L’escrimeuse Inès Boubakri a ouvert le compteur pour la Tunisie à Rio. La fleurettiste a décroché une médaille de bronze historique pour son pays et pour tout le continent africain aux Jeux olympiques.
Quatre ans après sa déconvenue aux Jeux de Londres, l’escrimeuse Inès Boubakri a pris sa revanche à Rio. Alors qu’elle s’était inclinée en quarts de finale en 2012, la Tunisienne a remporté mercredi 10 août une médaille de bronze au Brésil.
Après avoir été battue en demi-finale par l’Italienne Elisa Di Francisca, Inès Boubakri est allée au bout d’elle-même dans la petite finale en s’imposant face à la Russe Aida Shanaeva. À 27 ans, la fleurettiste est entrée dans l’histoire de son pays en décrochant la première médaille olympique de l’escrime tunisienne, et la première pour une femme africaine.
Très émue par cette performance, celle qui a peint ses ongles aux couleurs du drapeau tunisien pour ces JO a dédié sa médaille à ses compatriotes : « J’espère que ça sera un message pour tous les Tunisiens. Pour la femme tunisienne, pour la femme arabe ! Pour dire qu’il faut y croire, la femme existe, elle a sa place dans la société ! J’espère que ça sera un message pour les jeunes, surtout ».
De mère en fille
Inès Boubakri a l’escrime dans le sang. Elle est en effet la fille de Henda Zaouali, qui avait elle-même participé aux Jeux d’Atlanta en 1996. C’est elle qui a commencé à lui faire pratiquer ce sport dès l’âge de cinq ans. « Je suivais ma maman, Henda Zaouali, dans les salles d’escrime et sur les lieux de compétitions », a-t-elle raconté il y a quelques années lors d’une interview. « À la question ‘pourquoi l’escrime ?’, de toute évidence, ma maman m’a transmis sa passion. Comme elle, je fais du fleuret. »
Mais faute de véritables moyens en Tunisie et de concurrence pour progresser, l’escrimeuse a dû rejoindre la France à 19 ans, plus précisément le club de Bourg-la-Reine : « J’ai choisi la France car elle est réputée dans ce sport. Si je suis venue à Bourg-la-Reine, c’est grâce à un ami maître d’armes qui m’avait dit que ce club faisait partie des meilleurs clubs français. J’y ai découvert un lieu d’entraînement qui me convenait, avec de l’opposition et un entraîneur, Yann Detienne. Avec lui, j’ai trouvé une entente sur le plan sportif et humain ».
« Je fais partie des meilleurs »
La Tunisienne y a aussi trouvé l’amour. Elle est en effet mariée avec le fleurettiste français Erwann Le Péchoux, huitième de finaliste de l’épreuve masculine aux Jeux de Rio. Très proche de l’équipe tricolore, elle s’entraîne aussi régulièrement avec les escrimeuses françaises à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep).
Déjà médaillée de bronze aux Mondiaux en 2014 à l’épée, Inès Boubakri a ajouté une nouvelle ligne à son palmarès et est définitivement entrée dans la cour des grands, comme elle l’a confié à la radio tunisienne Mosaïque FM : « On dit souvent que je suis la petite Tunisienne, plusieurs personnes ont confiance en moi alors que d’autres non (…), je voulais prouver que j’existe et que je fais partie des meilleurs ». Mission réussie.