Kermali s’en va le jour du 55e anniversaire de l’Equipe du FLN

Kermali s’en va le jour du 55e anniversaire de l’Equipe du FLN

Malade depuis plusieurs mois, Abdelhamid Kermali a rendu l’âme, hier après-midi, dans son domicile, à Sétif, à l’âge de 82 ans. Même si c’était attendu, l’émotion a atteint son comble à Sétif et dans toutes les wilayas du pays, tant l’homme a servi l’Algérie avec honneur et abnégation, durant des années.

L’homme qui a fait sortir l’Algérie dans la rue en 1990

C’est que Kermali peut se prévaloir d’avoir fait sortir tout le peuple algérien dans la rue, en 1990, à l’occasion du seul sacre africain remporté par l’Algérie. Impossible d’oublier cet homme petit, râblé, aux cheveux grisonnants et au regard malicieux, qui a eu le mérite de mener la sélection d’Algérie au sommet de l’Afrique. Dans la foulée, il avait même offert à l’Algérie un autre titre régional, quoique symbolique : la Coupe intercontinentale, remportée en 1991 aux dépens de l’Iran. Il a été l’un des rares techniciens à avoir incarné l’Algérie qui gagne.

L’Equipe du FLN lui a inculqué l’obstination et la persévérance

Auparavant, bien auparavant, il incarnait, en compagnie d’autres joueurs de son époque, l’Algérie combattante, à travers la glorieuse Equipe du FLN, dont il était l’une des figures de proue. C’était cette équipe formée de joueurs du championnat de France qui a décidé de sacrifier leur carrière pour faire connaître, à travers leur combat, l’Algérie, en lutte pour son indépendance. Cela a forgé l’homme et lui a donné l’obstination et la persévérance qui ont fait, par la suite, sa force. Ironie du sort : il est décédé hier, 13 avril, jour du 55e anniversaire de la création de l’Equipe du FLN. Un clin d’œil de l’Histoire pour celui dont le nom est désormais définitivement lié à cet événement marquant du sport algérien.

Entraîneur-joueur de l’ESS lors de la victoire en Coupe d’Algérie

En Algérie, il s’est distingué dans deux clubs. D’abord, à l’ES Sétif, club de sa ville natale, dont il a été entraîneur-joueur lors de la Coupe d’Algérie, remportée en 1967 aux dépens de la JSM Skikda. C’était, justement, lui qui avait délivré la passe décisive du but de la victoire, en bottant un coup franc vers Koussim. Il a été d’ailleurs entraîneur de l’Entente à plusieurs reprises, durant les années 70 et 80, et durant la saison 2003-2004. Même s’il n’a pas été le coach des Sétifiens lors de leur sacre africain de 1988, il y avait contribué indirectement, en étant le lanceur des joueurs qui constituaient l’ossature de l’équipe.

Vice-champion avec le MCA en 1989, champion d’Algérie, dix ans plus tard

L’autre club qui a connu un passage mémorable du regretté Kermali est le MC Alger où, à dix ans d’intervalle, il avait connu deux moments forts. En 1989, il avait terminé vice-champion d’Algérie, derrière la JS Kabylie, avec une équipe rajeunie de manière radicale. D’ailleurs, cette performance a été décisive pour sa nomination, quelques mois plus tard, comme sélectionneur national. En 1999, il avait pris sa revanche sur la JSK, en la battant en finale du championnat (cette saison-là, le championnat était constitué de deux groupes régionaux, avec une finale entre les leaders des deux groupes), remportant ainsi le titre. Autant de faits qui lui ont valu le surnom de «cheikh» et une grande popularité à Alger.

