«Karim, l’anti-déprime», un one-man-show décapant qui met à nu les travers de la vie en exil, a été présenté samedi soir à Alger par l’humoriste Karim Belhadj, dans une ambiance conviviale, devant un public peu nombreux. Accueilli à l’opéra d’Alger Boualem-Bessaïh, le spectacle, écrit et mis en scène par Karim Belhadj, dénonce, près d’une heure et demie durant, dans le rire et la dérision, l’incivilité et la condition sociale des émigrés en France.
Une douzaine de situations comiques, indépendantes les unes des autres, que l’artiste a judicieusement concoctées parmi ces nombreux écrits, a constitué ce nouveau spectacle, livré dans plusieurs interprétations de personnages loufoques, sur une scène dotée à peine de quelques accessoires (table, chaise, téléphone).
Deux tableaux comparatifs, les préparatifs d’un mariage et dans le restaurant, que l’artiste a exposés en introduction, permettant au public de saisir la «différence des caractères et des comportements», selon qu’ils appartiennent à des personnes de pure souche qui entretiennent des rapports «pragmatiques mais froids», ou à des émigrés chez qui les relations sont plutôt «agitées mais chaleureuses».
Le rapport aux femmes, les déboires d’un père avec ses enfants, l’institutrice raciste, le fils d’émigré sans emploi, Richard l’homosexuel, la maman déprimée, la mendiante romanichelle, le jeune emprisonné qui écrit à son père, braquages, la prise d’otage, lettre du bédouin au président de la République et le faux professeur de français, sont autant de situations rendues par l’artiste dans des sketchs hilarants, bien travaillés.
Le public, bien que peu nombreux, a beaucoup ri et a eu du répondant, applaudissant longtemps l’artiste et savourant chaque numéro dans l’allégresse et la volupté. «J’espère qu’il (l’artiste) aura d’autres dates où le public sera plus nombreux, car le spectacle vaut vraiment le détour», a déclaré une spectatrice.
Dans une radiographie qui laisse apparaître le mode de vie des émigrés dans leur conservatisme déphasé, confronté aux regards obliques et méprisants de la société d’accueil, l’artiste a mis le doigt sur l’échec d’une politique prônée par les pouvoirs en place successifs, sans une réelle volonté d’intégration. «Il faut arrêter de prendre les cons pour des gens», dira Karim Belhadj dans la peau d’un des personnages de ses sketchs, délibérément maladroit, à travers lequel il a usé de paradoxe, pour, a-t-il déclaré, «remettre chacun dans son statut».
Scénariste, réalisateur et producteur, Karim Belhadj a fait ses débuts sur la chaîne de télévision française, France 3, avant d’enchaîner quelques rôles secondaires dans différents téléfilms. En 2011, il présente à Alger, «Adieu la banlieue», son premier one-man show duquel il a gardé quelques personnages, retravaillés et utilisés dans d’autres situations de son nouveau spectacle.
Collaborant avec la chaîne de télévision algérienne, Canal Algérie, Karim Belhadj écrira et réalisera, confie-t-il, «plus de 180 caméras cachées», «Un mari pour ma fille» de la série Ness M’lah City, «Rire en famille», série d’émissions de divertissement agrémentée de sketchs et de gags, pour récidiver en 2016, avec «Destination la France», un film dans lequel une pléiade de comédiens a participé.
Le one-man show, «Karim, l’anti-déprime», de Karim Belhadj a été programmé par l’opéra d’Alger Boualem-Bessaïh, sous l’égide du ministère de la Culture.