Repose en paix cheikh Kamel
C’est aujourd’hui qu’arrivera à l’aéroport international Houari- Boumediène la dépouille du défunt Kamel Aouis, ex-international de la JSK. Décédé des suites d’une longue maladie, il devait regagner le pays vendredi dernier, après plusieurs mois d’hospitalisation.
Dieu a voulu qu’il rende l’âme quelques instants seulement avant son embarquement sur Alger. Il faut dire que c’est une immense perte pour le football national. Arrivé à la JSK à l’âge de 20 ans, Kamel Aouis a réussi à gagner sa place dans un effectif très riche au milieu d’une armada de joueurs talentueux. Il aura contribué à plusieurs consécrations de la JSK, que ce soit au niveau local ou continental.
Aouis, porte-bonheur des Kabyles
Le destin a voulu que Aouis décroche son premier titre dès sa première année sous les couleurs de la JSK (1972-1973). Son arrivée à la JSK, en compagnie des Larbès, Cerbah et Dali, a été un vrai porte-bonheur pour la JSK qui décroche le premier titre de champion d’Algérie de son histoire sous la houlette de l’entraîneur roumain, Popescu. La JSK avait un effectif très riche où brillaient des joueurs talentueux à l’image de Koufi, Kolli, Derridj, Hannachi, Anane, Menguelti, Karamani, Mahieddine Khalef…
Il s’impose et remporte un titre
La carrière de Aouis a été une totale réussite. Non pas parce que dès sa première année à la JSK, le club référence en Kabylie, il a réussi à décrocher son premier titre de champion, mais parce que il a réussi en parallèle à s’imposer sans complexe aucun au milieu d’une armada de joueurs talentueux. Lors de la saison 72-73, la JSK a terminé championne d’Algérie avec 69 points, suivie du NAHD 68 points et du MCA 67 points.
Il arrache le doublé et permet à Baïlèche d’inscrire 20 buts
Les performances de Aouis se sont poursuivies avec la JSK durant les années 70. Il contribue à toutes les consécrations remportées par son club. Il faut toutefois dire que le doublé Coupe/Championnat rarraché avec brio lors de la saison 76-77 restera son plus beau souvenir. Aouis a terminé la saison avec six buts en championnat et deux en Coupe d’Algérie. Il fut derrière plusieurs passes décisives qui avaient permis au barroudeur Mokrane Baïlèche de devenir le meilleur buteur kabyle avec 20 buts, suivi de Bachir Daoudi 11 buts et Aouis en troisième position avec six buts.
«Eker a mis umazigh», devant 70 000 spectateurs, un souvenir inoubliable
L’ex-international canari a été aussi pour beaucoup dans les consécrations de la JSK en Coupe d’Algérie. Il figure parmi les artisans de la consécration de 76-77 en Coupe d’Algérie, notamment lors des quarts de finale face à l’ASO et en demi-finale face au CRB, deux tours importants que la JSK passa avec brio avant de pouvoir, et pour la première fois dans l’histoire de la JSK, rencontrer le Président de la République, Houari Boumediène, devant plus de 70.000 spectateurs qui scandaient à vive voix le fameux refrain «Eker a mis umazigh», fils de Berbère lève-toi) !
Un jour, il avait malmené la défense chéliffienne
Les supporters de la JSK n’oublieront jamais les grands matches que nous sortait le regretté Aouis, en Coupe d’Algérie particulièrement. Le plus beau souvenir qu’auront sans doute gardé les Kabyles de cet homme est ce fameux match contre l’ASO en Coupe d’Algérie. Il a constitué un véritable poison pour la défense chélifienne, les tribunes du temple olympique ont longuement vibré. Il a été l’auteur de deux buts, puis Baïlèche corsa la marque en ajoutant un troisième. Une belle victoire qui qualifie la JSK en demi-finale face au CRB.