Un hommage lui avait été rendu en direct, le 14 décembre dernier

Alors qu’il était hospitalisé à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja, un hommage lui avait été rendu lors de la cérémonie du Ballon d’Or algérien, du 17 décembre 2012, retransmise en directe à la télévision, en présence de sa fille qui a représenté sa famille. Des images de lui, en sa qualité de joueur et d’entraîneur, avaient été diffusées, ce qui avait ému les présents et tous les téléspectateurs devant leur petit écran. Kermali a marqué son époque et inscrit son nom dans l’Histoire du football algérien. Nos sincères condoléances à toute sa famille.

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Extraits de la dernière interview de Kermali

La dernière interview que nous avait accordée Abdelhamid Kermali remonte au 10 novembre 2011. Elle avait été publiée par notre confrère El Heddaf. L’ancien sélectionneur national y a délivré son opinion sur l’état actuel du football algérien et narré des anecdotes de sa longue carrière de joueur et d’entraîneur. Nous vous proposons quelques extraits.

«Saadane est trop gentil et c’est mauvais en Algérie»

«Saadane est un homme très gentil, mais il ne faut pas être ainsi en Algérie car notre société est méchante – pas dans sa totalité, Dieu merc i-. S’il était plus intransigeant et doté de la mentalité de la majorité de nous, il aurait réussi. Pourquoi se fait-il qu’on découvre 3 ans après qu’il ne fait pas l’affaire ? Je le répète encore une fois : la sélection nationale a besoin d’une Direction technique composée de techniciens expérimentés, 2 de l’Est, 2 de l’Ouest et 2 du Centre, tels Khalef et Mekhloufi, qui pourra proposer un sélectionneur (je dis bien «proposer» et non pas «désigner») et discuter du programme de travail. S’il y avait eu une Direction technique, elle aurait assisté Saadane de manière à atténuer la pression sur lui en lui donnant leur avis après avoir assisté aux matches plutôt que de prendre l’avis de la rue.»

«Pelé m’avait dit : ‘’Il faut que l’Algérie joue avec son style’’»

«Nous avions affronté, avec la sélection nationale, le Brésil dans les années 60 à Oran (c’était en 1965, ndlr). Je m’étais dirigé vers Pelé, qui était à l’apogée de son art, et lui avais demandé : ‘’Que pensez-vous de notre équipe ?’’ Il m’avait répondu : ‘’Il faut que vous jouiez avec votre style. Nous jouons toujours avec le style brésilien et cela nous a permis de remporter des Coupes du monde.’’  Je vous narre cette anecdote pour dire que je ne suis pas contre l’évolution du football, mais il faut garder ce qui est bon dans notre style de jeu, surtout la technique individuelle. Au Mondial-2010, nous avons fait une prestation honnête contre l’Angleterre parce que nous avons propre jeu. Si nous avions eu recours au jeu aérien, nous aurions sans doute perdu.»

«Un joueur qui manque de patriotisme doit être viré»

«Nous n’avons plus de joueurs de l’envergue de Mustapha Dahleb qui était une véritable star. Donc, le sélectionneur doit mettre les joueurs professionnels et locaux sur un pied d’égalité et quand il remarquera que l’un d’eux manque d’enthousiasme ou de patriotisme, il n’a qu’à le virer.»

«Nous n’avons pas le droit de critiquer Raouraoua»

«Tant qu’il y a un président de la FAF en exercice, il faut l’aider. Raouraoua a fourni tous les moyens à la sélection nationale. A ce que je lis, les joueurs sont traités comme des rois dans tous les déplacements, allant même jusqu’à voyager par hélicoptère. Nous n’avons donc pas e droit de critiquer Raouraoua. Il faut juste le corriger quand il se trompe.»

