La saison chaude étant là, la consommation de boissons en tout genre se multiplie, passant du simple au double. Une raison qui fait que la demande explose.
C’est ainsi que, profitant de la forte demande de la part des citoyens, certains fabricants n’hésitent pas leurrer le consommateur en mettant sur le marché des boissons, notamment des jus de fruits, dont la qualité et la saveur sont loin d’être des modèles de rafraîchissants aux vertus que l’on nous bombarde à longueur de journée à travers les médias dont la télé à travers de spots publicitaires.
Hormis les boissons gazeuses de marques renommées à l’exemple des grandes firmes nationales et étrangères ou les limonades locales fabriquées dans les usines équipées de chaînes de mise en bouteilles, le consommateur ne sait pas grand-chose en ce qui concerne les jus de fruits.
Là aussi, il existe des marques bien connues. Toutefois, la contrefaçon est bien plus facile dans ce secteur, contrairement à celui de la limonade et donc, il devient très souvent bien difficile de faire le distinguo.
En effet, pour les faussaires, il suffit de peu de moyens pour produire du faux jus de fruits ou une boisson de qualité.
Il suffit d’avoir des bouteilles en plastique -ce qui est apparemment fort accessible dans notre pays où les usines de transformation de plastique ne manquent pas-, de l’eau douce et du produit concentré, généralement en poudre.
Il faut bien sûr coller des étiquettes sur les bouteilles pour montrer la marque.
Là aussi, rien de plus facile puisque les moyens d’impression d’images et autres logos tout en couleurs sont devenus de nos jours très accessibles et à coût réduit.
Mais il y a aussi ceux que l’on importe d’ailleurs et dont beaucoup n’ont de jus que le nom. D’où viennent-ils ? Apparemment, si l’on se réfère aux emballages fort douteux, ces jus de fruits entreraient clandestinement au pays, tout comme d’autres marchandises.
Des jus de fruits de toutes marques inondent les étalages des supermarchés et les étagères des épiceries. Même les revendeurs à la sauvette en proposent un peu partout dans les marchés ou dans la rue à Oran.
Ce sont pour la plupart des jus reconstitués à partir de jus concentré auquel on ajoute la quantité d’eau nécessaire. On les appelle les jus ambiants. Ils sont soumis à une longue pasteurisation et leurs délais de conservation varient d’un à deux ans. S’agissant des jus de fruits frais, les fruits sont pressés mécaniquement.
Le jus obtenu ne subit aucun traitement et contient tous les éléments nutritifs des fruits. Les jus de fruits frais sont mis en bouteille directement et leur conservation est de courte durée (7 à 10 jours). Et puis, il existe les cent pour cent (100%) pur jus de fruits qui sont obtenus par pression, avant d’être pasteurisés puis conditionnés.
Ils ne contiennent ni sucre ajouté, ni additif. Seuls les jus de fruits qui n’ont reçu aucune addition de produits autorisés, peuvent être qualifiés de pur jus de fruits.
On peut également trouver les jus à nectar. Ceux-ci sont constitués de pulpe ou de purée de fruits (entre 25 à 50% selon les fruits) contenant peu d’eau (pêche, abricot, kiwi, banane, mangue, poire, framboise…). Ces jus-là contiennent du sucre ajouté et parfois des édulcorants, des arômes et des additifs.
H. Rachid, 52 ans, épicier à Maraval, nous dira à ce propos: «Vous savez bien que nous, nous nous approvisionnons en boissons chez les grossistes.
Certains clients achètent toujours la même marque et, ainsi, nous ramenons ce qui est demandé. Par contre, d’autres achètent le moins cher ou celui qui leur semble être le meilleur tout simplement en se fiant à l’emballage». Quant à C. Houria, 60 ans, mère de famille, elle nous fit la remarque suivante: «Avant, dans le temps, il y avait de vrais jus de fruits, notamment ceux de la marque Rouiba.
Ce n’était pas cher et on avait un produit pur et aux vertus nutritives avérées. Aujourd’hui, il y a des centaines de marques mais la qualité est rare. J’en ai goûté plusieurs et croyez-moi, très souvent, c’est de l’eau sucrée à laquelle on a ajouté du colorant.
Il faut reconnaître que la contrefaçon fait des ravages dans le secteur de l’alimentation». Enfin, S. Achour, 46 ans, pharmacien et grand amateur de glaces, il fait un constat amer: «Le règne de la bonne glace semble être révolu à Oran. Nous sommes inondés par la glace industrielle car même les crémeries dites ‘huppées’ nous en proposent.
Dans le temps, chaque crémerie fabriquait ses propres glaces et chacune avait sa spécialité. Il est devenu rare, de nos jours, de trouver de la bonne glace. Ces glaces conditionnées ont toute la même saveur; elles n’ont pas de réels parfum: il n’y a que la couleur qui change.
Le consommateur ne s’en rend pas compte, seul l’effet de la crème froide sur la langue lui donne cette impression d’estimer la saveur». Il y a bien sûr, et fort heureusement, des entreprises en Algérie qui respectent les normes de fabrication.
Elles fabriquent des produits sains et réglementés. Mais, malheureusement, avec tous ces «faussaires» qui ont investi ce créneau, le pauvre consommateur ne sait plus vers qui se diriger pour acheter un bon produit, tellement certaines boissons sentent «l’eau de rose».
B.B. Ahmed