Il réussit à convaincre Mekhloufi qui le sélectionna en EN
Les belles prestations de Aouis à la JSK n’ont pas laissé indifférent l’ex-sélectionneur Rachid Mekhloufi qui le convoqua en sélection nationale en compagnie d’autres joueurs de la JSK, Rachid Baris et le portier Abderazak Harb, pour renforcer les rangs de l’EN qui devait se préparer à une importante compétition, les Jeux africains d’Alger en 1978. Il faut dire que cette convocation était amplement méritée. Titulaire au poste d’avant-centre, il avait évolué aux côtés de Bencheikh, Cerbah, Kouici, Draoui (que Dieu ait son âme), Belkedrouci…
Médaille d’or aux Jeux africains
Encore une fois et pour sa première convocation en sélection nationale, les Verts s’illustrent en décrochant la médaille d’or dans un stade du 5-Juillet plein à craquer. C’était fabuleux pour le jeune joueur de la JSK qu’il était. Pour rappel, la sélection nationale a battu le Nigeria par un but à zéro grâce à une réalisation signée Bencheikh.
Auteur d’un but d’anthologie face au Malawi
Il est évident que la médaille d’or décrochée par la sélection nationale lors des Jeux africains (1978) à Alger reste le plus beau souvenir de Aouis. Il y avait grandement contribué. Pour preuve, son but d’anthologie inscrit face, ironie du sort, aux Malawites, lors du troisième match. Suite à un corner botté par Safsafi en direction de Bencheikh. Ce dernier remet la balle à Aouis. Bien embusqué et sans attendre, il adressa un boulet de canon qui a secoué les filets des Malawites. L’Algérie l’avait emporté… par trois buts à zéro.
Du groupe de la JSK qui a arraché la Coupe d’Afrique au Zaïre
Après cette première consécration sous les couleurs nationales en 1978, Aouis contribua beaucoup à la première consécration de son club, la JSK. C’était la première fois que le club remportait un titre en compétition africaine, c’était au mois de décembre 1981 au Zaïre (RDC actuellement). Une performance acquise de haute facture qui restera gravée dans la mémoire de Aouis et ses partenaires qui n’ont pas perdu une seule rencontre dans cette compétition. Aouis participa à tous les matches aux côtés de Belahcène, Fergani, Bahbouh, Baris, Abdeslam, Adghigh… Khalef et Ziwotko lui faisaient entièrement confiance.
Homme du match face au Power du Zimbabwe
Le plus beau match qu’a disputé Kamel Aouis en Coupe d’Afrique reste celui joué à Tizi Ouzou, en 1981, face au Power Zimbabwe en quarts de finale. Non seulement il fut l’auteur du premier but de la tête, mais il constitua un véritable poison pour les défenseurs adverses qui avaient toutes les peines du monde à le museler. Il sema la panique, notamment sur les balles aériennes, il obligea ses vis-à-vis de s’occuper exclusivement de lui, ce qui permit à ses coéquipiers d’avoir des espaces, son équipier Belahcène ajoutera un second but.
Il récidive en finale
En finale de Coupe d’Afrique 1981, Aouis avait fourni, face au Vita Club du Zaire, un de ses plus beaux matches. La JSK avait, tel un rouleau compresseur, étrillé son adversaire (4-0). C’est Aouis qui a annoncé la couleur. D’une superbe tête, la balle ricoche sur la barre transversale puis revient en jeu. Bahbouh, à l’affût, ne se fit pas prier pour marquer le deuxième but. Au match retour à Kinshassa, la JSK l’emporte par la plus petite des marges (1-0). C’était suffisant.
Il s’illustre en Côte d’Ivoire en Supercoupe d’Afrique…
Les consécrations se suivent pour Aouis. Cette fois, c’est en terre ivoirienne que Kamel Aouis participe à la Super Coupe de 1982 remportée par la JSK aux tirs au but face à l’Union de Douala. La rencontre s’est achevée sur un score de parité (1-1). Le but des Kabyles a été l’œuvre d’Areski Meghrici. Aouis prendra part aussi à la Coupe de l’Amitié et de la Fraternité au Sénégal en 1980.
