L’une des plus importantes banques suisses se retrouve au cœur d’un nouveau scandale financier. Il s’agit de « Credit Suisse » qui est déjà impliqué dans plusieurs scandales financiers. Des révélations sur des milliers de comptes de personnalités, dont la provenance de l’argent est douteuse, viennent d’être divulguées par des médias.
Une enquête internationale baptisée « SuisseSecrets », menée par quarante-sept médias internationaux et rapportée hier par le quotidien français Le Monde, a levé le voile sur l’hébergement de comptes issus de fonds liés au crime et à la corruption plusieurs décennies durant.
Selon l’enquête, ces comptes appartiennent à « des dizaines de dictateurs et d’hommes politiques corrompus, de grosses fortunes à l’origine illicite ou douteuse, d’individus et d’entreprises frappés par des sanctions internationales, voire de réseaux criminels ou mafieux ».
L’enquête en question est basée sur la fuite d’informations issues de plus de 18 000 comptes bancaires administrés par la banque en question depuis les années 1940 jusqu’à la fin des années 2010. Les données ont été données par une source anonyme, puis confirmées par une centaine de journalistes appartenant aux quarante-sept médias internationaux ayant divulgué l’affaire.
Plusieurs politiques et hauts fonctionnaires de pays arabes
Parmi les profils cités dans l’enquête, l’on trouve des politiciens et hommes d’État de plusieurs pays arabes dont « le roi Abdallah II de Jordanie, des politiques et des hauts fonctionnaires de Tunisie, d’Égypte, de Libye, de Syrie et du Yémen, qui ont sorti de grosses sommes d’argent de leur pays au moment des ‘’printemps arabes’’ ».
En outre, l’enquête s’est penchée sur « la politique particulière de Credit Suisse en matière de lutte antiblanchiment ». Cette politique est « en contradiction avec la charte commerciale de la banque et avec les principes déontologiques du secteur bancaire suisse ».
Des personnalités connues pour leur implication dans des affaires de corruption, de blanchiment d’argent et dans des affaires encore plus graves ont pu y ouvrir des comptes et y déposer des sommes dont la provenance est pour le moins douteuse.
Le cas Khaled Nezzar
Et c’est dans ce contexte que l’enquête rapportée par Le Monde cite « Khaled Nezzar, l’ancien chef des armées algérien pendant la guerre civile des années 1990 », qui « a pu détenir un compte dans la banque, entre 2004 et 2013 ».
Le rapport de l’enquête souligne, à ce propos que « malgré des réclamations bien médiatisées contre lui, Nezzar était un client du Credit Suisse ». Il déteint, en effet, « deux comptes d’une valeur d’au moins 2 millions de francs suisses (1,6 million de dollars à l’époque) ».
Ces deux comptes sont restés ouverts « jusqu’en 2013, deux ans après l’ouverture en Suisse d’une enquête sur son implication dans des crimes de guerre », ajoute encore la même source.
Il convient de noter ici que dès 2011, le Tribunal fédéral suisse le déclarait passible de poursuites pour « crimes contre l’humanité », note-t-on encore. D’ailleurs, début février en cours, l’ancien ministre de la Défense avait été auditionné par le parquet fédéral à Berne.
Accusé pour « complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité » Khaled Nezzar a été auditionné par le parquet fédéral suisse lors d’un interrogatoire qui a duré trois jours, soit du 2 au 4 février, dans les locaux du Ministère public suisse de la Confédération. Il s’agit de l’audition finale qui a suivi la plainte déposée, en 2011, contre Khaled Nezzar par « TRIAL International ».
Les révélations de l’enquête en question ont levé le voile sur des sommes astronomiques issues de l’argent sale ou suspect. Il s’agit de « plus de 100 milliards de dollars qui sortent de l’ombre, dont au moins 8 milliards liés à des clients identifiés comme problématiques ».