A l’instar des autres régions du pays, Bouira a voulu marquer l’événement en se démarquant de l’éternelle journée de boisement.
La Journée mondiale de la montagne est célébrée le 11 décembre de chaque année. C’est une occasion pour revenir sur un potentiel inexploité quand l’Algérie par la bouche de ses responsables lance un cri de détresse en ces moments de disette où le baril continue sa descente aux enfers. A l’instar des autres régions du pays, Bouira a voulu marquer l’événement en se démarquant de l’éternelle journée de boisement. «Chaque année à la même date, on se limitait à la mise en terre de quelques pins d’Alep.
Cette année, nous avons voulu montrer l’importance de ce segment d’une agriculture appelée à libérer l’Algérie de la dépendance alimentaire», nous confie l’actuel premier responsable de la Chambre d’agriculture. En plus d’être un moyen d’autosuffisance, l’agriculture de montagne est appelée à freiner l’exode vers les villes et la désertion de nos campagnes. Les opportunités sont multiples quand elles sont bien exploitées. La célébration s’est limitée à une petite exposition de produits au niveau du centre culturel de la ville de Haïzer. «C’est là une première qui permettra aux touristes qui se dirigent vers la station d’hiver de découvrir des produits spécifiques à la montagne», ajoutera notre interlocuteur.
L’agriculture de montagne demeure une alternative surtout que notre pays dispose de chaînes de montagnes qui se prolongent d’est en ouest entre la mer et les Hauts-Plateaux et peuvent se résumer à 7 millions d’hectares dont la moitié est un espace boisé, forestier et 1 million d’hectares de terres cultivables. Même si le ministère de tutelle a placé cette journée sous le thème «la promotion des produits de montagne», la réalité du terrain ne laisse pas présager un quelconque avenir à cette agriculture, du moins pour le moment. Selon une classification du Bureau national d’études de développement rural (Bneder), notre pays compte plusieurs wilayas où les produits de montagne peuvent être mis en valeur, à l’instar de Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Skikda, Guelma, Relizane, Aïn Defla, Tissemsilt, Chlef, Blida, Mila, El Taref, Mascara, Tipasa, Médéa, Bordj Bou Arréridj, Annaba, Sétif, Constantine, Batna et Bouira. Ce potentiel agraire est estimé à 7565. 000 ha et il se compose comme suit: la montagne, soit une pente de 25%, représente 1870.000 ha, les hauts piémonts 12 à 25% de pente, équivalent à 5080.000 ha et enfin les bas piémonts, mois de 12% de pente, sont de l’ordre de 611.500 ha. Les zones forestières, constituent quant à elles pas moins de 31% de la surface globale, soit 2342.300 ha. La montagne dans la wilaya de Bouira regorge d’une variété arboricole en mesure de permettre la création de tout une industrie.
Les hauteurs de Saharidj offrent un écosystème favorable à la production des châtaignes. Le caroubier, le mûrier sont d’autres variétés que le climat favorise. Le miel, les essences, les plantes médicinales, le jujubier, le figuier de Barbarie, l’olivier et les figuiers, cardes sauvages… les fruits dits de montagne, comme les arbouses, les mûres, les câpres, les glands et plusieurs autres espèces de la flore représentent des créneaux à développer et à faire sortir d’une exploitation ancestrale et familiale vers une production plus intense.
Pour cela, il faut accorder une plus grande importance au sujet. Pour le P/APC de Haïzer, l’intensification de la production passe nécessairement par la mise en place de moyens. Pour les hauteurs de Haïzer et malgré la ferme détermination des natifs à exploiter leurs terres, les projets du plan d’aménagement de la wilaya qui ont prévu des télésièges entre Haïzer et la dent du Lion et celui qui reliera Slim à Thighzart sont toujours de l’encre sur papier. L’agriculture de montagne qui garantit des produits de label ne peut se concrétiser qu’avec la réalisation des projets inscrits au PND.
Le manque de pistes, le chemin communal entre Thagnits et Ighil Ifrène, dégradé par un glissement de terrain, sont autant d’obstacles qui se dressent devant l’essor de cette activité paysanne. C’est dans l’optique d’une redynamisation de l’agriculture de montagne que pour la première fois, la DSA, la Chambre d’agriculture, la direction des forêts, la direction de l’environnement, la direction du parc du Djurdjura ont fait appel aux professionnels du secteur hier à Haïzer. Qui mieux qu’un expert pour faire le diagnostic de la situation? «En Algérie, on a oublié la montagne et on l’a détruite. Les produits du terroir ont été dépréciés et laissés à l’abandon et ce, par rapport à deux facteurs très importants: le partage de l’héritage qui a été morcelé au fil du temps et aussi du fait que ce patrimoine n’a pas été entretenu par les villageois et encore moins les autorités. De facto, il n’y a plus les mêmes arbres et les mêmes plantes dans nos montagnes. «On ne retrouve plus les oliviers d’antan, ni les figuiers et encore moins les vergers dans leur ensemble», disait un agronome – expert de Bouira dans les colonnes d’un quotidien national. C’est cette situation que les différents partenaires tenteront de bannir pour donner à la montagne sa vraie place dans le développement durable.