«On ne réagit pas à chaud aux questions d’intérêt capital pour le pays.»
Loin de s’avouer vaincu, le coordinateur du Panel de personnalités nationales chargées de conduire le dialogue national inclusif, ressort la question des préalables, malgré le «niet» du chef d’état-major de l’ANP. Karim Younès qui a affirmé tenir plus que jamais aux «préalables» pour engager le dialogue, a noté, hier, dans une déclaration à la presse : «Nous maintenons les préalables.
Abdelkader Bensalah nous a donné des assurances.» En évoquant sa rencontre avec le président de l’Etat, l’ancien président de l’APN, entend certainement conforter la crédibilité dont le Panel s’est prévalu à sa création, mais également rappeler que l’initiative est volontaire et qu’à ce titre, il lui appartient à lui et à ses collègues de décider de ce qu’il adviendra de l’instance qu’il coordonne.
Considérant le caractère historique de la mission, dont il s’est donné la charge, l’ancien président de l’APN, parlant au nom du Panel a tenu à souligner l’importance de cette mission.
«On est prêt à tout sacrifier pour trouver une issue.» Mais dans le même temps et visiblement conscient du poids de la responsabilité, il dira : «On n’est pas prêt à marcher sur la volonté populaire.» Cela revient à dire que la question des préalables restera pendante.
Et l’absence de commentaire, de sa part, au discours de Ahmed Gaïd Salah, ne doit pas être interprétée comme un signe de malaise, mais une attitude responsable. «On ne réagit pas à chaud aux questions d’intérêt capital pour le pays», a-t-il indiqué, comme pour mettre en évidence l’importance du moment. Et pour cause, la question que posent les observateurs tient à l’opportunité même du dialogue, dans un contexte alourdi par des tiraillements au sein de la classe politique et un Mouvement populaire à la recherche d’un nouveau souffle.
En tout cas, pour ce qui concerne le Panel de personnalités nationales, réduit à six membres après la démission de Smaïl Lalmas, la décision sera prise à la fin du week-end, assure Karim Younès qui semble vouloir donner le temps au temps pour espérer voir une probable évolution dans le bon sens. La fin du week-end, c’est aussi le 25e vendredi de mobilisation populaire.
La coïncidence n’est pas fortuite et les résolutions des personnalités nationales sont fortement attendues. D’où d’ailleurs, l’attitude de Karim Younès qui n’entend pas aller vite en besogne, puisque la démarche que son groupe a initiée a déjà eu l’aval de la présidence de l’Etat, de l’ANP et d’une partie non négligeable de l’opinion nationale.
Tout laisser tomber et retourner à la case départ, après l’espoir qu’a suscité le Panel dans la société, serait quelque part très difficile à assumer, compte tenu que beaucoup d’Algériens ont déjà adoubé le dialogue initié par le Panel. Mais d’un autre côté, les chances de réussite de la démarche, dans un climat où une partie de la classe politique affiche une certaine frilosité, demeurent assez minces, à voir les premières réactions. Cela pour dire que Karim Younès porte sur ses épaules une lourde responsabilité.
Saïd BOUCETTA