Même le champion du monde Kaltz a peiné devant lui
On ne peut évoquer le tournoi de Bercy à l’occasion duquel la JSK a affronté le FC Hambourg (Allemagne), un match que la presse française avait couvert en long et en large, allant jusqu’à le qualifier de match revanche de la rencontre Algérie-Allemagne de 1982. Les partenaires de Aouis ont relevé le défi en tenant la dragée haute aux Allemands (3-3), dans un match très disputé. Ils avaient en face d’eux des joueurs connus mondialement, comme Kaltz et Magat entre autres. Notre confrère El Moudjahid a mis en une une belle photo de Aouis qui chipait une balle aérienne à Kaltz.
Incorporé à la 82’, il porte le nombre de buts à 7
L’histoire retiendra que même à l’approche de la fin de sa carrière footballistique, Aouis avait constamment bénéficié de la confiance du duo Khalef et Ziwotko. Il a mainte fois procuré de la joie aux milliers de supporters qui se déplaçaient avec l’équipe, même lorsque cette dernière jouait à l’extérieur. Des souvenirs fabuleux foisonnent chez Aouis. Vers la fin de sa carrière, face à l’ES Guelma lors de la saison 83-84, Aouis a fait son entrée à la 82’ et aussitôt, la machine kabyle s’était relancée. Il réussira à inscrire deux autres buts portant son total à sept réalisations.
Un autre but non moins important
Un autre match référence pour Aouis, que le public retiendra sûrement, c’est celui qui a opposé la JSK à l’Entente de Sétif, au stade du 8-Mai-45 lors de la saison 82-83. Un match où Aouis s’est une nouvelle fois distingué. Ce fut un match très disputé de part et d’autre. C’est d’ailleurs dans les derniers instants de la partie que la JSK a pris le dessus grâce à un but signé Aouis. Le but fut l’achèvement d’un travail intelligent mené par le défenseur Larbès Salah qui fit une montée sur le flanc droit puis centra sur Aouis, ce dernier de la tête plaça le cuir en pleine lucarne des bois gardés par Cheniti qui n’avait vu que du feu.
En 1983, il mit fin au rêve des Tunisiens
Sur le plan arabe, Aouis avait aussi laissé son empreinte particulièrement devant des formations de renom, à l’image du club de l’Espérance de Tunis qui était tombé sur son propre stade devant son public au stade d’El Menzah en 1983, dans le cadre de la Coupe arabe (tour préliminaire). Aouis fut l’auteur du second but des Kabyles à la 79’ qui mit fin aux espoirs des Tunisiens qui tentaient de revenir à la marque. Ces derniers étaient menés à la marque sur un but signé Menad Djamel. Les Tunisiens réduirent la marque par Tarek Diab sur penalty (la JSK n’a pas joué la finale suite à la mauvaise programmation et le retrait du Maroc).
C’était un grand, il le restera toujours et l’Algérie se rappellera toujours de lui
Aouis était un homme calme, très bien éduqué. Très réservé face aux journalistes, il était d’une simplicité exemplaire. Durant toute sa carrière, Aouis n’a jamais reçu de carton rouge. Toute la Kabylie le respectait beaucoup, même après avoir mis fin à sa carrière footballistique. Kamel, dont les parents habitent Alger, avait préféré s’installer avec sa petite famille à Tizi Ouzou. Une chose est certaine, la Kabylie ne l’oubliera jamais. Repose en paix cheikh Kamel.
Aouis avait souhaité voir la Coupe du monde 2010
Il ne sera pas des nôtres lorsque les Verts retrouveront, vingt-quatre ans après, la compétition mondiale, à l’occasion du déroulement de la Coupe du monde en Afrique du Sud.
Lors de notre passage à son domicile à Tizi Ouzou, quelques jours avant son transfert en France pour poursuivre les soins dans un hôpital parisien, ce jour-là notre équipe nationale n’avait pas encore assuré à cent pour cent sa qualification au Mondial 2010.
Invité à nous donner son point de vue sur les deux derniers matches qui restaient aux camarades de Bouguerra, Aouis avait dit en connaisseur : «Nous irons en Afrique du Sud. Je pense que cette équipe est capable de faire revivre au peuple algérien la belle épopée de 82», nous avait dit Aouis qui avait souhaité revenir en bonne santé et voir l’Algérie en Coupe du monde 2010.
M. H / L.A