«Le deuxième but inscrit contre la RFA doit être étudié dans les écoles»

«La cause du recul du football algérien est, selon moi, la perte de notre identité de jeu. Normalement, le deuxième but que nous avons inscrit face à la RFA au Mondial-82 doit être étudié dans les centres de formation et les écoles afin que les jeunes joueurs s’en imprègnent. L’action s’est jouée par des passes à terre, avant que le ballon ne soit mis dans les filets. Si le ballon s’était élevé juste un peu, nous n’aurions pas marqué. Je sui convaincu que nous avons des talents en Algérie. Il m’arrive de me promener à Beaumarchais (le quartier où il réside à Sétif, ndlr) et de voir des enfants très doués dans les tournois inter-quartiers. Même le président de la République est mécontent de la situation. Lors des festivités du 1er-Novembre, il m’avait dit : ‘’C’est quoi ce football pratiqué de nos jours ?’’ Je lui avais rétorqué qu’il fallait miser sur les jeunes. Il avait répliqué : ‘’C’est ce que nous souhaitons’’.»

«Quand j’avais accepté d’être sélectionneur, on m’avait surnommé ‘’le kamikaze’’»

«Lorsque j’avais accepté le poste de sélectionneur en 1989, on m’avait surnommé «le kamikaze». Kezzal avait déclaré : ‘’Si Kermali refuse la mission, on ne doit pas lui en vouloir. S’il l’accepte, ce sera un kamikaze.’’ Ils étaient venus me voir alors que j’étais en train d’entraîner le MCA. Là, j’ai levé les mains et dit aux joueurs : ‘’Le Mouloudia, c’est fini ! La patrie m’appelle.’’ Ce que je n’oublierai pas, c’est que tout le monde avait prédit l’échec de ma mission. Vous savez qu’en Algérie, très peu de personnes encouragent un sélectionneur, alors que la majorité critique. Un journaliste m’avait dit : ‘’Même en match amical, vous ne marquez pas.’’ Je lui avais répondu : ‘’Nous laissons les buts pour les matches officiels.’’ Après le CAN, le même journaliste était venu me voir et m’avait dit : ‘’Je retire ce que j’avais dit. Vous êtes le meilleur sélectionneur de l’histoire.’’»

«Mekhloufi et Bentifour étaient meilleurs que Zidane»

«Zidane était-il le premier joueur que l’Algérie perdait ? Et puis, que pouvait-il nous apporter ? Dans l’Equipe du FLN, il y avait des joueurs plus talentueux que lui tel Mekhloufi. Certes, Zidane était un grand joueur, mais Mekhloufi et Bentifour étaient, à mon avis, bien meilleurs que lui.»

«On avait voulu m’imposer des joueurs du FIS»

«Le terrorisme a été l’une des causes de la débâcle de Ziguinchor (ville qui avait vu l’Algérie perdre son titre africain en 1992, ndlr). Nous nous entraînions au stade du 5-Juillet la peur au ventre. Il y a eu même des gens qui voulaient m’imposer des joueurs du FIS. Que pouvions-nous faire dans un tel climat ? J’avais juré que je ne remettrais plus les pieds en sélection, mais je m’étais ravisé par amour du pays. C’était ma dernière expérience comme sélectionneur.»

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Fergani : «Il était intuitif dans ses décisions et savait gérer les stars»

Ali Fergani était choqué, hier, en apprenant le décès d’Abdelhamid Kermali, dont il a été l’un des adjoints lors de l’unique sacre continental remporté par l’Algérie. «Nous perdons un père, un frère, un grand entraîneur et un immense patriote», nous a-t-il déclaré, très ému. «J’ai encore en mémoire l’hommage qui lui avait été rendu lors de la dernière cérémonie du Ballon d’Or.»

«C’est par l’intermédiaire de Kezzal qu’il m’a proposé d’intégrer le staff technique national»

Fergani est l’un des techniciens qui ont travaillé de près avec le regretté Kermali. D’ailleurs, il se souvient encore du moment où il avait été «sélectionné» pour faire partie du staff technique, alors qu’il était simplement DTS des jeunes, à la JS Kabylie. «Nous nous étions jamais rencontrés auparavant. C’est par l’intermédiaire du président de la FAF, le regretté Omar Kezzal, que la proposition m’était parvenue. J’ai très vite accepté, car motivé par le challenge de disputer une Coupe d’Afrique des nations, à domicile. Finalement, ça s’est très bien passé.»

