Karim Younès le confirme au soir d’Algérie : «Bensalah m’a sollicité pour la mise en place de l’autorité indépendante»

Karim Younès le confirme au soir d’Algérie  : «Bensalah m’a sollicité pour la mise en place de l’autorité indépendante»

Fin de mission pour le panel de médiation et de dialogue mais pas pour son coordinateur qui s’est vu proposer un autre chantier, celui de mener les consultations pour l’installation de la future instance indépendante d’organisation et de supervision des élections.
M. Kebci – Alger (Le Soir) – Avec la finalisation et la remise du rapport final relatif au processus de dialogue politique avec les différents acteurs en vue du règlement de la crise politique que connaît le pays, hier dimanche, au chef de l’Etat par intérim, le panel de médiation et de dialogue aura ainsi achevé sa mission pour laquelle il a été «inspiré» en juillet dernier. Soit préparer le texte amendant partiellement le code électoral dans son chapitre consacré à l’élection présidentielle et celui instituant une instance indépendante d’organisation des élections. Ces propositions émises par l’Instance, à l’issue de rounds de consultations, constituent, aux yeux de ses membres et des hautes autorités du pays, une «garantie suffisante pour des élections libres et transparentes à tenir au plus vite». Comme pour s’inscrire en droite ligne de la «suggestion» faite, la semaine dernière, par le vice-ministre de la Défense nationale et chef d’état-major de l’armée, portant convocation du corps électoral le 15 septembre prochain pour une élection présidentielle à tenir donc, vers la mi-décembre 2019.
Cela dit, si le panel voit ainsi sa mission prendre fin, ce n’est pas le cas pour son coordinateur qui s’est vu proposer une autre mission, celle de mener les consultations pour la mise sur pied de la future instance indépendante d’organisation des élections. «Le chef de l’Etat m’a sollicité pour la mise en place de l‘instance d’organisation des élections», affirmait, hier dimanche, Karim Younès au Soir d’Algérie. Et de soutenir dans la foulée, lui qui, dans la conférence de presse qu’il a tenue à la mi-journée, au sortir de son audience au palais d’El Mouradia, avait fait montre de parcimonie dans le propos, «n’avoir à aucun moment senti chez le chef de l’Etat une quelconque volonté d’accéder à la doléance portant renvoi du gouvernement que coordonne le Premier ministre Noureddine Bedoui». Une des revendications phares du mouvement populaire et dont l’Instance de médiation et de dialogue a fait sienne au même titre que d’autres mesures d’apaisement comme la libération des détenus du mouvement, notamment ceux emprisonnés pour avoir brandi l’étendard identitaire amazigh, ou encore la libération des champs politique et médiatique…, considérant que ce gouvernement porte la signature du Président déchu au même titre d’ailleurs que d’autres symboles, notamment de l’ère Bouteflika. Autant de mesures d’apaisement à même de créer un «climat propice», sans quoi la tenue de l’élection présidentielle projetée serait problématique. Surtout que le mouvement populaire et nombre d’acteurs politiques et de la société civile dans ses divers compartiments récusent cette échéance électorale au motif qu’elle pourrait permettre au régime de se régénérer et de reporter le changement tant escompté. A ce propos, Bouzid Lazhari a tenu à préciser que le rapport final du panel dont il est président de la commission juridique «n’engage que les 23 chefs de parti et près de 6 000 organisations de la société civile rencontrés». Car en face, il y a le mouvement populaire et des pôles politiques qui adoptent une tout autre démarche de sortie de crise, préconisant une période de transition.
Ceci même si Karim Younès soutient que son instance a «achevé ses missions accomplies en réponse aux revendications de la société civile», soulignant que «l’instance est parvenue, en peu de temps, dans la conjoncture actuelle que traverse le pays, à écouter, discuter et débattre avec 23 partis politiques, 5 670 associations nationales et locales, des personnalités et des compétences nationales de différentes obédiences ainsi qu’avec des acteurs du mouvement populaire de différentes régions du pays qui ont accepté l’invitation de l’instance et répondu à l’appel de la patrie».
Toujours à propos des mesures d’apaisement qui, précise-t-il, «ne relèvent pas des prérogatives du panel», le coordinateur de l’instance de médiation et de dialogue exprime sa conviction que la «création d’un climat propice est une nécessité impérieuse pour apaiser et détendre l’atmosphère et améliorer le climat des élections. Il ne s’agit pas seulement de notre conviction, mais également de celle de tous ceux avec qui nous avons engagé le dialogue».

Conseil des ministres, aujourd’hui
Et comme le temps presse, les deux textes élaborés par le panel de médiation et de dialogue seront adoptés, aujourd’hui lundi, en Conseil des ministres que présidera le chef de l’Etat intérimaire. Ceci avant leur envoi à la Chambre basse du Parlement en vue de la programmation d’une plénière consacrée au débat et à l’adoption de ces deux avant-projets de loi. Ils seront aussitôt proposés à l’appréciation des membres du Conseil de la nation avant leur publication au Journal officiel et la promulgation du décret présidentiel portant institution de l’Instance indépendante d’organisation des élections.
Parmi les amendements phares apportés aux deux textes préliminaires, la suppression des 600 parrainages d’élus locaux et nationaux exigés pour tout candidat à la magistrature suprême du pays comme le stipule l’actuelle loi portant code électoral. Il ne sera gardé, dans ce cadre, que les parrainages des électeurs dont le nombre a été arrêté à 50 000 à collecter au niveau d’au moins 25 wilayas du pays. Il y a également la condition de détention d’un diplôme universitaire qui sera exigé de tout postulant à la magistrature suprême du pays.
Concernant la future instance indépendante d’organisation des élections, le panel de médiation et de dialogue propose une composante de 50 membres dont 20 membres retenus parmi les représentants de la société civile avec annulation de l’âge minimum de 40 ans initialement proposé.
M. K.