Selon Kerry la pression sur Daesh commence à avoir des effets
Le président François Hollande rencontrera Barack Obama à Washington mardi 24 et Vladimir Poutine deux jours plus tard, dans le cadre de la lutte contre l’organisation Etat islamique et du règlement de la situation en Syrie.
Hier, la Syrie a été au coeur des entretiens entre François Hollande et le secrétaire d’Etat américain John Kerry, alors que les deux pays ont renforcé leur coopération militaire, notamment en termes d’échanges de renseignements pour les dernières frappes françaises à Raqa.
Signe des temps, c’est ce même moment qu’ont choisi les ministres des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (Qatar, Arabie, EAU, Koweit, Bahrein, Oman) pour apporter leur soutien à la France et appeler à une lutte commune contre le terrorisme pour «déraciner ses organisations hostiles à la civilisation humaine».
L’intervention militaire en Syrie, où plusieurs années de bombardements de la coalition n’ont pas changé grand chose à la situation sur le terrain, aura été, sans nul doute, le sujet majeur de la rencontre entre le chef de la diplomatie américaine John Kerry et le président français Hollande auquel ont été transmises de vive voix les condoléances du peuple américain.
Les deux pays ont déjà annoncé le renforcement de leur coopération militaire, surtout dans le domaine des échanges de renseignements. Reste la question d’une coalition avec la Russie sur laquelle il semble bien que François Hollande a adopté un virage contraint et forcé par les récents attentats.A cet égard, le président français François Hollande rencontrera Barack Obama à Washington mardi 24 et Vladimir Poutine deux jours plus tard, dans le cadre de la lutte contre l’organisation Etat islamique et du règlement de la situation en Syrie, a annoncé hier la présidence françaiseLa pierre d’achoppement a jusque-là concerné Bachar al Assad mais la prise de conscience semble faite quant au manque cruel d’informations sur l’Etat islamique que les services de renseignements syriens restent les mieux à mêmes de la fournir.
Dès son arrivée à l’Elysée, John Kerry a donné le ton de la nouvelle stratégie «Nous vaincrons Daech et tous ceux qui partagent son idéologie méprisable (…). Nous les combattrons ensemble, et nous vaincrons», a déclaré à la presse John Kerry, peu après son arrivée dans la capitale française lundi soir. Il avait exprimé dès samedi, en français, la solidarité de Washington à l’égard de son «plus vieil allié» meurtri par des «actes abominables et maléfiques». La France quia sollicité et obtenu le soutien de l’Union Européenne, en vertu de l’article 47.2 des traités régissant cette entité, va du reste exprimé ses besoins militaires, notamment, en prévision de cet engagement radical. Elle le fera d’autant plus à l’aise que Vladimir Poutine a ordonné, dans la même journée, à la marine russe en Méditerranée de coopérer avec les «allié français». Fort du soutien des Etats-Unis et, chose impensable voilà seulement deux semaines, de la Russie, le président français François Hollande a promis de «détruire» l’organisation jihadiste État islamique (EI) qui a revendiqué les attentats, qu’il a qualifiés de «terrorisme de guerre». «Les actes de guerre de vendredi ont été décidés et planifiés en Syrie, préparés et organisés en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises», a affirmé lundi le chef de l’Etat devant le Congrès réuni à Versailles. Face à la menace, l’état d’urgence décrété vendredi soir en France est en effet jugé insuffisant par l’exécutif, qui va soumettre au Parlement une révision de la Constitution pour créer «un régime civil d’état de crise», qui permettrait de prendre en compte le «caractère spécifique de la menace terroriste, selon une source gouvernementale. Lundi, la France entière a observé à midi une minute de silence en hommage aux victimes, souvent jeunes et de 19 nationalités, dont les visages souriants étaient relayés par les médias et les réseaux sociaux. Un moment de recueillement qui s’est prolongé hier soir à Londres, lorsque l’équipe de France de football affrontait l’Angleterre au stade de Wembley pour une rencontre amicale à l’enjeu sportif dérisoire, mais où le public devait rendre un vibrant hommage aux victimes. La presse d’Outre-Manche a même invité les spectateurs londoniens à apprendre les paroles de la Marseillaise et à l’entonner avant et pendant la rencontre, alors que l’arche surplombant le temple du football anglais s’est parée de bleu-blanc-rouge et que la devise française (Liberté, Egalité, Fraternité) s’affichait sur la façade du stade. Les autorités belges ont en revanche décidé lundi soir d’annuler la rencontre amicale Belgique-Espagne prévue hier au stade Roi Baudouin, et relevé le niveau d’alerte terroriste pour l’ensemble du pays. Quant à l’enquête sur les attentats, qui ont fait 129 morts et 352 blessés près du Stade de France, dans la salle du Bataclan et dans plusieurs bars et restaurants de la capitale, elle a permis l’identification de cinq des sept kamikazes.
Les enquêteurs ont aussi évoqué un jihadiste belge qui vivrait en Syrie, Abdelhamid Abaoud, dont ils n’excluent pas qu’il soit «l’inspirateur» des attaques. L’enquête s’est accélérée, notamment du côté des ramifications belges. Deux suspects ont été inculpés lundi à Bruxelles pour «attentat terroriste», mais une vaste opération policière dans le quartier populaire bruxellois de Molenbeek n’a pas permis d’appréhender un suspect-clé des attaques, Salah Abdeslam, toujours traqué et visé par un mandat d’arrêt international. C’est dans cette ambiance fièvreuse que le porte-avions Charles-de-Gaulle, avec 26 chasseurs à bord, va appareiller jeudi pour la Méditerranée orientale afin de permettre à la France d’»intensifier» ses actions, comme l’a promis François Hollande.