«Son point fort, c’était la gestion du vestiaire»

Des quelques mois qu’ils a passés avec Kermali (en compagnie de deux autres adjoints, Noureddine Saâdi et le regretté Mourad Abdelouahab), il retient de lui l’image d’un entraîneur «travailleur, humain, qui sait motiver les joueurs par l’affectif», se rappelle-t-il. «Son point fort, c’était la gestion du vestiaire. Il savait très bien comment gérer les stars de l’équipe afin que le groupe reste en harmonie», insiste Fergani, qui reconnaît «avoir beaucoup appris de ses méthodes pour ma carrière d’entraîneur».

«Faire jouer Amani au milieu et titulariser Aït Abderrahmane, des coups de maître !»

Il se souvient aussi d’une autre caractéristique de l’ancien joueur de l’Equipe du FLN : «Il était intuitif dans ses décisions. Il lui arrivait de prendre des décisions déroutantes, en se fiant à son flair, qui s’avèrent judicieuses.» Deux exemples, lors de la CAN-1990 : «Il avait reconverti Djamel Amani, stoppeur de prédilection, en milieu récupérateur et ça avait très bien marché. De plus, après la grave blessure qu’avait contractée Rachid Adghigh, qui l’avait éloigné de la CAN, il m’avait demandé si je voyais un défenseur qui pourrait le remplacer au sein du groupe, et je lui avais conseillé le jeune Messaoud Aït Abderrahmane, un junior qui était en train de jouer sa première saison avec les seniors de la JSK. Il l’a pris et, en le voyant à l’entraînement, il lui a tellement plu qu’il a décidé de le titulariser lors de la finale contre le Nigeria ! C’était un coup osé, mais c’était finalement un coup de maître !»

«La dernière fois que je l’ai vu, c’était lors d’un hommage à Adjissa»

A quand remonte la dernière rencontre entre les deux hommes ? «C’était il y a à peu près une année, à l’occasion d’un hommage rendu à Nacer Adjissa, l’ancien joueur de l’ES Sétif. Il était déjà fatigué, mais pas aussi malade qu’il l’a été ces derniers mois. J’avais projeté de lui rendre visite ces jours-ci en compagnie d’anciens internationaux, mais le destin en a décidé autrement. Allah yerrahmou ! Mes sincères condoléances à toute sa famille.»

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Madjer : «J’ai appris son décès alors que je venais d’arriver à Dubaï. Je suis abattu»

Très abattu, l’ancien métronome de l’EN, Rabah Madjer, que nous avons pu joindre, hier soir, à propos du décès de l’ancien sélectionneur des Verts, Abdelhamid Kermali, n’avait même pas les mots pour exprimer sa tristesse. Il s’est contenté de dire : «Je suis abattu. Le décès de Cheikh Kermali est une perte pour le football algérien.»

Bonsoir Rabah, on vous appelle pour vous annoncer le décès de l’ex-sélectionneur des Verts, Abdelhamid Kermali…

Oui, je viens d’apprendre la mauvaise nouvelle. Je viens d’arriver à Dubaï. J’étais toujours à l’aéroport lorsqu’on m’a annoncé le décès de Cheikh. Sincèrement, je suis abattu. La mort de Kermali est une perte pour tout le peuple algérien. Il a toujours été disponible pour son pays. Il restera à jamais dans nos cœurs.

Vous entreteniez une bonne relation avec lui…

Effectivement, j’avais toujours eu de bons rapports avec lui. J’avais joué sous sa coupe en cadets et en  juniors. On avait remporté ensemble la Coupe d’Afrique des nations en 1990. Je profite de cette occasion pour présenter mes sincères condoléances à toute sa famille.

Pouvez-vous nous raconter l’une des anecdotes que vous avez eue avec le défunt ?

