Le militant politique algérien Karim Tabbou, figure emblématique de l’opposition, est une fois de plus la cible de mesures judiciaires. Ce 19 août 2024, alors qu’il s’était rendu à la caserne militaire de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) à Delly Ibrahim pour se conformer à ses obligations de contrôle judiciaire, ce dernier aurait été conduit au tribunal de Koléa sans qu’il lui soit permis de contacter ses avocats. Le juge d’instruction de ce même tribunal aurait décidé de le placer sous mandat de dépôt, une décision qui suscite une vive indignation.
Karim Tabbou à nouveau emprisonné : la polémique relancée
Le militant politique Karim Tabbou fait à nouveau l’objet d’une controverse suite à sa récente incarcération. Dans un communiqué rendu public par son collectif de défense, ses avocats dénoncent l’arbitraire de cette nouvelle incarcération.
« Comme à son habitude, M. Karim Tabbou s’est rendu ce matin à la caserne de Dely Ibrahim, dédiée à la sécurité intérieure, pour signer le registre de contrôle judiciaire imposé par le juge d’instruction du tribunal de Koléa », rappelle le communiqué.
Le collectif exprime son inquiétude face à l’absence de communication avec leur client après son transfert au tribunal, soulignant que Tabbou avait pourtant respecté scrupuleusement toutes les obligations imposées par le contrôle judiciaire.
Le collectif dénonce également l’irrégularité de la procédure, signalant que l’audience initialement prévue pour le 20 août avait été subitement avancée au 19 août, sans aucune explication ni justification valable.
« Nous considérons que son transfert devant le juge d’instruction, bien qu’il ne soit pas en détention et qu’il ait respecté ses obligations, est illégal et injustifié », déclare le communiqué, avant de qualifier cette action de « grave atteinte aux libertés et aux droits » de Karim Tabbou, y compris son droit à la défense, surtout en cette période de vacances judiciaires.
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Le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD), qui suit de près les affaires des détenus politiques en Algérie, a également réagi avec indignation à cette nouvelle incarcération. Dans une déclaration publique, le CNLD dénonce « le harcèlement judiciaire et policier incessant » dont est victime Karim Tabbou, visant à « le faire plier » par une série de poursuites judiciaires et d’arrestations arbitraires. Le CNLD rappelle que ces actes s’inscrivent dans une stratégie plus large d’intimidation visant les militants politiques et les défenseurs des droits humains en Algérie.
Une énième incarcération pour Karim Tabbou
Karim Tabbou n’en est pas à sa première confrontation avec le système judiciaire algérien. En tant que militant pour la démocratie et la liberté d’expression, il a souvent été la cible de poursuites judiciaires qu’il a toujours dénoncées comme étant motivées politiquement. Son engagement pour une Algérie « plus juste et démocratique » l’a déjà conduit à deux reprises en prison. La première incarcération fut brève, tandis que la seconde, de septembre 2019 à juillet 2020, avait attiré l’attention de la communauté internationale, qui avait vivement critiqué « la répression des voix dissidentes en Algérie ».
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Les appels de ses avocats et de sa communauté se multiplient pour demander sa libération immédiate et l’abandon des charges qui pèsent contre lui, dans l’espoir que la pression nationale et internationale pourra mettre un terme à cette situation ambiguë.