Kidnapping d’enfants, trafic d’organes et agressions sexuelles,Les nouvelles formes de la maltraitance

Kidnapping d’enfants,  trafic d’organes et agressions sexuelles,Les nouvelles formes de la maltraitance

Qu’ils soient chasseurs de fortunes ou n’ayant aucun respect pour les droits des enfants, les ennemis de l’innocence se multiplient. Le trafic des organes d’enfants, les kidnappings ainsi que les agressions sexuelles sont en tête de liste des phénomènes modernes, portant gravement atteinte à la vie des enfants.

Voir un enfant impliqué dans un réseau de mendicité, de vol ou même un «petit-homme», une cigarette à la main, qui se dit que l’école n’est pas faite pour lui, et qui investit son enfance pour subvenir à sa famille ou ses propres besoins ne sont que quelques images traditionnelles de la maltraitance des enfants. Il ne s’agit plus de pauvreté, d’un abandon ou d’une déperdition scolaire, du moment que les enfants sont devenus un objet de business lucratif. Au fur et à mesure que les années passent de nouvelles façons d’abandon et de violence surgissent en fonction des mutations de la société. En Algérie, comme partout dans le monde d’ailleurs, les enfants sont confrontés à de nouvelles formes de dangers qui guettent leur paix sociale. Ces mutations quelles qu’elles soient, socio-économiques ou culturelles ont leur retombées sur les repères sociaux de cette frange. Mais l’éducation et le comportement des enfants ne sont pas les seuls reflets de la mutation, puisque d’autres franges et éléments de la société, les adultes en l’occurrence, exploitent l’enfance dans de nouveaux contextes à des fins qui diffèrent d’une personne à l’autre et dont les résultats sont souvent dramatiques pour l’enfant.

Le trafic d’organes d’enfants et les kidnappings ainsi que les agressions sexuelles sont en tête de liste des phénomènes modernes, portant gravement atteinte à la vie des enfants. De nos jours, ce ne sont pas seulement les enfants des familles aisées qui sont ciblés, mais tout enfant peut représenter une «fortune» pour des réseaux qui versent dans le commerce d’organes ou dans le chantage enfant-rançon. Les kidnappings d’enfants particulièrement sont devenus une réalité inquiétante en Algérie.

Les chiffres des services de sécurité ne font que confirmer la dangerosité et l’ampleur que prend ce phénomène. Pour l’année 2007, le bilan des services de sécurité fait état de 375 cas d’enlèvement, soit une moyenne d’un kidnapping par jour. Des sommes d’argent colossales ont été payées par les familles des victimes. 1,2 milliard DA a été payé par les familles aux ravisseurs qui demandaient en tout 6 milliards DA de rançon. La même année, des individus ont été arrêtés par les services de sécurité alors qu’ils tentaient de faire traverser la frontière algéro-marocaine à des enfants kidnappés dans le but de vendre leurs organes à des cliniques d’Oujda. En 2008, la gendarmerie à elle seule fait état de 14 kidnappings de mineurs avec agressions sexuelles contre 108 cas enregistrés en 2007. Par ailleurs, les chiffres des services de sécurité font état de 830 enfants kidnappés entre 2001 et 2009. 90% des enlèvements s’effectuent au niveau des grandes villes. Pour l’année 2010, une bande spécialisée dans le kidnapping d’enfants active dans deux wilayas ; Boumerdès et Tizi-Ouzou, et a été démantelée par la Gendarmerie nationale. Ce réseau de mafieux a été démantelé suite au signalement du kidnappeur d’une fillette M.A., devant le domicile familial, à Dellys, Boumerdès. Les gendarmes ont procédé à l’arrestation de toute la bande mafieuse.

7000 enfants victimes d’agressions sexuelles en 2010

L’agression sexuelle des enfants est le traumatisme de trop, devenu, pourtant, monnaie courante de nos jours, d’autant qu’il s’agit d’un fléau qui fait souffrir en silence et dont les répercussions du traumatisme peuvent accompagner les victimes durant toute leur vie. En termes de chiffres, la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) révèlent que le nombre des agressions sexuelles sur enfants est de 7000 cas déjà recensés durant les 10 premiers mois de l’année 2010, dont 80 % en milieu familial. La même source indique que les enfants victimes préfèrent se taire et dénoncent rarement leurs agresseurs. Les données du Forem font état de

50 000 victimes de violence et maltraitance, exploitation sexuelle, en plus de leur insertion forcée dans des réseaux de vente de stupéfiants et de prostitution. Outre l’agression sexuelle, des milliers d’enfants continuent de subir les misères de l’abandon et de la maltraitance. Tandis que

20 000 enfants vivent dans les rues, les services de la police judiciaire indiquent que quelque 4 600 enfants ont eu recours à la police pour dénoncer des actes de violence de différentes formes du 1er janvier au 31 octobre 2010. Par ailleurs, 9 196 mineurs sont impliqués dans des délits à l’échelle nationale…Les chiffres restent peu expressifs à propos de la violence et de la maltraitance de cette frange si vulnérable et délicate.

Cette triste réalité se complique davantage en l’absence ou l’insuffisance de mécanismes de signalement de cas de violence ainsi que ceux d’accompagnement et de gestion des situations difficiles et d’urgence. L’Algérie compte en revanche un seul réseau pour la défense des droits de l’enfant (Nada) et qui met à la disposition des enfants un numéro vert «30- 33».

Par Yasmine Ayadi