de souligner que de l’avis de nombreux estivants interrogés par nos soins concernant les services, ceux-ci demeurent en deçà de leurs attentes.
Pour ce qui est des prix, ils affirment qu’ils demeurent abordables contrairement aux années précédentes. Par exemple, une bouteille d’eau minérale coûte entre 40 et 50 DA dans les kiosques. Certains gérants de buvette et fast- food dressent des tables et des chaises à même le sable en vue d’offrir plus de plaisir aux clients, essentiellement des familles venues des quatre coins du pays, nous a confié Omar, serveur dans une buvette.
A proximité de la plage, on trouve toutes sortes de jeux pour enfants appartenant à un opérateur privé connu sur la place locale. Et les prix des billets demeurent à la portée des bourses moyennes.
Sur le sable, on croise des jeunes vendeurs à la sauvette dont certains sont des étudiants qui profitent de l’été pour se faire un peu d’argent. Ils dressent des étals de fortune pour vendre thé, beignets, mahdjebs dans des conditions d’hygiène qui laissent à désirer. La location chez l’habitant dans ce quartier très prisé reste chère vu sa proximité de cette splendide plage.
«J’ai loué un étage de villa à 9 000 DA la nuitée à un Algérois», nous a confié un gérant d’une agence immobilière sous couvert de l’anonymat.
La veillée nocturne sur le front de mer Kotama (ex-Casino du nom de l’hôtel durant l’époque coloniale) se poursuit jusqu’à une heure tardive de la nuit avec le va-et-vient incessant de estivants à la recherche d’un peu de fraîcheur et de farniente dans une ville hantée par le silence de la nuit et ses confessions intimes et tournée vers la mer.
Bouhali Mohammed-Cherif