Je ne pense pouvoir vous raconter quoi que ce soit, du moment que je me sens affaibli. C’est un choc que j’ai reçu, en apprenant la nouvelle de son décès. Ce que je peux dire, c’est qu’il restera toujours dans nos cœurs. Toutefois, je tiens à dire aussi qu’il est le seul entraîneur à avoir remporté une Coupe d’Afrique et une Coupe afro-asiatique.

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Sellal (Premier ministre) : «Le monde du football perd l’un de ses illustres représentants»

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a adressé un message de condoléances à la famille d’Abdelhamid Kermali, décédé samedi après-midi, dans lequel il a affirmé que le monde du football perd en sa personne «l’un de ses illustres représentants. C’est avec une grande émotion que j’ai appris la disparition de Abdelhamid Kermali, figure émérite du football national», a écrit le Premier ministre dans son message. «Le défunt n’a pas hésité une seule seconde lorsque l’Algérie en guerre fit appel à ses talentueux enfants pour former la glorieuse équipe du FLN qui porta, à travers les stades du monde entier, le message libérateur de l’Algérie combattante», a rappelé

M. Sellal. Il a indiqué que le défunt «en plus de sa brillante carrière en tant que joueur qu’il a vécu avec passion, il embrassa avec succès une carrière d’entraîneur qui connut son apothéose avec le titre de champion d’Afrique des Nations en 1990 à Alger. En ces douloureuses circonstances, mes pensées vont à sa famille et au monde du sport, à celui du football en particulier, qui perd en la personne de Abdelhamid Kermali l’un de ses illustres représentants », a affirmé M. Sellal.

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Amara Saïd : «le décès du «Cheikh» est une perte pour notre football»

«Le décès de mon frère Kermali est une perte pour notre football, car c’est depuis les années 50 qu’il a servi son pays, constituant l’un des piliers de l’Equipe du FLN. Le hasard a fait que sa mort soit survenue le jour de l’anniversaire de la création de cette dernière. Ainsi, là où il est passé, il a n’a laissé de bonnes choses, en servant, vraiment, comme il se doit le football algérien. Ainsi, cela constitue une perte pour le football et toute l’Algérie, car c’est un vrai Moudjahid. Il laissera un grand vide. Dans le cadre de l’Association des anciens joueurs du FLN, nous allons saisir chaque occasion pour l’honorer et lui rendre un hommage. Je profite de cette occasion pour présenter mes sincères condoléances à toute sa famille».

Serrar : «C’est un pilier du football algérien qui disparaît»

«Je tiens à présenter à la famille du défunt mes sincères condoléances. C’est un pilier du football qui disparaît. Il a donné le seul titre à l’Algérie, en remportant la CAN-90. C’était un grand joueur qui avait répondu à l’appel du pays durant la guerre de Libération nationale, pour faire partie de la glorieuse équipe du FLN, en laissant tomber les grands clubs européens. Je me rappelle d’une scène à laquelle j’ai assisté. Nous étions en préparation, en Italie. A l’hôtel, une fille est venue demander après le cheikh Kermali. Il s’est avéré que c’était sa fille, qu’il n’avait plus vue depuis 30 ans. Kermali était marié à une Italienne. Une grosse émotion que nous avions vécue aux côtés de Kermali qui était, à l’époque, le sélectionneur de l’Equipe nationale, et nous nous trouvions en Italie, en stage, pour préparer les éliminatoires du Mondial-90, contre l’Egypte».

Lazizi : «Si j’ai joué en seniors et en sélection, c’est grâce à lui»

«Je suis vraiment très peiné en apprenant la nouvelle du décès du cheikh Kermali. C’est un monument du football national. Il est le seul entraîneur algérien qui a pu remporter le trophée de la Coupe d’Afrique des nations. En plus de ça, je pense qu’il a remporté tous les titres. L’Algérie vient de perdre un grand monsieur. Moi, j’ai travaillé sous sa coupe en sélection et au Mouloudia, à deux reprises, je n’ai pas eu le moindre problème avec lui. D’ailleurs, il m’a beaucoup aidé. C’est lui qui nous a fait monter en seniors et mis les stars sur la touche pour lancer les jeunes, comme moi, Allouche et Zitouni. Le résultat, c’est qu’on a raté le titre à un point seulement de la JSK».

