Khemis Miliana, commune et chef-lieu de daïra, la plus grande, la plus peuplée (100 à 120 000 habitants) des 36 communes que compte la wilaya de Aïn Defla, qualifiée de poumon occupant une position géostratégique, vit sous la menace permanente d’une catastrophe que provoquerait, en cas de fortes précipitations, l’oued Boutane qui charrie à longueur d’année les eaux usées et pluviales de la commune de Miliana, à 9 km au nord et les eaux usées et de ruissellement de Khemis Miliana elle-même.
L’oued Boutane qui devient durant la saison sèche un égout à ciel ouvert dans sa partie nord et au niveau de la cité des Jardins a été recouvert d’une dalle en béton. Depuis le début des années 1990 surtout, des habitants ont construit avec des autorisations délivrées par l’APC de l’époque, sur les rives de cet oued et même en une multitude d’endroits sur le dallage lui-même en toute impunité s’appropriant des espaces à qui mieux mieux. Un autre fait qui vient aggraver cette «poudrière» c’est qu’en divers points du dallage et au niveau des jointures, le dallage a été percé et les riverains utilisent ces ouvertures pour y déverser toutes sortes de déchets en plus des gravats que gênèrent les constructions et cela dure depuis des années sans qu’aucune autorité intervienne pour remédier à cet état de fait qui représente une menace sérieuse sur toute la ville.
En effet, l’oued Boutane traverse la ville en son centre du nord au sud depuis la cité des Jardins en passant par le centre-ville, et poursuit son parcours vers le sud en frôlant la mosquée El Atik, le sud de la cité Sidi- Maâmar, traverse la RN 4, se faufile au centre-ouest du quartier populeux de Dardara avant d’aller se perdre au sud dans le Chélif plus au sud. De l’avis de nombreux citoyens, il s’agit là d’une menace réelle qui pèse comme une épée de Damoclès sur la ville en cas de fortes précipitations comme cela s’est produit à Constantine, Annaba et autre Tébessa. Beaucoup de citoyens s’interrogent «faut-il qu’une catastrophe se produise avec des pertes humaines et matérielles pour qu’on commence à se jeter la balle entre différents services, chacun rejetant sa responsabilité sur l’autre ?» Certes, après la dernière visite du ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, en 2017, il a été question de la construction d’une Step au sud de Khemis Miliana pour le traitement des eaux usées des communes de Miliana qui, actuellement, font du Chélif, un égout à ciel ouvert géant de Djendel à Mostaganem.
Cependant, la construction de cette Step ne mettra pas fin à la menace qui pèse sur la ville tant qu’un curage systématique de tout le parcours de l’oued ne sera pas effectué et tant que la couverture ne sera pas rendue hermétique pour mettre le holà aux pratiques de rejet de déchets liquides et solides dans l’oued, et ce, tout au long de son parcours d’un itinéraire de 9 km de Miliana à Khemis Miliana auquel il faut ajouter les 3 km de travées de la ville de Khemis Miliana. «La sonnette d’alarme est tirée et les responsables ne diront pas nous ne savions pas», déclarent de nombreux citoyens qui prient pour que ce genre de catastrophe ne vienne pas frapper un jour la ville de Khemis Miliana et ses habitants qui seront aussi, auteurs coupables et victimes surtout que nous ne sommes qu’au début de l’automne, une période connue pour ses bourrasques et giboulées.
Karim O.