Près de 200 films ont été réalisés par des Algériens, durant la période post-indépendance, a souligné hier, Mme Rafika Kasri, vice présidente du Conseil de la Nation.
S’exprimant à l’ouverture des travaux d’une journée d’études placée sous le thème «Révolution algérienne : Son et images», Mme Kasri a indiqué que «cette période, des années 1960 et 1970, constitue, en fait, l’âge d’or du cinéma algérien». L’oratrice précisera cependant que «cette étape du cinéma algérien est la deuxième. Elle a été précédée, en effet, par celle d’avant le recouvrement de l’indépendance nationale qui a vu la naissance du cinéma algérien, soutient-elle. Avec très peu de moyens, des moudjahidine, dotés par ailleurs d’indéniables talents, ont pu produire, avec l’aide de certains amis de la Révolution, des films consacrées aux batailles de la guerre de Libération nationale, mais aussi au parcours militant de nombre de héros algériens. Axant une bonne partie de son intervention sur ce qu’elle qualifie de «l’âge d’or du cinéma algérien», Mme Rafika Kasri citera, à titre d’exemple, des noms d’artistes qui ont brillé par l’excellence de leurs œuvres, à l’image de Djamel Chanderli, Mohamed Lakhdar Hamina, Ahmed Rachedi, etc. La nuit a peur du soleil, de Mustapha Badie 1965, Le vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina en 1966, L’opium et le bâton, d’Ahmed Rachedi, 1969, etc., sont autant de films qui restent gravés, à jamais, dans la mémoire des Algériens. La période suivante —celle de la tragédie nationale durant les années 90— est la pire de toutes, puisque tout ce qui représentait le cinéma, la réflexion et la culture était notamment ciblé par la horde terroriste. Il faut dire, cependant, que nombre de travaux ont pu, tout de même, être accomplis. Ces derniers traitaient alors du terrorisme, de l’immigration et la situation socio-économique dans notre pays. Remarque importante à retenir, c’est lors de cette troisième étape du cinéma algérien qu’a été tourné le premier film en langue amazighe. La colline oubliée, est un film d’Abderrahmane Bouguermouh en 1997. Ce film a été suivi par d’autres en langue amazighe, note Mme Rafika Kasri. Enfin, la quatrième et dernière étape s’étale de 2002 à nos jours. Grâce à la politique éclairée du Président de la République et la Réconciliation nationale, le secteur de la Culture a pu être relancé pour connaître ensuite une réelle redynamisation. Nombre de films sont produits depuis cette année de 2002.
Plus de 80 films produits en 2007
A noter, également, que des manifestations d’envergure et des festivals ont pu être organisés, depuis, à l’image notamment de «l’Année de l’Algérie en France», en 2003. L’oratrice fera remarquer que pour la seule année 2007, année de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe «, plus de 80 films ont été présentés dans ce cadre. Plusieurs manifestations ont suivi ensuite, de «Tlemcen, capitale de la culture islamique, en 2011» à «Constantine, capitale de la culture arabe en 2015», en passant par l’anniversaire du «Cinquantenaire de l’indépendance en 2012» et du «Soixantenaire du déclenchement de la Glorieuse Révolution, en 2014». Sur le plan réglementaire, c’est également au cours de cette période qu’est sortie la loi relative à la cinématographie ; une loi qui devrait connaître prochainement une révision, comme annoncé récemment.
La vice-présidente du Conseil de la Nation avait au préalable entamé son exposé en saluant «les bonnes conditions» dans lesquelles s’est déroulé l’ensemble du processus électoral de même qu’elle soulignera, dans ce même contexte, le satisfecit des observateurs internationaux qui étaient sur le terrain lors du vote. Mme Kasri félicitera à cette occasion, le peuple algérien, toutes tendances politiques confondues, suite au succès du scrutin, de même que les députés élus par le peuple algérien, émettant le souhait, par la même occasion, de voir la poursuite du parachèvement du processus démocratique et être à la hauteur des aspirations politiques, socio-économiques et culturelles du pays, à la lumière de la concrétisation des principes et valeurs constitutionnelles.
Se succédant à la tribune, les trois hôtes conviés à animer cette journée d’études, MM. Ahmed Bedjaoui, Mourad Ouznadji et Ahmed Rachedi, respectivement, chercheur en histoire et spécialiste du cinéma algérien, critique et réalisateur, se sont exprimés sur cette corrélation qui existe entre l’histoire et la cinématographie, mettant l’accent sur la contribution des œuvres cinématographiques dans la préservation de la mémoire collective. Il faut dire que Le débat qui s’en est suivi a été très riche et marqué par plusieurs demandes d’interventions, notamment celle du ministre de la Culture qui signale qu’il faut s’abstenir de toute fiction lorsqu’il s’agit de films entièrement dédiés à une personnalité historique. Autre fait important, mis en relief : le ministre recommande de traiter dans les films historiques de l’ensemble de nos héros, en remontant de la période numide jusqu’à la glorieuse Révolution de 1954.
Cette journée d’études rehaussée par la présence du président de la chambre haute du Parlement et par des membres du Gouvernement, a été marquée par une forte participation de représentants de nombreuses institutions du pays, de valeureux moudjahidine et d’artistes de renom.