Lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision française CNEWS, Jordan Bardella, président du Rassemblement National (RN), a tenu des propos controversés sur la relation entre la France et l’Algérie. « Nous avons donné son indépendance à l’Algérie, il faut maintenant qu’elle nous donne la nôtre », a-t-il déclaré, ravivant ainsi les tensions historiques entre les deux pays.
“Le FLN est une organisation terroriste”
Au cours de l’émission, Bardella a critiqué la politique étrangère d’Emmanuel Macron, estimant que ce dernier entretient un rapport « intrigant » avec l’histoire de France. Il a rappelé les déclarations du président français en 2017, lorsqu’il avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité ». Bardella a également pointé du doigt l’hommage rendu par l’ex-ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin aux martyrs algériens du FLN, qu’il a qualifié de « terroristes ayant commis des atrocités contre la France et ses citoyens », et il a jouté « Nous avons donné son indépendance à l’Algérie, il faut maintenant qu’elle nous donne la nôtre »
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Toutefois, cette interprétation omet un pan essentiel de l’histoire : la colonisation française en Algérie a été marquée par des massacres, des exactions et une politique de répression brutale contre la population algérienne. Le Front de Libération Nationale (FLN) était un mouvement de résistance visant à libérer le pays du joug colonial. L’Algérie n’a pas obtenu son indépendance par une « générosité » française, mais au prix d’un combat acharné et de lourds sacrifices.
Mais à qui s’adresse-t-on ? À des personnes qui refusent d’accepter la réalité et sanctionnent ceux qui osent la dire.
Immigration et coopération : des positions radicales
Bardella a également critiqué la politique migratoire française et les accords bilatéraux entre les deux pays. Selon lui, la France doit adopter une posture plus ferme face à l’Algérie en revoyant les accords de 1968 sur la circulation des personnes, en suspendant l’octroi de visas aux ressortissants algériens et en stoppant l’aide financière versée chaque année à Alger. Il a également proposé d’interdire aux dirigeants algériens de venir se faire soigner en France.
Ces déclarations s’inscrivent dans un discours politique populiste visant à galvaniser une partie de l’électorat français en instrumentalisant les relations franco-algériennes. Pourtant, la coopération entre les deux pays repose sur des intérêts mutuels économiques, stratégiques et diplomatiques.
Une diplomatie à géométrie variable
Bardella a également accusé Emmanuel Macron d’être « fort et dur » avec Vladimir Poutine, mais « docile et faible » avec Abdelmadjid Tebboune. Il a dénoncé le refus de l’Algérie d’accueillir certains de ses ressortissants expulsés de France, alors que d’autres Franco-Algériens comme Abdesslame Boucouareb recherchés par la justice algérienne ne sont pas extradés par Paris.
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Ce discours met en lumière une contradiction notoire dans la politique française : pourquoi exiger de l’Algérie qu’elle accepte tous ses ressortissants expulsés alors que la France refuse de livrer certaines personnalités recherchées par la justice algérienne ?
Un débat stérile ou une réelle remise en question ?
Les propos de Bardella s’inscrivent dans une rhétorique visant à durcir la politique migratoire française et à critiquer la relation franco-algérienne sous prétexte de restaurer une forme d’autorérité nationale. Toutefois, la relation entre les deux pays ne saurait se réduire à un affrontement verbal. Elle repose sur une histoire complexe et des intérêts réciproques qui exigent un dialogue constructif plutôt qu’une escalade de tensions.
En fin de compte, le respect entre nations ne se décrète pas : il se construit sur des bases solides de coopération et de reconnaissance mutuelle.