Dob : «C’est sous sa coupe que j’ai réussi une grande saison, en 1999»

«Je viens de recevoir un appel téléphonique où on m’a annoncé le décès du cheikh. Je n’y ai pas cru sur le moment et là, vous venez  de me le confirmer. Je pense que c’est une perte pour nous tous. C’est dommage. C’est un grand entraîneur et une grande personnalité. En 1999, j’ai réussi à réaliser une grande saison grâce à lui. Je me souviens qu’à chaque fois que je réalisais un grand match, il ne me disait rien du tout, il me laissait en plein doute pour que je me donne à fond lors du match suivant, et à la fin de la saison, il m’a dit : ‘’Toi, ce n’est pas bien de te dire que tu es sur la bonne voie pour t’éviter l’excès de confiance’’.»

Saïfi : «Je n’oublierai jamais ce qu’il m’a dit avant le match de l’USMA, en 99»

Rafik Saïfi était très peiné par cette triste nouvelle : «Que Dieu l’accueille dans Son Vaste Paradis. C’est un grand monsieur qui s’est éteint.» Et l’ancien Mouloudéen d’enchaîner : «Moi, je garde de très beaux souvenirs du cheikh. J’ai travaillé sous sa coupe au Mouloudia et en sélection nationale. Personnellement, j’ai appris beaucoup de choses de Kermali. Il a laissé son empreinte dans le football algérien. Il a obtenu tous les titres, même la CAN. Mon meilleur souvenir en Algérie, c’est la saison 99 où j’ai gagné le titre avec le Mouloudia, sous sa coupe. Je n’oublierai jamais ce qu’il nous a dit une fois avant le match de l’USMA, en 99, avec son accent sétifien : ‘’Ya lewlad, kounou redjala’’, avant de se retourner vers moi pour me dire : ‘’Nta rak wlid El Fouara’’.» Il parlait rarement, mais ces discours étaient précieux.

Amara : «Les gens ignorent que je me suis réconcilié avec lui en 1992»

Un incident survenu au cours d’un match entre la JSK et le MCA joué en 1989 avait fait le tour d’Algérie, puisque retransmis en direct : alors que le match était à l’arrêt, le gardien de but Mourad Amara avait bousculé Abdelhamid Kermali. Cela avait été interprété par les supporters du Mouloudia et par des journalistes comme étant une agression. Jusqu’à aujourd’hui, Amara continue d’être accusé d’avoir frappé Kermali. Il s’en défend : «Non, je ne l’avais pas frappé. Si je l’avais fait, je l’aurais avoué car je sais reconnaître mes torts. Je l’avais juste poussé pour qu’il retourne sur la touche afin que le match reprenne. J’étais le capitaine d’équipe ce jour-là et j’avais pris mes responsabilités en tant que tel. Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que j’ai rencontré Kermali en 1992, alors qu’il était entraîneur de l’US Chaouia et que j’étais à la JSM Bordj Menaïel. Cela s’est passé à l’hôtel Amraoua, sur initiative des regrettés Ali Tahanouti et Hamid Aït Tigrine et en présence de Abdelmadjid Yahi, qui était président de l’USC et qui peut en témoigner puisqu’il il est encore en vie. Nous avions dîné ensemble et je lui avais demandé : ‘’Cheikh, est-ce que je vous ai réellement frappé ?’’ Il m’avait répondu : ‘’Non. Tu m’as bousculé, mais pas frappé.’’ Nous avions clos l’incident. Vous savez, même si je suis impulsif, je suis bien éduqué. Jamais je ne me permettrai de frapper un aîné, surtout pas un homme qui a servi l’Algérie durant la révolution. D’ailleurs, j’ai payé très cher cet incident puisque j’ai été privé de participer à la CAN-90. J’avais ma place parmi les trois meilleurs gardiens de but de l’époque. La preuve : quelques mois plus tard, j’avais remporté la Coupe d’Afrique des clubs champions avec la JSK. Kermali m’avait privé d’un titre africain avec la sélection, mais j’ai encaissé sans rien dire car j’ai compris son geste. Le problème, c’est personne n’a essayé de comprendre le mien. En tout cas, Allah yerrahmou. Je présente mes sincères condoléances à toute sa famille.»

