La journée d’étude sur « l’investissement en Algérie, défis et perspectives » organisée par l’APN, en partenariat avec le FCE a été marquée par une vive polémique autour d’un point inclus dans le programme de la journée, à savoir la mise en place d’une commission APN-FCE.
«C’est un coup d’Etat contre une institution de la République. Ce qui s’est passé aujourd’hui est une grave dérive dans l’histoire de l’Algérie », a dénoncé d’emblée Ramdane Taâzibt, député du PT qui n’a pas cessé de tirer à boulets rouges sur le FCE.
Selon le parlementaire, les hommes d’affaires veulent influencer les décisions de toutes les institutions de la République à commencer par les différents ministères pour arriver à l’APN à travers ce fameux « Comité de travail APN-FCE », alors que la majorité des partis politiques, locataires de l’hémicycle de Zighoud Youcef n’ont pas été concertés.
Réagissant aux critiques des représentants du Parti des Travailleurs, Ali Haddad, président du FCE, a tenu à écarter toute volonté de la part de l’organisation patronale qu’il dirige d’exercer un quelconque lobbying sur l’APN, précisant qu’il est un homme d’affaires et non pas un politique. Il a invité toutefois la secrétaire générale du PT au dialogue afin de mettre un terme aux attaques qu’il subit de la part du parti de Louisa Hanoune depuis son installation à la tête du FCE
Appel à la levée des obstacles à l’investissement
Par ailleurs, Ali Haddad a indiqué que « les progrès que l’Algérie a accompli restent insuffisants du moment que l’investissement est fortement entravé parles conditions draconiennes du financement, de l’accès au foncier industriel, et par des obstacles liés à l’environnement institutionnel dans lequel évolue l’entreprise algérienne». « Il reste beaucoup à faire pour que soient créées les conditions qui permettront à l’entreprise de prendre véritablement le relais du développement, pour que le processus de croissance s’inscrive dans la durée et pour que notre pays puisse enfin sortir de la dépendance externe», a-t-il ajouté.
Le président du FCE a indiqué que le nombre d’entreprises créées aujourd’hui en Algérie devrait tripler pour que l’économie nationale décolle réellement. « Notre pays crée aujourd’hui moins de 20 000 entreprises par an et il en meurt la moitié. Nous devrions créer 60 000 entreprises au moins pour réaliser les taux de croissance qui permettraient de donner du travail à tous les algériens qui arrivent massivement sur le marché du travail», a-t-il dit plaidant pour une politique du crédit rénovée qui assure l’égalité d’accès à toutes les entreprises aux financements à court terme et à long terme, et à une approche globale du partenariat «pouvoirs publics- représentation nationale- entreprises».
Les craintes d’Issad Rebrab
Interpellé par des journalistes en marge de cette journée parlementaire, Issad Rebrab, PDG du Groupe Cevital a indiqué qu’il faut qu’il ait une volonté politique pour développer l’économie nationale. «En Algérie, il y a tous les moyens pour réussir, malheureusement nous sommes dans une situation qui risque de nous mener vers une catastrophe». «Nous sommes dans un marasme économique et nous dépendons carrément des ressources naturelles», a-t-il ajouté appelant les pouvoirs publics à aller vers de nouvelles sources de créations de richesses et à développer les exportations hors hydrocarbures.
Le PDG de Cevital n’a pas manqué, lui aussi, de soulever les problèmes auxquels l’entreprise algérienne est confrontée, réitérant son appel à la libérer les initiatives. «Nous avons déposé des demandes d’investissement depuis novembre dernier, mais jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas reçu de réponse», a-t-il déploré, persuadé que l’Algérie pourra passer du stade d’importateur au stade d’exportateur si l’entreprise est complétement libérée.
Noreddine Izouaouen