John Kerry a prolongé pendant le week-end son séjour au Proche-Orient pour d’autres rencontres avec les dirigeants palestiniens et israéliens, mais ses discussions ne semblent pas avoir débouché sur des avancées concrètes.
Le secrétaire d’Etat américain a néanmoins exprimé son « optimisme prudent » avant de s’envoler vers l’Asie, en annonçant qu’il serait bientôt de retour dans la région.
« Je suis ravi de vous dire que nous avons effectué de véritables progrès au cours de cette visite. Et je pense qu’avec un peu plus de travail, l’ouverture de négociations sur un statut final pourrait être à portée de main », a dit John Kerry à l’aéroport de Tel Aviv.
« Il y avait des écarts très importants lorsque nous avons commencé et nous les avons considérablement réduits », a-t-il poursuivi, sans entrer dans les détails. « Nous progressons. C’est ce qui est important et c’est ce qui me fera revenir ici. »
Après six heures d’entretien en pleine nuit à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le secrétaire d’Etat américain s’est rendu par la route à Ramallah pour une ultime discussion avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Selon John Kerry, les deux hommes lui ont demandé de « revenir rapidement », ce qu’il interprète comme un « signe qu’ils partagent mon optimisme prudent ».
Saeb Erekat, le principal négociateur palestinien, a pour sa part jugé qu’il y avait « du progrès mais on ne peut pas parler de percée ».
Saeb Erekat a précisé qu’il aurait d’autres entretiens avec des responsables américains après le départ du secrétaire d’Etat, qui effectuait sa cinquième mission dans la région depuis sa nomination au début de l’année.
Dans une déclaration faite lors d’un Conseil des ministres ayant suivi sa rencontre avec John Kerry, Benjamin Netanyahu n’a livré aucun signe pouvant laisser penser qu’une reprise des négociations de paix entre les deux camps était envisageable dans un avenir proche.
« Israël est prêt à entamer des négociations sans délai, sans préalable, et nous ne plaçons aucun obstacle à la reprise d’entretiens entre nous et les Palestiniens sur le statut définitif pour un accord de paix permanent », a-t-il dit.
Un responsable israélien, qui a requis l’anonymat, a indiqué que Mahmoud Abbas demandait à Israël la libération de dizaines de détenus palestiniens, en signe de bonne volonté.
Benjamin Netanyahu juge que cette question ne pourra pas être abordée avant une reprise des pourparlers, a précisé ce responsable.
RENOUER LE DIALOGUE
Le ministre israélien de la Défense civile, Gilad Erdan, a lui aussi tempéré samedi soir les espoirs d’une reprise rapide des négociations israélo-palestiniennes. Interrogé sur la deuxième chaîne de la télévision israélienne et prié de dire si une telle reprise était imminente, il a répondu: « A mon grand regret, pour le moment, non… » Il a mis en cause les « conditions préalables » posées par Mahmoud Abbas.
Vendredi, John Kerry s’était entretenu tour à tour avec Mahmoud Abbas, en Jordanie, puis dans la soirée avec Benjamin Netanyahu à Jérusalem.
Cette dernière entrevue, particulièrement longue, était initialement prévue seulement pour samedi et le chef de la diplomatie américaine avait pris la décision de retourner à Amman samedi pour un nouvel entretien avec Mahmoud Abbas.
Les dernières négociations directes entre Israël et les Palestiniens ont tourné court en 2010 en raison de profondes dissensions sur les colonies de peuplement juives en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est – territoires que l’Autorité palestinienne entend englober dans un futur Etat.
Pour Mahmoud Abbas, ces implantations sont illégales, une vue partagée par la quasi-totalité de la communauté internationale, et elles doivent cesser avant toute reprise du dialogue. Israël refuse ce préalable, tout en mettant une sourdine à son programme de construction de colonies.
Nabil Abou Rdaineh, porte-parole de Mahmoud Abbas, a réclamé une « réponse claire » des Israéliens sur la question des colonies, mais aussi sur celle des frontières, avant que des négociations puissent reprendre.
Le chef de la diplomatie américaine reste très discret sur la manière dont il entend parvenir à rapprocher les deux camps. Mais il a fait savoir qu’il n’aurait pas repris son bâton de pèlerin s’il n’avait pas cru à la possibilité de progrès.
Benjamin Netanyahu semble redouter que, sans reprise des négociations de paix, les Palestiniens ne prennent une nouvelle initiative à l’occasion de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies, fin septembre, qui a déjà reconnu de facto un Etat palestinien indépendant en 2012.
« Nous n’allons pas nous enfermer dans des délais artificiels. Ce serait une grande erreur », a dit John Kerry.