Saadi : «C’est une partie de l’histoire de notre football qui s’en va»

«Je me souviens que j’étais en cure dans une station thermale lorsque j’avais reçu un coup de téléphone. C’était Abdelhamid Kermali qui m’appelait pour me proposer d’intégrer le staff technique national. Aujourd’hui, je suis touché et peiné d’apprendre son décès. Il y a des gens qui ne retiennent de lui que sa forte personnalité et son charisme, mais ceux qui l’ont côtoyé de près comme moi savent surtout qu’il est très sympa sur le plan humain. Lorsqu’il y avait un problème ou une difficulté, il trouvait les mots qu’il faut pour tout régler. Avec sa disparition, c’est une partie de l’histoire du football algérien qui s’en va car il a mené un combat contre le colonisateur et un autre pour la gloire du football algérien. Allah yerrahmou.»

Biskri : «Lorsqu’un joueur est en forme il lui signifiait qu’il n’allait pas compter sur lui, pour le motiver»

Mustapha Biskri a connu le défunt, en tant qu’adjoint, lors de son passage ponctué par un titre de champion en 1999, avec le MCA. Invité à nous livrer ses impressions suite au décès du doyen des entraîneurs algériens, survenu hier après-midi,  Biskri, très ému, déclarait : «Tout d’abord, permettez-moi de présenter mes sincères condoléances à la famille Kermali qui vient de perdre un grand homme. Le cheikh, Allah Yerahmou, est un Monsieur du football. C’était une personne agréable à vivre. On a passé une saison ensemble au MCA, c’était l’année du titre, et ce sont des souvenirs inoubliables.»

«C’était aussi un grand patriote, sa famille peut être fière de lui»

«C’est un grand monument de notre sport-roi qui nous quitte. Il ne faut pas oublier aussi que c’est un grand patriote qui a privilégié sa patrie au détriment de sa carrière sportive, en ralliant l’Equipe nationale du FLN, en 1958. C’est tout à son honneur. Ses enfants, sa petite famille et même ses amis et proches peuvent être fiers de lui et de ce qu’il a donné pour le pays. Je n’oublierai jamais sa façon de motiver ses meilleurs éléments. Lorsqu’il voyait un joueur en excellente forme, Kermali se dirigeait vers lui pour lui signifier qu’il n’était pas sûr de jouer le prochain match, ce qui poussait le joueur en question à se transcender et donner le meilleur de lui-même pour la prochaine journée. Il avait des astuces extraordinaires pour motiver ses poulains.»

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Une minute de silence hier avant SA Sétif – NRB Teleghma

La nouvelle du décès de Abdelhamid Kermali s’est propagée à Sétif hier après-midi  comme une traînée de poudre. Pour preuve, un peu plus d’une heure après, une minute de silence a été observée avant le coup d’envoi du match SA Sétif – NRB Teleghma, comptant pour la 26e journée du championnat Régionale 2.

L’enterrement aujourd’hui à Sidi El Khier

Abdelhamid Kermali est décédé hier au milieu des siens, dans la maison familiale à Sétif. Il sera enterré cet après-midi, après la prière de dohr, au cimetière Sidi El Khier de la ville.