Des centaines de bénévoles issus des petits villages de Khenchela sont arrivés par bus, par camions, ou encore sur des tracteurs, dans leur véhicule personnel ou simplement à pied pour tenter de sauver les forets des Aures.
En effet, en plus de la présence des gardes-forestiers, gendarmes, policiers, pompiers, infirmiers, soldats, une armée de citoyens tout âge confondus sont sur le pied de guerre pour tenter d’éteindre le sinistre le plus grave que la région ait connu depuis des décennies.
D’après les témoignages recueillis par nos confrères d’El Watan, des valeureux bénévoles montent au front systématiquement tel des soldats en guerreet en reviennent épuisés, complètement recouverts de cendres et, souvent souffrant de brûlures sur tout le corps.
Les habitants de la région ont exprimé leur frustration face au manque de réactivité de l’état et a l’absence de ressources « Ce qui fait le plus mal, est que ce feu on pouvait facilement le maîtriser, mais nous n’avons pas d’électricité. Nous sommes en 2021 et on ne nous a toujours pas branchés au réseau. Pourtant, regardez, la ligne est à cent mètres, pas plus. Si on avait le courant électrique, on aurait pompé à partir de nos bassins et on aurait sauvé l’essentiel. Pas de courant électrique, nous sommes restés à regarder des années d’efforts partir en fumée. » a déploré Berrahaïl Saïd, un jeune agriculteur qui a été brûlé au visage et au bras en tentant de sauver sa production.
« Nous avons été marginalisés »
Ce dernier qualifie l’état algérien comme étant l’unique responsable « Ce que je peux vous dire, c’est que les autorités ont été absentes sur toute la ligne. La Protection civile est venue, mais sans moyens, ils ne pouvaient rien faire que regarder le feu se propager. La responsabilité, je la fais porter aux responsables à Alger. Ils n’ont jamais donné les moyens. À partir du moment où vous n’avez même pas d’électricité pour un investissement agricole de cette taille, vous comprenez à quel point nous avons été marginalisés. »
Le bénévole explique qu’il aurait fallu « tracer des pistes et diviser la forêt en parcelles. Cela n’a pas été fait. Cette forêt a déjà brûlé en 1957 durant la Révolution. » ajoute-t-il, « Il a fallu 60 à 70 ans pour qu’elle repousse. Combien de temps faudra-t-il attendre pour la voir repousser ? »
À l’heure actuelle une grande partie des foyers d’incendies ont été maîtrisés grâce à l’effort humain fourni par les habitants de la région. Habitants, qui n’ont pas hésité a exprimé leur courroux à l’encontre des ministres dépêchés sur place dans la journée d’hier, et ce, en bloquant la délégation ministérielle.